Tout s'est joué contre les Américains
Hockey mardi, 6 janv. 2009. 23:59 vendredi, 13 déc. 2024. 19:44
Après des victoires arrachées de justesse aux États-Unis et à la Russie, Équipe Canada junior a complété un parcours parfait lundi soir en défaisant la Suède avec relativement de facilité, mettant ainsi la main sur une cinquième médaille d'or consécutive.
La meilleure équipe a-t-elle remporté le Championnat mondial de hockey junior 2009? Force est d'admettre que oui, même s'il s'en trouvera pour dire que le Canada a eu un chemin plus facile que d'autres en ronde préliminaire avec des rendez-vous contre l'Allemagne et le Kazakhstan. D'ailleurs, les médaillés d'argent ainsi que les deux finalistes pour la médaille de bronze étaient issus du groupe B, dont ne faisait pas partie le Canada.
Pour le Canada, tout s'est joué dans la première période du match contre les Américains. Nos représentants rencontraient leur première opposition sérieuse du tournoi et quand ils ont accordé les trois premiers buts du match, on s'est tous dit "Wow! C'est comme ça qu'ils répondent!?"
Tout aurait pu s'effondrer à ce moment et qui sait, peut-être se serait-on retrouvé orphelin de médaille. Mais vous le savez, au Canada, on ne pense à rien d'autre qu'à l'or. C'est une pression incroyable qui repose sur les épaules des joueurs, mais l'avantage, c'est que ceux-ci ne sont concentrés sur rien d'autre que ça et n'abandonnent pas tant que le but est à leur portée. Il faut dire aussi que l'indiscipline des Américains n'a pas nui...
En bout de ligne, Hockey Canada peut se féliciter de pouvoir compter sur autant de joueurs talentueux. On parle ici d'une grosse machine qui met tout en œuvre pour que ça fonctionne à sa façon. Ce n'est pas mêlant : quand on sait que huit jeunes auraient pu participer au tournoi s'ils n'avaient pas été dans la Ligue nationale et qu'un autre, Dana Tyrell, a dû abdiquer en raison d'une blessure, on peut croire que le Canada aurait été capable de placer deux équipes sur le podium.
Mes coups de coeur
Dans un tournoi de courte durée comme celui du Championnat mondial de hockey junior, tes meilleurs joueurs doivent, comme le dit le cliché, être tes meilleurs si tu veux connaître du succès. On savait tous ce que John Tavares était capable d'apporter, mais j'ai adoré la contribution de Cody Hodgson et Jordan Eberle.
J'avais eu un bon avant-goût de ce que Hodgson avait dans le ventre lors du Mondial des moins de 18 ans l'année dernière, quand il avait été le meilleur attaquant de la troupe alors dirigée par Pat Quinn. Pour moi, Hodgson est un petit Steve Yzerman. Il patine, trouve toujours les bonnes options de passes, bataille pour la rondelle et gagne les mises en jeu importantes.
Eberle, lui, m'a hypnotisé avec ses mains sublimes. Quel plaisir j'ai eu à le voir aller dans les entraînements! Il est effrayant...
Lors de la finale contre la Suède, j'ai été impressionné par le travail des deux tours jumelles à la ligne bleue, Keith Aulie et Tyler Myers. Ils ont su se servir de leur gabarit et ont bloqué de nombreux lancers. J'irais même jusqu'à dire que dans le match ultime, Myers a été meilleur que Victor Hedman. Il n'est certainement pas aussi talentueux offensivement, mais reste qu'il a été une belle révélation pour moi.
Et un petit mot sur Angelo Esposito, qui a trouvé le moyen d'élever son jeu d'un cran plus le tournoi avançait. Il a marqué deux GROS buts dans les deux derniers matchs et s'est même permis de s'impliquer physiquement.
Les seuls joueurs qui, sans dire qu'ils m'ont déçu, m'ont laissé froid, c'est Brett Sonne, Jamie Benn et Stefan Della Rovere. En fait, Della Rovere m'a particulièrement irrité à plus d'une reprise et si Pat Quinn n'avait pas déjà les cheveux blancs, il lui aurait sûrement fait pousser quelques poils gris sur le coco.
Della Rovere a mis son équipe dans le pétrin plus souvent qu'autrement dans les trois derniers matchs du tournoi. En finale, si les Suédois avaient pu faire débloquer leur jeu de puissance, le match aurait pu virer au vinaigre pour le Canada! C'est le genre de chose que les entraîneurs répètent sans arrêt : vous pouvez être fougueux, mais évitez le banc des punitions!
Della Rovere n'a pas compris le message et je suis pas mal certain qu'il aurait réchauffé le banc si son nom avait été Guillaume Latendresse!
Encan 2009 : la question ne se pose même pas
Avant le début du tournoi, on parlait beaucoup du face-à-face tant attendu entre Tavares et Hedman, les deux plus beaux espoirs en vue du prochain repêchage de la LNH. Qui allait se démarquer? Lequel allait s'attirer la faveur des recruteurs?
Personnellement, j'avais une opinion bien arrêtée avant que la compétition ne commence et deux semaines plus tard, après avoir vu les deux jouer et s'entraîner, elle n'a pas changé : je prends Tavares sans même hésiter.
Je ne dis pas que Hedman ne fera pas un bon joueur professionnel, mais à Ottawa, Tavares a vraiment fait la différence pour son club. On ne peut même pas comparer l'impact que les deux joueurs ont eu sur leur équipe respective.
Certains comparent déjà Hedman à Jay Bouwmeester, d'autres à Chris Pronger. Je peux être d'accord avec la première association, mais jamais avec la deuxième. À mon avis, Pronger a la couenne pas mal plus dure que Hedman ne l'aura jamais.
Une pensée pour Boucher
Les rumeurs qui envoient soudainement Pat Quinn remplacer Craig Hartsburg à la barre des Sénateurs d'Ottawa me font bien rire. Après tout, Hartsburg n'a-t-il pas lui-même mené le Canada à deux conquêtes consécutives de la médaille d'or aux côtés de Curtis Hunt, l'adjoint qu'il a amené avec lui dans la capitale fédérale?
Je n'enlève rien à Pat Quinn, qui a fait le travail qu'on lui a demandé de faire avec ÉCJ, mais plutôt que de me soucier de ce que l'avenir lui réserve, j'aimerais formuler un souhait. Si jamais il se retrouve dans une équipe de la LNH un jour, j'ose espérer qu'il trouvera une petite place pour Guy Boucher, qui a fait tout un boulot à ses côtés pour la formation canadienne.
Boucher est celui qui était responsable du jeu de puissance avec ÉCJ, une unité qui a montré un taux d'efficacité supérieur à 50%. Ses joueurs n'ont eu que de bons mots à son sujet tout au long du tournoi.
J'espère vraiment que Boucher recevra un coup de fil de Quinn si jamais on le revoit dans la grande ligue. Les Québécois ne sont jamais très bons pour se donner des chances entre eux. Ce serait plaisant de voir un gars de l'Ontario ouvrir une porte à un gars de chez nous.
*Propos recueillis par Nicolas Landry.
La meilleure équipe a-t-elle remporté le Championnat mondial de hockey junior 2009? Force est d'admettre que oui, même s'il s'en trouvera pour dire que le Canada a eu un chemin plus facile que d'autres en ronde préliminaire avec des rendez-vous contre l'Allemagne et le Kazakhstan. D'ailleurs, les médaillés d'argent ainsi que les deux finalistes pour la médaille de bronze étaient issus du groupe B, dont ne faisait pas partie le Canada.
Pour le Canada, tout s'est joué dans la première période du match contre les Américains. Nos représentants rencontraient leur première opposition sérieuse du tournoi et quand ils ont accordé les trois premiers buts du match, on s'est tous dit "Wow! C'est comme ça qu'ils répondent!?"
Tout aurait pu s'effondrer à ce moment et qui sait, peut-être se serait-on retrouvé orphelin de médaille. Mais vous le savez, au Canada, on ne pense à rien d'autre qu'à l'or. C'est une pression incroyable qui repose sur les épaules des joueurs, mais l'avantage, c'est que ceux-ci ne sont concentrés sur rien d'autre que ça et n'abandonnent pas tant que le but est à leur portée. Il faut dire aussi que l'indiscipline des Américains n'a pas nui...
En bout de ligne, Hockey Canada peut se féliciter de pouvoir compter sur autant de joueurs talentueux. On parle ici d'une grosse machine qui met tout en œuvre pour que ça fonctionne à sa façon. Ce n'est pas mêlant : quand on sait que huit jeunes auraient pu participer au tournoi s'ils n'avaient pas été dans la Ligue nationale et qu'un autre, Dana Tyrell, a dû abdiquer en raison d'une blessure, on peut croire que le Canada aurait été capable de placer deux équipes sur le podium.
Mes coups de coeur
Dans un tournoi de courte durée comme celui du Championnat mondial de hockey junior, tes meilleurs joueurs doivent, comme le dit le cliché, être tes meilleurs si tu veux connaître du succès. On savait tous ce que John Tavares était capable d'apporter, mais j'ai adoré la contribution de Cody Hodgson et Jordan Eberle.
J'avais eu un bon avant-goût de ce que Hodgson avait dans le ventre lors du Mondial des moins de 18 ans l'année dernière, quand il avait été le meilleur attaquant de la troupe alors dirigée par Pat Quinn. Pour moi, Hodgson est un petit Steve Yzerman. Il patine, trouve toujours les bonnes options de passes, bataille pour la rondelle et gagne les mises en jeu importantes.
Eberle, lui, m'a hypnotisé avec ses mains sublimes. Quel plaisir j'ai eu à le voir aller dans les entraînements! Il est effrayant...
Lors de la finale contre la Suède, j'ai été impressionné par le travail des deux tours jumelles à la ligne bleue, Keith Aulie et Tyler Myers. Ils ont su se servir de leur gabarit et ont bloqué de nombreux lancers. J'irais même jusqu'à dire que dans le match ultime, Myers a été meilleur que Victor Hedman. Il n'est certainement pas aussi talentueux offensivement, mais reste qu'il a été une belle révélation pour moi.
Et un petit mot sur Angelo Esposito, qui a trouvé le moyen d'élever son jeu d'un cran plus le tournoi avançait. Il a marqué deux GROS buts dans les deux derniers matchs et s'est même permis de s'impliquer physiquement.
Les seuls joueurs qui, sans dire qu'ils m'ont déçu, m'ont laissé froid, c'est Brett Sonne, Jamie Benn et Stefan Della Rovere. En fait, Della Rovere m'a particulièrement irrité à plus d'une reprise et si Pat Quinn n'avait pas déjà les cheveux blancs, il lui aurait sûrement fait pousser quelques poils gris sur le coco.
Della Rovere a mis son équipe dans le pétrin plus souvent qu'autrement dans les trois derniers matchs du tournoi. En finale, si les Suédois avaient pu faire débloquer leur jeu de puissance, le match aurait pu virer au vinaigre pour le Canada! C'est le genre de chose que les entraîneurs répètent sans arrêt : vous pouvez être fougueux, mais évitez le banc des punitions!
Della Rovere n'a pas compris le message et je suis pas mal certain qu'il aurait réchauffé le banc si son nom avait été Guillaume Latendresse!
Encan 2009 : la question ne se pose même pas
Avant le début du tournoi, on parlait beaucoup du face-à-face tant attendu entre Tavares et Hedman, les deux plus beaux espoirs en vue du prochain repêchage de la LNH. Qui allait se démarquer? Lequel allait s'attirer la faveur des recruteurs?
Personnellement, j'avais une opinion bien arrêtée avant que la compétition ne commence et deux semaines plus tard, après avoir vu les deux jouer et s'entraîner, elle n'a pas changé : je prends Tavares sans même hésiter.
Je ne dis pas que Hedman ne fera pas un bon joueur professionnel, mais à Ottawa, Tavares a vraiment fait la différence pour son club. On ne peut même pas comparer l'impact que les deux joueurs ont eu sur leur équipe respective.
Certains comparent déjà Hedman à Jay Bouwmeester, d'autres à Chris Pronger. Je peux être d'accord avec la première association, mais jamais avec la deuxième. À mon avis, Pronger a la couenne pas mal plus dure que Hedman ne l'aura jamais.
Une pensée pour Boucher
Les rumeurs qui envoient soudainement Pat Quinn remplacer Craig Hartsburg à la barre des Sénateurs d'Ottawa me font bien rire. Après tout, Hartsburg n'a-t-il pas lui-même mené le Canada à deux conquêtes consécutives de la médaille d'or aux côtés de Curtis Hunt, l'adjoint qu'il a amené avec lui dans la capitale fédérale?
Je n'enlève rien à Pat Quinn, qui a fait le travail qu'on lui a demandé de faire avec ÉCJ, mais plutôt que de me soucier de ce que l'avenir lui réserve, j'aimerais formuler un souhait. Si jamais il se retrouve dans une équipe de la LNH un jour, j'ose espérer qu'il trouvera une petite place pour Guy Boucher, qui a fait tout un boulot à ses côtés pour la formation canadienne.
Boucher est celui qui était responsable du jeu de puissance avec ÉCJ, une unité qui a montré un taux d'efficacité supérieur à 50%. Ses joueurs n'ont eu que de bons mots à son sujet tout au long du tournoi.
J'espère vraiment que Boucher recevra un coup de fil de Quinn si jamais on le revoit dans la grande ligue. Les Québécois ne sont jamais très bons pour se donner des chances entre eux. Ce serait plaisant de voir un gars de l'Ontario ouvrir une porte à un gars de chez nous.
*Propos recueillis par Nicolas Landry.