Êtes-vous tannés d'entendre parler de la main de Thierry Henry? Personnellement, j'en ai vraiment ras le pompon. Et j'utilise cette expression douteuse (que tout Québécois sensé n'utilise JAMAIS) seulement pour ne pas tomber dans plus vulgaire. Le problème, c'est que, je, nous n'avons pas fini d'en entendre parler.

Le tirage est fait. On connaît maintenant la composition des groupes pour le grand show. La Coupe du monde, mes amis! L'Afrique du Sud va vibrer à partir du 11 juin prochain! Et de quoi parlera-t-on à CHAQUE match de la France? La main. La maudite main.

C'est malheureux. Henry a même été traité de tricheur dans certains médias en Europe. Pourtant, je ne vois pas comment le mot tricherie puisse être utilisé alors que c'est un bête réflexe qui fait en sorte que sa main accroche le ballon. Un réflexe. Ça se passe si vite que le cerveau n'a pas le temps de prendre une décision, et PAF!, une main sur le ballon. L'arbitre ne voit pas le geste, William Gallas met le ballon dans le but et les Bleus se qualifient pour la Coupe du monde. Peut-on reprocher à Henry de ne pas être allé voir l'arbitre pour lui dire « Euh, scusez-moi m'sieur. J'ai touché la baballe avec ma mé-main. Faudrait refuser le but ». Et quoi encore? Le gars se serait fait tirer dessus par le public français! Peu importe sa réaction, il était perdant. Et son pays, maintenant, en est sorti gagnant.

La France se retrouve donc dans le groupe A. Affaire classée. Les Bleus, l'Afrique du Sud, le Mexique et l'Uruguay. Pas le plus difficile des groupes. Mais est-ce que le chemin sera aussi sinueux que celui des qualifications pour la France? Et surtout, est-ce que la France aura encore besoin d'un coup de main?

La main d'Henry ramène à l'avant-plan la façon qu'a la FIFA de gérer son sport. Pourquoi, en 2009, le soccer n'utilise-t-il pas encore la reprise vidéo? Pourquoi aucun support technologique n'a-t-il été mis en place pour s'assurer que les erreurs ne soient pas possibles? Le progrès est là pour nous aider après tout! Même ma grand-mère, après une certaine réticence, a compris l'utilité du magnétoscope et elle ne s'en passerait plus aujourd'hui. Avoir accès à quelque chose qu'on a manqué, de nos jours, c'est la base.

Or, ces dernières années, les scandales de tricherie commencent à se pointer le bout du nez. On a connu celui survenu en Italie, en 2006, impliquant de grandes équipes comme AC Milan, Juventus, Fiorentina et Lazio. Plus récemment, trois matchs qui se sont déroulés en Allemagne sont maintenant sous enquête, des matchs qui menaient aux qualifications pour la ligue des champions UEFA.

Un journaliste a été si intrigué par des résultats aux allures étranges qu'il a décidé de mener sa propre enquête. Declan Hill, un Canadien qui vit maintenant en Angleterre, s'est infiltré dans le puissant monde du gambling asiatique. Pendant quatre ans, il a interviewé plus de 200 personnes, des parieurs aux membres de la mafia, en passant par des agents doubles, joueurs de soccer de niveau international, arbitres et officiels. Son constat est frappant : les matchs arrangés, en plus d'exister, sont beaucoup trop fréquents. Il en fait la démonstration dans son livre « The Fix ». Même certains matchs de la dernière Coupe du Monde auraient été truqués. Plus souvent qu'autrement, ce n'est pas le vainqueur du match qui est arrangé d'avance, mais l'écart de buts par lequel se terminera la rencontre. L'exemple le plus frappant rapporté par l'auteur survient au Mondial 2006. Huit membres de l'équipe nationale du Ghana se seraient vus remettre 30 000 dollars chacun afin qu'ils s'assurent que leur équipe allait perdre par des écarts bien précis contre l'Italie et le Brésil. Les matchs se sont déroulés comme prévu avec des défaites de 2-0 et 3-0. C'est la Coupe du Monde, je vous le rappelle!

« The Fix » a évidemment attiré la curiosité à sa parution l'an dernier. Si la grande majorité des dirigeants et grands penseurs du foot mondial ont accordé peu d'importance à l'ouvrage, au moins un homme au rôle important s'est penché sur le dossier : Michel Platini, président de l'UEFA. Depuis, Platini a rencontré l'auteur, annoncé la création d'un « comité d'intégrité » et demandé l'expertise de Hill pour contrer les organisations en charge des matchs truqués.

La situation progresse, donc. Sans doute. Mais je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi la FIFA refuse l'aide de la technologie, que ce soit par le billet de la reprise vidéo ou autre, pour s'assurer un meilleur contrôle sur son sport, sur les résultats de ses matchs. En laissant le pouvoir entier aux officiels, la FIFA s'expose aux erreurs des arbitres, aux mains manquées, aux penaltys fantômes, aux matchs truqués. Et elle ne fait RIEN.

Mais pourquoi?! Est-ce vraiment au nom de la tradition? Ou est-ce que quelqu'un s'en met plein les poches?

Finalement, quelle main fait le plus ombrage au foot? Il y a eu celle de Maradona. Maintenant, c'est celle d'Henry. Un jour, on découvrira peut-être que la main la plus tricheuse n'est pas sur le terrain.