MONTRÉAL – Dominic Oduro était un homme en demande cet hiver. Après avoir connu, au tournant de la trentaine, l’une des meilleures saisons de sa carrière, le marchand de vitesse de l’Impact aurait très bien pu faire ses valises et poursuivre la vie de bohème qu’il mène depuis son arrivée en MLS il y a plus d’une décennie.

« Croyez-moi quand je vous dis qu’il y a quelques équipes qui m’ont fait des offres très alléchantes, n’a pas caché le coloré Ghanéen, dans toute la candeur qu’on lui connaît, à l’ouverture de son douzième camp d’entraînement en MLS. J’aurais très bien pu en accepter une, mais je n’avais pas l’intention de quitter cette équipe pour quelques dollars de plus. »

Lorsqu’il est arrivé à Montréal en provenance de Toronto avant le début de la saison 2015, Oduro a fait imprimer son nom sur un septième uniforme différent depuis ses débuts professionnels. Cette année-là, il s’est classé au troisième rang du classement des buteurs de l’Impact avec huit buts, un total qu’il n’avait surpassé que deux fois auparavant. L’an dernier, malgré une période creuse en milieu de saison, il a été le deuxième joueur le plus utilisé parmi les ténors offensifs à la disposition de l’entraîneur Mauro Biello. À ses six buts, il a ajouté six passes décisives, un sommet personnel.

Avant de quitter pour les vacances, Oduro avait clairement indiqué qu’il souhaitait être de retour en 2017. Le sentiment semblait réciproque, mais comme le dit ce qui est devenu le gag le plus usé à l’est de l’avenue Papineau, « tout est possible dans le foot de haut niveau ». Finalement, la direction de l’Impact a soumis à son numéro 7 une offre qu’il qualifie lui-même d’« assez généreuse pour le faire rester ».

Pour la première fois depuis ses débuts avec le FC Dallas, de 2006 à 2008, Oduro amorcera donc une troisième saison consécutive avec la même équipe.

« Je recherchais la stabilité et c’est aussi l’une des raisons pourquoi j’ai décidé de revenir, explique le grand voyageur de 31 ans. Vient un temps dans une carrière où tout n’est pas une question d’argent. J’adore la ville, j’adore l’organisation, les partisans sont exceptionnels et je ne voulais pas quitter ça. »

Oduro dit avoir consulté certains vétérans de l’équipe avant de prendre sa décision.

« On sait tous qu’on n’a pas pu terminer ce qu’on avait commencé l’année dernière et les gars m’ont encouragé à revenir. Ils m’ont dit que si je recevais une offre raisonnable, une offre qui me plaisait, de l’accepter et de revenir finir le travail avec eux. Honnêtement, leur implication m’a aidé à me brancher. »

« Personnellement, j’espérais qu’il signe, a endossé Patrice Bernier, l’un des premiers coéquipiers à qui Oduro a demandé conseil. Ce n’est pas tous les jours qu’on entend des gars dire qu’ils veulent rester et faire partie du club pour longtemps. Quand ces gars-là livrent la marchandise en plus, tu veux les garder. »

À partir du moment où il a regagné son poste de titulaire dans le dernier droit de la dernière saison, Oduro a développé une fascinante chimie avec Ignacio Piatti et Matteo Mancosu. Un alliage bien dosé de vitesse, de flair et de talent brut, le trio a marqué dix des douze buts de l’Impact en séries éliminatoires.

Le modèle de continuité préconisé par les dirigeants de l’équipe au cours de l’entre-saison place aujourd’hui tout le poids des attentes offensives sur ces trois amigos. Sauront-ils retrouver cette complicité qui rime avec productivité? Oduro croit que oui.

« Lors du dernier jour de la saison, dans le vestiaire, on a eu une conversation à ce sujet. On s’est dit que si on était tous les trois de retour, au moins un de nous trois devrait marquer vingt buts. C’est la cible qu’on veut viser et on est convaincu qu’on pourra l’atteindre. Ça ne sera pas facile, mais avec le momentum qu’on a généré l’année dernière, je crois qu’on sera un facteur dans le tiers offensif. »​