Le soccer est le sport le plus pratiqué sur la planète. Même chose au Canada et au Québec. Pourtant, les Canadiens ont beaucoup de difficulté à se tailler un poste dans les compétitions de haut niveau.

Quelques jours après la conclusion du Mondial 2010, le Canada figure au 100e rang du classement de la FIFA. Il s'agit du troisième pire classement de l'histoire du Canada et le pays n'a participé à la Coupe du monde qu'une seule fois (1986).

Le soccer est un sport en pleine croissance en Amérique du Nord. Plus de 800 mille joueurs pratiquent ce sport au Canada, dont 200 000 au Québec seulement.

Pourtant, les résultats tardent à venir sur la scène internationale et plusieurs experts croient qu'il faut changer de mentalité.

« Le problème, c'est qu'il faudrait peut-être faire sortir le soccer d'un esprit récréatif et l'amener à un niveau un peu plus compétitif », affirme la directrice générale de la Fédération de soccer du Québec, Brigitte Frot.

« Comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas avec une approche récréative que l'on va former des joueurs pour la Coupe du monde », décrie Richard Legendre, vice-président de l'Impact de Montréal.

« Il faut sortir de la structure bénévole, soutient Claudine Douville qui décrit les matchs de soccer à RDS. C'est ce que nous avons chez les jeunes mais nous l'avons depuis trop longtemps. »

« Le monde du soccer évolue à rythme trop rapide pour ce que nous sommes capables de fournir comme services », indique John Limniatis qui a porté les couleurs de l'équipe canadienne entre 1987 et 1997.

Depuis quelques années au Québec, les terrains de baseball ont été délaissés au profit des terrains de soccer. Pourtant, l'élite du baseball semble s'être développée plus rapidement. Il faut croire que les ingrédients de la recette gagnante restent à travailler.

« Il manque de bonnes compétitions au niveau amateur, rappelle le directeur technique de l'Impact, Nick De Santis. Les jeunes joueurs de moins de 16 ans devraient évoluer dans de meilleures conditions. »

« Les entraîneurs doivent apprendre à développer leur intérêt et leurs qualités, tant chez les jeunes que les professionnels », affirme l'analyste de soccer Jean Gounelle.

« Aujourd'hui, nous avons presque 200 équipes dans le soccer élite, ce qui nous a permis d'agrandir notre potentiel et c'est un pas dans la bonne direction, poursuit Mme Brot. Ce qu'il reste à faire, c'est au niveau national où une équipe doit se former et espérer se qualifier pour une Coupe du monde. »

Peu importe le degré des investissements gouvernementaux ou le niveau de compétition, une chose demeure, la patience est de mise.

« Si rien ne progresse d'ici une ou deux années, nous avons tendance à abandonner, reconnaît l'entraîneur-chef de l'Impact, Marc Dos Santos. Il faut savoir que les plans sont d'une durée de cinq ou dix ans. »

« Ce n'est pas en quelques mois que nous allons développer des joueurs. Mais d'ici quatre ou cinq ans, je crois que c'est possible », indique avec optimisme M. Legendre.

« Il y a 12 ans, le soccer a dépassé le hockey en terme de participation. À l'époque, on espérait les développer mais nous n'avons pas su les garder », fait remarquer le rédacteur en chef de Québec Soccer, Matthias Van Halst.

« Il y a déjà une génération de sacrifiée et il faut donc préparer la prochaine. Pour le soccer au Canada, il faut davantage penser à long terme plutôt qu'à court terme », conclut Mme Brot.

* D'après un reportage de Patrick Friolet