En début d'année, j'avais prédit que les explications très précises que Brendan Shanahan fournissait chaque fois qu'il sévissait à l'endroit d'un joueur allaient un jour revenir le hanter.

Je n'ai rien contre la sentence imposée à Max Pacioretty lundi soir pour son coup d'épaule à la tête de Kristopher Letang. Trois matchs à l'écart pour une mise en échec de la sorte, c'est plus que justifiable.

Ce que je m'explique mal, par contre, c'est le manque de constance dans le jugement des décideurs de la Ligue nationale depuis le début de la saison. Peut-être que je vis dans le passé, mais êtes-vous capable de m'expliquer pourquoi Ryan Malone a été blanchi pour un geste sensiblement identique à l'endroit de Chris Campoli à la fin du calendrier préparatoire? Les circonstances étaient pourtant les mêmes!

Je trouve que la Ligue nationale ne se rend pas service en compliquant son processus de prise de décision. Pacioretty a cassé le nez de Letang en le mettant en échec. Il me semble que c'est assez clair qu'il s'agit d'un coup répréhensible! Pourquoi ne pas établir un système selon lequel on imposerait une sentence fixe pour chaque première offense et pour d'éventuelles récidives? De cette façon, il me semble que tout le monde saurait à quoi s'en tenir.

En ce moment, on essaye de lire dans la tête des joueurs, de deviner leurs intentions. On observera bientôt la pupille de leurs yeux, en gros plan, pour voir si elle est dilatée au moment de l'impact. C'est exagéré, je trouve.

Avec son système actuel, la LNH a, à mon avis, créé une espèce de zone grise. Inévitablement, elle fera des mécontents et se fera accuser de gérer selon la mentalité « deux poids, deux mesures ».

Je regardais l'autre soir notre ami Sidney Crosby s'amuser devant le filet avec Nick Foligno. Le coup de coude qu'il lui a servi au visage, ce n'était pas un coup à la tête? Ça méritait peut-être une petite révision de la part de Brendan Shanahan...

Qu'est-ce que se dit James Wisniewski quand il voit qu'Andre Deveaux reçoit une suspension de trois matchs pour son coup de coude à l'endroit de Tomas Fleischmann alors que lui en a eu huit en début de saison pour avoir cogné Cal Clutterbuck?

Vous voulez éliminer les coups à la tête? Je suis totalement d'accord avec cette initiative. Mais simplifiez-vous la vie et arrêtez d'essayer de lire dans les pensées des coupables. Imposez plutôt des sanctions automatiques.

Le geste posé est-il interdit, oui ou non? Ça devrait être la seule question à se poser.

Une occasion pour Cammalleri?

Ce qu'il ne faudrait pas oublier à travers tout ce débat, c'est que le Canadien se retrouve maintenant à l'autre bout du continent pour une série de trois matchs sans l'un de ses meilleurs attaquants. Disons que l'absence de Pacioretty brise une grosse ligne d'attaque, la meilleure de l'équipe depuis le début de la saison.

Ce que ça veut dire : il faudra qu'Erik Cole en donne encore davantage et qu'on trouve quelqu'un qui va cliquer avec David Desharnais et lui. La porte est ouverte et reste maintenant à savoir si quelqu'un saura profiter de l'occasion pour améliorer son sort.

Ce qui fait le succès du trio Cole-Desharnais-Pacioretty, c'est qu'il est bien équilibré avec un bon passeur, un gars qui fonce au filet et un tireur d'élite. C'est ce dernier qu'il faut maintenant remplacer et selon moi, le candidat idéal est Michael Cammalleri. Cinq buts en 19 matchs, tout le monde sait que c'est insuffisant et un petit changement d'air pourrait l'aider à débloquer.

Et pour boucher le trou dans l'alignement, je ne veux rien savoir de mettre un septième défenseur à l'attaque. Qu'on démontre un peu de sérieux et qu'on rappelle un attaquant de Hamilton (Blunden, Schultz?) au lieu de mettre un gars à un endroit qui n'est pas sa place.

J'en ai marre de ces petites expériences qui ne fonctionnent de toute façon jamais. Tous les défenseurs qu'on a utilisés dans ce rôle, je pense notamment à Stéphane Robidas ou Mark Streit, se sont retrouvés à exceller à leur position... ailleurs! Qu'on laisse donc les défenseurs à la ligne bleue et qu'on fasse appel à un vrai attaquant comme solution de rechange.

La main de fer de Hunter, le manque d'expérience de Muller

Je ne suis pas surpris par le changement de garde qui a été effectué lundi matin à Washington. Mais qui peut dire qu'il l'est?

Pour avoir déjà eu maille à partir avec mes meilleurs joueurs pendant ma carrière d'entraîneur, je savais pertinemment que Bruce Boudreau vivait sur du temps emprunté quand il a tenté de donner une petite leçon à Alexander Ovechkin il y a quelques semaines.

Ma surprise dans ce dossier est davantage un questionnement. Je me demande comment Dale Hunter, qui a la réputation de diriger avec une main de fer, arrivera à gérer la situation avec les nombreux joueurs vedettes des Caps. Parce que pour l'avoir vu travailler souvent derrière le banc des Knights de London, je peux vous dire que Hunter dirige comme il jouait. Il n'est pas fervent des joueurs qui freinent avant d'arriver dans les coins.

Alexander Semin est un joueur frileux. Mike Green n'est pas le plus travaillant. En voilà deux qui risquent de trouver les prochains entraînements assez rigoureux. Une chose est sûre, j'ai hâte de voir s'il parviendra à inclure tout le monde dans la parade.

Restez à l'écoute, parce que ça devrait faire des flammèches par moments!

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Je suis aussi surpris par l'embauche de Kirk Muller, pour la simple et bonne raison qu'il n'a pas encore fait ses preuves dans le rôle qu'on vient de lui confier. Jusqu'ici, il a fait du bon travail... mais comme assistant!

Je ne dis pas que l'ancien adjoint de Jacques Martin ne connaîtra jamais de succès derrière un banc de la Ligue nationale, mais la situation étant ce qu'elle est en Caroline, ses premiers pas dans le métier risquent d'être assez difficiles. Même que si j'avais été à sa place, j'aurais peut-être attendu un peu, question que la bonne situation se présente, avant de faire le saut.

Vous me direz que si on ne saute pas dans le train la première fois, il risque de ne pas repasser. Je sais, mais j'ai quand même mes doutes sur sa décision et celle des Hurricanes.

Je comprends le courant de sympathie dont Muller est l'objet parmi les amateurs montréalais, mais personne, présentement, ne va me convaincre qu'il s'agit d'un coup de génie de la part de la direction des Hurricanes.

Comme Thomas, je le croirai lorsque je le verrai!

*Propos recueillis par Nicolas Landry