L’Impact est 4-0, c’est bien, mais si l’équipe n’avait rien à améliorer, Marco Schällibaum n’aurait rien à faire. Et ce n’est pas le cas. Il nous reste encore 30 matchs à jouer, alors si nous avons déjà joué notre meilleur soccer de la saison, il y a un problème.

Qu’on le veuille ou non, il reste toujours des éléments à peaufiner. C’est vrai qu’on ne domine pas au chapitre de la possession de ballon, mais ça ne veut pas toujours dire que l’équipe souffre ou qu’elle n’est pas dominante. Nous sommes plutôt efficaces sur la contre-attaque et nous créons des chances que l’équipe concrétise. Peut-être qu’on ne tire pas beaucoup au filet, mais nos adversaires n’ont pas tant de tirs cadrés contre nous. En fin de compte, la différence, c’est combien de chance de qualité sont complétées, et non le temps de possession ou le nombre de tirs effectués.

C'est certain qu’on voudrait mieux gérer nos affrontements et avoir plus de contrôle sur le déroulement des matchs, surtout pour faire respirer notre défense. Il ne faut pas abuser de nos qualités défensives et l’excellent travail de notre gardien Troy Perkins.

Je dois admettre qu’il a effectué de gros arrêts cette saison. Il a été impeccable lorsqu’on avait besoin de lui. Que ce soit pour demeurer dans le match ou pour conserver une avance, il a été sans reproche. Il l’a encore prouvé face aux Red Bulls, samedi dernier. Son efficacité permet à tout le monde de respirer la confiance, même lorsque le ballon passe par-dessus la tête de nos défenseurs, ou face à un dangereux centre. Il a su réaliser les arrêts-clés au bon moment, mais sans rien lui enlever, il demeure un joueur parmi tant d’autres qui ont fait leur part du travail jusqu’à présent.

Pas trop vite les honneurs!

Ça va bien, l’équipe gagne. Tant mieux si la MLS parle déjà de moi comme candidat possible au « MVP », mais je préfère qu’on me donne des éloges à la fin de la saison parce que l’équipe s’est qualifiée pour les éliminatoires et que nous avons atteint ou surpassé nos objectifs. La saison n’est jeune que d’un mois, il ne faut pas s’emballer trop vite. Si je ne joue pas bien le mois prochain, qu'est-ce qu'on va dire? « Patrice Bernier a connu le mois de sa vie! »

Les choses changent rapidement en une saison, mais pour l’instant, le ballon roule pour nous. La formation partante est similaire match après match depuis le début de la saison et il y a des automatismes qui se créent en milieu de terrain. Les joueurs commencent à s’entendre, c’est évident. L’entraîneur me donne aussi la liberté de me promener un peu, donc je ne demeure pas toujours devant la défense adverse. Je n’ai pas à me plaindre. J’essaye d’approuver la marque de confiance que Marco Schällibaum m’a donnée. Tant mieux si ça m’a rapporté trois passes décisives et un but sur penalty. Je suis content d'avoir toujours cette responsabilité. Je l’aime bien.

Une nouvelle école de vie pour Zarek

Notre défenseur Zarek Valentin a été prêté au FK Bodo/Glimt, une équipe de deuxième division norvégienne, et je peux confirmer qu’après avoir eu la chance de jouer en Europe, c’est une belle opportunité qui se présente à lui. Il poursuivra son cheminement dans une nouvelle école de vie.

C’est bien banal, mais l’Europe, c’est l’Europe. C’est très différent d’ici. Si on y joue bien, les choses peuvent changer très vite. Zarek n’avait pas de temps de jeu en défense cette saison, surtout qu’il y a souvent moins d’occasions de percer la formation à cette position.

Il se dirige maintenant vers l’endroit par excellence pour « raffiner » les joueurs de soccer. On apprend beaucoup plus vite là-bas. Côté visibilité, la deuxième division en Norvège a pris du galon. Il y a toujours des recruteurs un peu partout. Si Zarek se démarque, il pourrait changer d’adresse assez rapidement. Un jeune défenseur de 21 ans peut aisément se munir d’une étiquette de joueur d’avenir. Maintenant, « le ballon est à ses pieds ».

Parfois, on doit prendre un chemin plus sinueux pour ensuite ouvrir une plus grande porte. À Montréal, on ne pouvait pas lui confirmer qu’il obtiendrait un temps de jeu idéal. En ne jouant pas, ce sont des minutes de moins en expérience et en développement. Il aura une meilleure chance de devenir un joueur aguerri. S’il est de retour avec nous l’an prochain, espérons qu’il reviendra grandi de son séjour en Europe et qu’il pourra avoir un impact immédiat sur l’équipe.

Je suis passé par là

Je me suis aussi promené un peu partout avant de revenir en Amérique du Nord au sein de l’Impact. En 2003, j’ai pris la direction de la Norvège pour me joindre au Moss FK. Puis un an plus tard, j’ai été transféré à une formation de premier plan, le Tromso IL. C’est sûr qu’à ce moment, il n’y avait pas de MLS à Montréal. C’était évidemment un gros challenge, car un Canadien qui joue au soccer, disons que ce n’est pas la marque la plus vendue en Europe. C’était toutefois l’occasion pour moi de mesurer la valeur de mon apprentissage en sol américain dans un milieu européen. Ça s’est bien déroulé. J’ai réussi à changer de division rapidement. Mon expérience m’a permis de voir le jeu d’une autre façon et je me suis taillé un poste au sein de l’équipe nationale.

C’est aussi une expérience qui m’a permis de grandir comme personne, pas juste sur le plan sportif, mais sur le plan humain également. On s’entend qu’en Norvège, c’est une nouvelle culture, une nouvelle langue. Je sais que les Norvégiens parlent un peu l’anglais, mais il faut aussi faire des efforts pour apprendre leur langue.

L’Europe, c’est aussi la Ligue nationale du soccer. C’est là où presque tous les joueurs rêvent d’évoluer. Certains veulent commencer et poursuivre en MLS, mais en réalité, si l’Europe appelle, surtout les grandes ligues de première division, c’est une opportunité qu’on ne peut refuser. À moins que tout se passe comme sur des roulettes en Amérique du Nord et qu’on ne désire pas quitter la maison, c’est à considérer. Mais l’Europe, c’est l’Europe.

Propos recueillis par Thierry Bourdeau