Une tragédie qui touche tout le monde
Hockey mercredi, 7 sept. 2011. 18:16 jeudi, 12 déc. 2024. 08:41
Bonjour, chers internautes, c'est avec plaisir que je me joins à l'équipe du RDS.ca. Malheureusement, actualité oblige, ma première chronique traite de la tragédie qui a décimé l'équipe de hockey du Lokomotiv de Yaroslavl en KHL et qui bouleverse tout le monde du hockey.
Parmi les victimes, je ne connaissais que l'entraîneur Brad McCrimmon. Quant aux joueurs, je n'ai joué avec aucun d'entre eux et je ne les connaissais pas personnellement. J'en ai toutefois fréquenté quelques-uns lors des rencontres de l'Association des joueurs.
McCrimmon était entraîneur adjoint à Greg Gilbert avec les Flames de Calgary à mes débuts. Il était très bon avec les jeunes. Il avait aidé à mon développement et à ceux de Robyn Regehr et Derek Morris. C'était plaisant d'être avec lui parce qu'il avait un grand sens de l'humour. On l'a beaucoup apprécié chez les Flames.
Même si je suis à la retraite depuis deux ans, je peux vous dire que ça fait mal même si je n'ai pas joué avec les gars qui sont décédés. J'ai aussi été affecté par la mort de mon ancien coéquipier Wade Belak, qui est décédé la semaine dernière. C'est une tragédie qui touche tout le monde du hockey. Tout le monde se sent un peu concerné. À l'entraînement des Voltigeurs de Drummondville, où je suis adjoint à l'entraîneur, on en jasait beaucoup.
Le hockey est un petit monde et même si ce n'est pas la même ligue que nous, même si les gens ne se connaissaient pas, il existe une fraternité entre gars de hockey. On se rend compte que ça peut arriver à n'importe qui. Chez les juniors, un accident d'autobus peut se produire alors que dans la LNH, un accident d'avion peut se produire.
Quand un joueur de hockey vieillit, la possibilité d'être impliqué dans un accident d'avion vous traverse l'esprit plus souvent. Quand j'étais plus jeune, j'aimais prendre l'avion et avoir un siège en première classe. J'étais jeune, sans enfant alors je ne pensais pas à ce qui pouvait se passer. Quand tu as une famille et que tu approches la trentaine, tu y penses un peu plus. Dans le fond, on voit les choses de façon différente et on est plus conscient du danger.
En onze ans de carrière dans la LNH et 13 ans de carrière chez les professionnels, j'ai expérimenté les voyages dans plein d'avions, des gros comme des petits. Des fois, c'était la turbulence, d'autres fois, on avait l'impression que l'appareil planait sur le côté. Dans les dernières saisons de ma carrière, je vais vous avouer que je tenais mon siège plus serré que d'habitude lors des turbulences.
J'ai déjà vécu des atterrissages d'urgence dans la LAH alors qu'on voyageait avec des avions plus petits. Quand on faisait route vers Saint John à Terre-Neuve, il y avait souvent une tempête quand on s'y rendait et le temps n'était pas beau. Le voyage n'était pas agréable. Je me souviens d'une occasion où les gars vomissaient dans les petits sacs tellement ça brassait. C'est arrivé aussi où l'avion rebondissait sur la piste lors de l'atterrissage. Ça donnait des hauts le coeur, mais je me considère chanceux, car dans le fond, ça n'a pas été si pire.
La Russie n'est pas le premier choix
L'accident de mercredi pourrait inciter des joueurs à ne pas se diriger vers la Russie pour poursuivre leur carrière. J'ai connu des joueurs qui ont eu le choix d'aller jouer en Russie ou en Europe. La Russie n'était pas leur premier choix, je peux vous le dire.
C'est connu chez les joueurs qu'il n'y a rien de très exotique d'aller jouer en KHL. Il y a peut-être deux ou trois villes comme Moscou ou Saint Petersburg par exemple qui sont intéressantes. Mais ce n'est pas nécessairement très invitant de se retrouver dans une ville de Sibérie. En plus comme joueur, tu sais que la mafia n'est jamais très loin. Les conditions de transport vont peut-être aussi entrer en ligne de compte et je suis persuadé qu'à moyen terme, ça va avoir un effet.
Sidney Crosby : patience
Une commotion cérébrale, ce n'est pas comme subir une opération à une épaule, on ne peut pas déterminer de date pour le moins précise d'un retour. Une commotion, ça peut être très long, car chaque blessure est différente.
J'ai subi plusieurs commotions au cours de ma carrière où le lendemain, j'étais de retour au jeu parce que je n'avais aucun mal de tête, aucun étourdissement et ni de vision trouble. Mais, ça varie d'un joueur à l'autre. Mon ancien coéquipier à Calgary, Brad Werenka est resté enfermé dans son sous-sol pendant un an sans être capable d'endurer la lumière et d'entendre ses enfants. Alors, il n'y a pas une situation pareille. Ça veut donc dire qu'il faut prendre tout le temps qu'il faut pour guérir.
S'il doit rater toute la saison, c'est parce que ce sera nécessaire. Ce serait atroce pour la ligue, qui a besoin de lui comme ambassadeur, mais il faut penser à long terme avec Crosby. Il lui reste une dizaine d'années devant lui et il ne faut pas hypothéquer son talent en le ramenant trop tôt. Je pense qu'avec son immense talent, il sera capable de reprendre sa place parmi les meilleurs même s'il est absent durant une longue période.
Je ne peux pas me prononcer à savoir si les Penguins de Pittsburgh auraient dû empêcher Crosby de jouer le 5 janvier, quatre jours après avoir été frappé à la tête lors de la Classique hivernale face aux Capitals de Washington. Je ne suis pas médecin et je ne sais pas ce que Crosby a dit à son équipe après la partie du premier janvier. Je ne sais pas s'il a dit la vérité sur son état. On peut blâmer les médecins, mais jusqu'à un certain point. Si le joueur a dit le lendemain qu'il se sent bien, il a aussi sa part de responsabilité.
Une commotion, ce n'est pas comme subir une fracture à un bras et où on peut facilement diagnostiquer la blessure. Quand un joueur est frappé à la tête et qu'il déclare qu'il se sent bien, il faut aussi lui faire confiance. C'est pourquoi il faut continuer à éduquer les joueurs sur l'importance de dire la vérité parce qu'à long terme, ça peut être grave.
Je pense que les Penguins seront capables de vivre avec la situation. Ils ont déjà fait face à l'adversité, eux qui sont déjà parvenus à se débrouiller durant deux longues périodes sans Evgeni Malkin. C'est évident que ce ne sera pas la même équipe sans Crosby. On ne peut d'ailleurs pas s'attendre à ce que les Penguins soient parmi les favoris pour gagner la coupe si Crosby n'y est pas.
C'est une équipe qui a un très bon étique de travail avec de bons jeunes. L'équipe est en transformation avec la perte de Crosby et avec le départ de Maxime Talbot, qui était un peu l'âme de cette formation.
*propos recueillis par Robert Latendresse
Parmi les victimes, je ne connaissais que l'entraîneur Brad McCrimmon. Quant aux joueurs, je n'ai joué avec aucun d'entre eux et je ne les connaissais pas personnellement. J'en ai toutefois fréquenté quelques-uns lors des rencontres de l'Association des joueurs.
McCrimmon était entraîneur adjoint à Greg Gilbert avec les Flames de Calgary à mes débuts. Il était très bon avec les jeunes. Il avait aidé à mon développement et à ceux de Robyn Regehr et Derek Morris. C'était plaisant d'être avec lui parce qu'il avait un grand sens de l'humour. On l'a beaucoup apprécié chez les Flames.
Même si je suis à la retraite depuis deux ans, je peux vous dire que ça fait mal même si je n'ai pas joué avec les gars qui sont décédés. J'ai aussi été affecté par la mort de mon ancien coéquipier Wade Belak, qui est décédé la semaine dernière. C'est une tragédie qui touche tout le monde du hockey. Tout le monde se sent un peu concerné. À l'entraînement des Voltigeurs de Drummondville, où je suis adjoint à l'entraîneur, on en jasait beaucoup.
Le hockey est un petit monde et même si ce n'est pas la même ligue que nous, même si les gens ne se connaissaient pas, il existe une fraternité entre gars de hockey. On se rend compte que ça peut arriver à n'importe qui. Chez les juniors, un accident d'autobus peut se produire alors que dans la LNH, un accident d'avion peut se produire.
Quand un joueur de hockey vieillit, la possibilité d'être impliqué dans un accident d'avion vous traverse l'esprit plus souvent. Quand j'étais plus jeune, j'aimais prendre l'avion et avoir un siège en première classe. J'étais jeune, sans enfant alors je ne pensais pas à ce qui pouvait se passer. Quand tu as une famille et que tu approches la trentaine, tu y penses un peu plus. Dans le fond, on voit les choses de façon différente et on est plus conscient du danger.
En onze ans de carrière dans la LNH et 13 ans de carrière chez les professionnels, j'ai expérimenté les voyages dans plein d'avions, des gros comme des petits. Des fois, c'était la turbulence, d'autres fois, on avait l'impression que l'appareil planait sur le côté. Dans les dernières saisons de ma carrière, je vais vous avouer que je tenais mon siège plus serré que d'habitude lors des turbulences.
J'ai déjà vécu des atterrissages d'urgence dans la LAH alors qu'on voyageait avec des avions plus petits. Quand on faisait route vers Saint John à Terre-Neuve, il y avait souvent une tempête quand on s'y rendait et le temps n'était pas beau. Le voyage n'était pas agréable. Je me souviens d'une occasion où les gars vomissaient dans les petits sacs tellement ça brassait. C'est arrivé aussi où l'avion rebondissait sur la piste lors de l'atterrissage. Ça donnait des hauts le coeur, mais je me considère chanceux, car dans le fond, ça n'a pas été si pire.
La Russie n'est pas le premier choix
L'accident de mercredi pourrait inciter des joueurs à ne pas se diriger vers la Russie pour poursuivre leur carrière. J'ai connu des joueurs qui ont eu le choix d'aller jouer en Russie ou en Europe. La Russie n'était pas leur premier choix, je peux vous le dire.
C'est connu chez les joueurs qu'il n'y a rien de très exotique d'aller jouer en KHL. Il y a peut-être deux ou trois villes comme Moscou ou Saint Petersburg par exemple qui sont intéressantes. Mais ce n'est pas nécessairement très invitant de se retrouver dans une ville de Sibérie. En plus comme joueur, tu sais que la mafia n'est jamais très loin. Les conditions de transport vont peut-être aussi entrer en ligne de compte et je suis persuadé qu'à moyen terme, ça va avoir un effet.
Sidney Crosby : patience
Une commotion cérébrale, ce n'est pas comme subir une opération à une épaule, on ne peut pas déterminer de date pour le moins précise d'un retour. Une commotion, ça peut être très long, car chaque blessure est différente.
J'ai subi plusieurs commotions au cours de ma carrière où le lendemain, j'étais de retour au jeu parce que je n'avais aucun mal de tête, aucun étourdissement et ni de vision trouble. Mais, ça varie d'un joueur à l'autre. Mon ancien coéquipier à Calgary, Brad Werenka est resté enfermé dans son sous-sol pendant un an sans être capable d'endurer la lumière et d'entendre ses enfants. Alors, il n'y a pas une situation pareille. Ça veut donc dire qu'il faut prendre tout le temps qu'il faut pour guérir.
S'il doit rater toute la saison, c'est parce que ce sera nécessaire. Ce serait atroce pour la ligue, qui a besoin de lui comme ambassadeur, mais il faut penser à long terme avec Crosby. Il lui reste une dizaine d'années devant lui et il ne faut pas hypothéquer son talent en le ramenant trop tôt. Je pense qu'avec son immense talent, il sera capable de reprendre sa place parmi les meilleurs même s'il est absent durant une longue période.
Je ne peux pas me prononcer à savoir si les Penguins de Pittsburgh auraient dû empêcher Crosby de jouer le 5 janvier, quatre jours après avoir été frappé à la tête lors de la Classique hivernale face aux Capitals de Washington. Je ne suis pas médecin et je ne sais pas ce que Crosby a dit à son équipe après la partie du premier janvier. Je ne sais pas s'il a dit la vérité sur son état. On peut blâmer les médecins, mais jusqu'à un certain point. Si le joueur a dit le lendemain qu'il se sent bien, il a aussi sa part de responsabilité.
Une commotion, ce n'est pas comme subir une fracture à un bras et où on peut facilement diagnostiquer la blessure. Quand un joueur est frappé à la tête et qu'il déclare qu'il se sent bien, il faut aussi lui faire confiance. C'est pourquoi il faut continuer à éduquer les joueurs sur l'importance de dire la vérité parce qu'à long terme, ça peut être grave.
Je pense que les Penguins seront capables de vivre avec la situation. Ils ont déjà fait face à l'adversité, eux qui sont déjà parvenus à se débrouiller durant deux longues périodes sans Evgeni Malkin. C'est évident que ce ne sera pas la même équipe sans Crosby. On ne peut d'ailleurs pas s'attendre à ce que les Penguins soient parmi les favoris pour gagner la coupe si Crosby n'y est pas.
C'est une équipe qui a un très bon étique de travail avec de bons jeunes. L'équipe est en transformation avec la perte de Crosby et avec le départ de Maxime Talbot, qui était un peu l'âme de cette formation.
*propos recueillis par Robert Latendresse