L’heure est au débat, mais pas nécessairement celui auquel vous pensez. Les meilleures célébrations de but à FIFA 17 - ou encore les pires -; la véritable façon de faire son « dab »; le dernier filtre en date de Snapchat… Voilà les sujets abordés par les joueurs de la sélection canadienne de la Coupe Danone des Nations. La discussion, fort animée, se déroule à bord de la « minivan » ramenant les jeunes de 12 ans après le dernier match préparatoire du groupe. Il y a de l’électricité dans l’air. Étrangement, personne ne parle du vol du lendemain à destination de Paris - site de la finale internationale cette année. On a beau avoir 12 ans, on sait déjà gérer son niveau de stress.

Mettons tout de suite les choses au clair. Si je suis au volant de la fourgonnette effectuant la navette entre hôtel et terrain avec les 12 joueurs, c’est parce que je suis entraîneur adjoint de l’équipe qui représentera le Canada à l’édition 2016 d’un tournoi qui se décrit comme le plus grand au monde pour les enfants de 10 à 12 ans.

« Alors, qui gagne un combat entre Spiderman ou Batman? » lance Abdul, le milieu de terrain de l’Académie du Toronto FC qui s’y connaît drôlement bien dans les affrontements de superhéros. Son voisin Taehyeon, un autre milieu de terrain issu du Sport-études du Collège Français de Longueuil, ne semble pas vouloir se creuser les méninges pour offrir une réponse. Claire, la gauchère d’Ottawa, reste bouche bée. De la banquette arrière, notre attaquant Matthew penche de son côté pour l’homme-araignée.

« C’est sûr que c’est Spiderman, enchaîne Abdul, il peut soulever quelque chose comme 18 fois le poids de son corps... Batman, c’est surtout à cause de ses gadgets qu’il est fort. » Pour ma part, je ne suis pas certain d’être d’accord. Je n’ai pas d’arguments supplémentaires à apporter, mais je ne peux toutefois m’empêcher de penser qu’Abdul a, quant à lui, le mérite d’avoir enlevé beaucoup de pression de sur les épaules de ses coéquipiers en marquant le premier but de la soirée. Après coup, le match s’est relativement bien déroulé. Mais après six entraînements en trois jours, les jeunes ont clairement besoin de décompresser. De toute façon, on pourra y revenir demain lors de la réunion dans laquelle chacun d’entre eux fera son auto-évaluation.

Programme chargé

Chose certaine, avec un voyage à Paris et le début du tournoi vendredi, le meilleur est à venir. Le Canada en est à une 15ème participation à la compétition regroupant 32 pays. Cette année, les adversaires au sein du groupe B comprennent la Bulgarie, la Suisse et les champions en titre: le Maroc. Question format de jeu: on joue à 8 contre 8 sur un terrain réduit et les matchs sont d’une durée de 20 minutes.

En plus du volet sportif, l’événement comprend également un volet culturel et éducatif, avec des animations prévues pour que les participants puissent s’exprimer, que ce soit par le breakdance ou les graffitis. L’énergie ne devrait toutefois pas manquer pour le clou de l’aventure: un dernier match disputé sur la pelouse du Stade de France, le dimanche 16 octobre.

Parrainée par son illustre ambassadeur Zinedine Zidane, la Danone Nations Cup, comme ils l’appellent en France, a vu passer dans ses éditions précédentes des joueurs comme le Mexicain Giovanni Dos Santos, le Français Alexandre Lacazette et le Montréalais Maxime Crépeau. Bref, le niveau de jeu est élevé.

Le groupe canadien 2016 est composé de dix garçons et deux filles. Il compte des représentants de Calgary ainsi que des régions de Toronto et d’Ottawa. Le grand Montréal n’est pas en reste avec deux joueurs dans la sélection. Outre Taehyeon, dont on parlait plus tôt, le milieu de terrain ou attaquant Nathan-Dylan Saliba, du CS Longueuil, figure lui aussi au sein du groupe.

Entre les partisans de Batman et ceux de Spiderman, on travaille donc à réconcilier les divisions. Enfin, vous comprendrez qu’ils n’ont peut-être pas des pouvoirs de superhéros. Sauf qu’à force de les côtoyer, on voit très vite dans leurs yeux qu’ils rêvent déjà à Paris et qu’ils affichent une volonté d’y jouer avec tout ce qu’ils possèdent comme fierté. L’invitation est donc lancée pour que vous suiviez les résultats de l’équipe pendant la compétition. Et si vous désirez les encourager, n’hésitez surtout pas. Je leur ferai le message.