L'Euro 2016 est maintenu en France (10 juin-10 juillet) et il n'y aura pas de match à huis clos : le premier ministre Manuel Valls et l'UEFA ont écarté mercredi tout report ou rencontres à huis clos pour ne pas offrir « une victoire » aux terroristes après les attentats à Bruxelles, quatre mois après ceux de Paris.

Annuler, « ce serait une défaite »

Le 13 novembre dernier, le Stade de France, où se déroulait le match amical France-Allemagne (2-0), était une des cibles visées par les attentats qui ont fait 130 morts. Faut-il, après les scènes d'horreur à Bruxelles mardi, annuler le troisième évènement sportif mondial, qui va drainer 2,5 millions de spectateurs dans les stades et 7 millions dans les zones des partisans?

« Non, ça serait une défaite, ça serait donner une victoire aux terroristes. Il faut ces manifestations sportives. La condition, c'est qu'elles puissent se tenir dans les meilleures conditions », a déclaré le premier ministre Manuel Valls mercredi sur Europe 1.

Avec la Cop 21 sur le Climat à la fin de l'année dernière, la France a fait la démonstration qu'elle pouvait « accueillir de grandes manifestations ». « Et nous allons continuer à faire cette démonstration », a poursuivi Manuel Valls.

« On ne peut pas imaginer qu'un incident, quel qu'il soit, puisse éliminer une compétition aussi importante. Toute l'Europe est concernée, personne n'est à l'abri », avait aussi insisté mardi le président de la Fédération française de soccer Noël Le Graët.

Pas de matchs à huis clos

Pour garantir une sécurité maximale, faudrait-il arriver à une autre extrémité? Comme jouer les matchs à huis clos, sans spectateurs?

« Nous sommes confiants dans le fait que toutes les mesures de sécurité seront prises pour organiser un Euro sûr et festif et de ce fait il n'est pas prévu de disputer des matchs à huis clos », a indiqué à l'AFP Pedro Pinto, porte-parole de l'UEFA.

Cette mise au point est intervenue alors que l'un des vice-présidents de l'UEFA, Giancarlo Abete, interrogé mardi à Radio 24, station italienne, avait utilisé une formule ambigüe; provoquant un début d'emballement sur le sujet.

« D'un point de vue technique, le risque de huis clos peut toujours exister parce que nous parlons d'une compétition où les matchs doivent avoir lieu. Mais il me semble qu'aujourd'hui les priorités ne sont pas celles-là », avait-il dit.

M. Abete a été plus explicite mercredi dans la Gazzetta dello Sport.

« Il n'y a pas de situation structurelle qui fasse que (l'UEFA) pense à disputer l'Euro à huis clos. L'UEFA veut jouer, les matchs de soccer sans amateurs ne sont pas de vrais matchs de soccer. »

Sécurité inédite

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve l'a réaffirmé mardi : afin de « résister à la terreur », le dispositif de sécurité autour de l'Euro 2016 sera sans précédent.

Les zones des partisans, où se regroupent les amateurs en dehors des matchs ou pour visionner les rencontres, sont sous haute vigilance. Il y aura des palpations systématiques à leur entrée, la détection d'objets métalliques, le recours aux services de déminage et l'installation de la vidéo surveillance dans ces espaces qui pourront abriter entre 10 000 et 100 000 personnes dans les villes hôtes.

Placée sous la responsabilité des villes hôtes qui auront recours à des sociétés privées, et établie avec le préfet, la sécurisation de ces zones coûtera 17 millions d'euros au total, selon le maire de Bordeaux Alain Juppé. Le président du club des villes hôtes, à qui l'UEFA avait promis 3 millions d'euros avant les événements de novembre, a demandé à l'instance européenne une rallonge d'un million; demande qui sera examinée lors du prochain comité de pilotage, fin avril.

L'État financera lui 80 % des systèmes de vidéo-surveillance, soit 2 millions d'euros.

Enfin, l'UEFA, responsable de la sécurité des stades, des camps de base des équipes, des hôtels officiels et du centre des médias, s'apprête à recruter 10 000 agents privés, soit 7 % de plus que le chiffre prévu avant le 13 novembre.