Je n'ai pas de mal à imaginer les joueurs et la direction des Sénateurs déprimés par la tournure des événements.

Il leur fallait absolument gagner ce match. C'était aussi important que le septième affrontement d'une série car se retrouver avec un recul de 0-3 signifiait à toute fin pratique une inévitable élimination. Ils ont effectivement joué comme si c'était le cas, mais encore une fois, ce ne fut pas suffisant.

« Dale est un homme de grandes occasions »

Leur plan de match axé sur la robustesse et un brin d'intimidation aurait normalement dû favoriser leur retour dans la série. Toutefois, malgré l'énorme somme d'énergie déployée durant tout le match, les Sénateurs sont maintenant adossés au mur.

On a déjà vu quelques équipes remporter une série après avoir perdu les trois premières parties, mais ça ne se produira pas cette fois-ci. D'abord parce que le Canadien semble plus que jamais en contrôle de sa destinée. Ensuite parce qu'il est quasi impossible de battre à répétition un olympien médaillé d'or et un futur gagnant du trophée Vézina.

Erik Karlsson a offert une performance époustouflante. Il a patiné à un train d'enfer et il a frappé avec une telle puissance qu'il a peut-être causé une commotion cérébrale à Nathan Beaulieu. Il a été le grand leader des siens, de loin le meilleur joueur dans les deux camps. Il ne pourra pas être meilleur dans ce qui reste de cette série. Le gardien Craig Anderson a été solide en donnant à son équipe une véritable chance de gagner pendant les 69 premières minutes de la rencontre. Collectivement, les joueurs des Sénateurs ont joyeusement brassé les visiteurs en y voyant peut-être une occasion d'épuiser une petite équipe pas reconnue pour son jeu robuste.

Le Canadien n'est peut-être pas une formation costaude, mais c'est un groupe d'athlètes qui ne peut pas être intimidé. Les Sénateurs le savent maintenant et le simple fait que les visiteurs aient résisté à tous les coups (61 mises en échec contre seulement 36 par le Canadien) leur permettra peut-être de refiler un message clair à toutes les équipes impliquées dans les séries. On pourra peut-être les épuiser, mais il y a peu de chance qu'on arrive à les rendre craintifs.

Les Sénateurs, en préconisant cette stratégie, croyaient probablement qu'ils auraient leurs adversaires à l'usure. Après avoir frappé tout ce qui bougeait en première période, ils ont vu le Canadien, pour la troisième fois en autant de matchs, dominer la deuxième période. Une équipe affectée par un tel traitement ne rebondit pas au cours de l'engagement suivant en déclassant ses rivaux 18-6 sur le plan des tirs.

Battus par une meilleure équipe

On ne peut pas présumer de ce qui se passe dans la tête des joueurs de Dave Cameron à la suite de cette troisième défaite consécutive, mais s'ils ne sont pas totalement inconscients, ils doivent reconnaître qu'ils sont dominés par une meilleure équipe. Point à la ligne.

Le Canadien a représenté la deuxième puissance dans la ligue cette saison. On lui a opposé un gardien miraculeux, Andrew Hammond, qui a fait de son mieux pour garder son équipe dans la lutte, mais qui a finalement été remplacé après avoir accordé un mauvais but à Alex Galchenyuk en prolongation. Dans ce troisième match, on lui a préféré Craig Anderson, le grand héros de la victoire d'Ottawa contre Montréal en 2013 qui a d'ailleurs été l'unique série victorieuse de sa carrière. Le hasard a voulu que ce gardien, qui n'avait disputé que quatre parties depuis le 1er février, fasse lui aussi cadeau du but gagnant en prolongation, cette fois à Dale Weise.

« Il faut gagner le prochain match »

Quand on fera le bilan final de cette série, on s'attardera probablement au coup de bâton que P.K. Subban a servi à Mark Stone. Toutefois, à la lumière de tout ce qu'on a vu jusqu'ici dans la série, la blessure subie par Stone, qui l'a privé d'un temps de jeu de qualité dans le premier match, ne dit pas tout ce qui s'est passé.

Depuis qu'il a repris sa place dans la formation en dépit d'une microfracture au poignet, Stone a préparé tous les buts de son équipe. Il n'a pas donné l'impression d'un joueur ennuyé par une blessure grave hier soir alors qu'il a été l'un des attaquants les plus menaçants des siens. Il a même obtenu un très bon tir qui aurait pu faire basculer le match au début de la prolongation.

De son côté, Carey Price a fait une différence réelle dans ce match. Il n'a été battu que sur un jeu au cours duquel on l'a abandonné à lui-même quand Subban a quitté sa position pour aller se venger d'une mise en échec. Pour le reste, il a été impeccable.

Le Canadien est en mission

Pour la seconde fois en trois matchs, ce sont des joueurs marginaux qui ont assuré la victoire. Cette fois, c'est Dale Weise, dont c'était le deuxième but en carrière en prolongation, qui a tranché le débat.

Il faut reconnaître que l'intuition de Michel Therrien l'a bien servi encore une fois. Avec quatre minutes à jouer en troisième période, on s'est demandé si c'était bien utile d'utiliser un trio formé de Brandon Prust, de Torrey Mitchell et de Weise quand le Canadien avait un besoin pressant d'inscrire le but égalisateur. On a obtenu une réponse quelques secondes plus tard quand Weise a été le premier à tromper Anderson avant de répéter le même exploit un peu plus tard.

Avec des héros aussi improbables que Mitchell, Flynn et Weise, avec un Price juste assez efficace pour contenir les Sénateurs, avec le retour inattendu de Max Pacioretty et avec Devante Smith-Pelly, qui justifie finalement la raison pour laquelle on est allé  le chercher, on dirait que le scénario de cette série était écrit quelque part.

Les Sénateurs ont été courageux durant leur extraordinaire poussée en fin de calendrier et ils ont suffisamment bien joué pour remporter une victoire ou deux dans cette série, mais ils affrontent un rival qui semble en mission depuis le début de la saison. Une formation qui possède d'ailleurs un élément convaincant que Ottawa n'a pas: le meilleur gardien de la ligue. Un gardien qui, contrairement à ceux utilisés par Ottawa, n'a pas flanché quand ça comptait vraiment.