MONTRÉAL – À pareille date l’an dernier, Frank Klopas arrivait à la barre de l’Impact avec comme priorité d’améliorer le rendement défensif de l’équipe.

L’année précédente, sous les ordres de son prédécesseur Marco Schällibaum, l’Impact avait accordé 49 buts, le 15e plus haut total en MLS et le pire rendement parmi les dix équipes qui s’étaient qualifiées pour les séries éliminatoires.

Pourtant, à l’ouverture du camp d’entraînement, aucune mesure concrète n’avait encore été prise pour remédier à la situation. Alessandro Nesta était parti à la retraite et n’avait pas été remplacé, un problème que le vétéran Matteo Ferrari ne s’était pas gêné pour décrier publiquement. L’Espagnol Adrian Lopez, qui se remettait d’une opération au genou, n’a finalement jamais vu le terrain. Même chose avec Nelson Rivas, en qui on fondait beaucoup d’espoir, mais qui a rapidement ajouté un chapitre à son triste historique médical.

« Avec la réalité du plafond salarial, il n’y a pas grand-chose qu’on pouvait faire, admet aujourd’hui Klopas. Certaines décisions avaient été prises et nos mains étaient liées. Notre budget était limité et c’était difficile d’effectuer des changements avec les contrats garantis que possédaient certains joueurs. »

Conséquemment, les pistes envisagées furent modestes. Heath Pearce s’était éventuellement soudé au groupe en mars. Des solutions de rechange comme Futty Danso et Krzysztof Krol ont ensuite été ajoutées en cours de route, mais c’était trop peu trop tard. En 2014, l’Impact a concédé 58 buts, neuf de plus que l’année précédente. Seulement deux équipes en MLS ont été plus dysfonctionnelles en défensive.  

Cette année, par contre, le scénario est différent. Reconfirmé dans ses fonctions à la fin de cette saison de misère, Klopas a eu les coudées franches pour rebâtir son effectif et la ligne arrière de l’Impact a subi plusieurs retouches significatives. Les contrats de Ferrari et Danso n’ont pas été renouvelés tandis que Pearce a pris la route d’Orlando via le repêchage d’expansion. À leur place s’amènent quatre nouveaux visages qui permettent à l’Impact, selon Klopas, de se rajeunir tout en ne sacrifiant pas le facteur expérience.

Tourner la page et recommencer

Donny Toia, 22 ans, a été obtenu au repêchage de dissolution du Chivas USA. Bakary Soumaré, un vétéran de sept saisons en MLS, était disponible au repêchage intra-équipes de la MLS. Victor Cabrera, le cadet du quatuor, a été prêté par le club argentin River Plate. Puis s’est ajouté tout dernièrement le prometteur Belge Laurent Ciman, qui rejoindra l’équipe la semaine prochaine. Tous sont âgés dans la vingtaine.

« Je suis très heureux de ces ajouts, se réjouissait Klopas vendredi alors que l’Impact amorçait le quatrième camp d’entraînement de son histoire en MLS au Stade olympique. ‘Baky’ a joué à un très haut niveau en Europe et a beaucoup d’expérience dans notre ligue. Et Ciman, un gars dont on me vante la force de caractère et la personnalité, a joué presque tous les matchs de son équipe, toutes compétitions confondues, depuis deux ans. Avec ces gars, on se renforce au niveau du talent, de l’expérience et du leadership. »

Klopas croit que la vitesse est le plus bel atout que les récentes embauches lui permettent de cacher dans sa manche.

« Je crois qu’on sera en mesure de suivre un rythme plus soutenu à l’arrière, surtout dans le centre du terrain, prédit le sélectionneur montréalais. Par le passé, lorsqu’on se faisait prendre en défaut dans le tiers offensif et qu’on laissait trop d’espace derrière nous, on ne formait pas un club aussi rapide qu’on l’aurait désiré. On devait améliorer cet aspect et je crois qu’on l’a fait. On verra bien, mais je suis très confiant. »

« Je veux apporter des victoires! »

« On va essayer de bâtir une bonne équipe, a commenté sobrement Soumaré, un défenseur central de 6 pieds 4 pouces. On va commencer par une équipe qui défend bien et je suis là pour ça. Une équipe qui défend bien, en général, va avoir des résultats et c’est ce qu’on va essayer de faire. »

Une responsabilité collective

À la tête de ce processus de reconstruction, Klopas n’a pas de temps à perdre. Dans un mois, le 24 février, son équipe sautera sur le terrain pour disputer le match aller de son duel quart-de-finale de la Ligue des champions de la CONCACAF qui l’opposera à Pachuca, un club mexicain. Le match retour aura lieu une semaine plus tard au Stade olympique et le 7 mars, si la MLS n’est pas frappée par un possible conflit de travail, l’Impact débutera officiellement sa saison contre le D.C. United.

Outre ses quatre nouveaux défenseurs, l’Impact a greffé les milieux de terrain Nigel Reo-Coker et Marco Donadel, trois attaquants recrues et le vétéran gardien Eric Kronberg, mandaté de remplacer Troy Perkins.

« Nous avons ajouté de bons joueurs, mais la rapidité avec laquelle nous serons capable d’intégrer ces nouveaux sera critique. Il faut se mettre au travail sans plus attendre », réalise Klopas.

Reo-Coker, 30 ans, a déjà une bonne emprise sur le contexte dans lequel il est appelé à poursuivre sa carrière. « Ils s’attendent à ce qu’on fasse beaucoup mieux que la saison dernière », a-t-il rapidement répondu lorsqu’on l’a questionné sur les exigences qui avaient été transmises aux joueurs par la direction.

Dans leur rôle de milieux défensifs, Reo-Coker et Donadel seront appelés à jouer des rôles importants dans les visées collectives de resserrement défensif.

« La défensive, ce n’est pas seulement l’affaire de la ligne arrière. Ça commence à l’avant, c’est un effort d’équipe, reconnaît l’ancien des Whitecaps de Vancouver et du Chivas USA. Il y a des fois où un milieu de terrain doit suivre un homme en cavale, il y a des fois où un attaquant doit épier un défenseur qui s’expose. C’est une responsabilité collective et je crois que c’est ce qui manquait ici l’an dernier. La direction nous a bien fait comprendre que tout le monde devrait porter une partie de ce fardeau sur ses épaules. »

« Tout le monde doit comprendre que nous devrons travailler fort même lorsque nous ne serons pas en possession du ballon », résume Klopas avec autorité.

« Je vais amener mon leadership »

Pour Patrice Bernier, il est déjà clair que la nouvelle mouture de l’Impact part avec un avantage marqué sur celle qui a accumulé les déceptions l’année dernière.

« On peut dire que le club a fait des efforts pour amener du renfort et faire en sorte qu’il y ait de la compétition à tous les postes. Connaissant les rigueurs de la MLS, avec les voyages et les blessures, c’est important d’avoir de la profondeur. Ça va créer de la compétition, chaque joueur va jouer son maximum à chaque jour. Dans les dernières années, peut-être qu’il y avait déjà un ‘onze’ qui s’était formé ainsi une certaine nonchalance. Là, il va y en avoir, de la compétition. On ne peut pas dire qu’on est en 2014 », constate le capitaine.

Piatti : sur la bonne voie

Parmi les joueurs qui n’ont pas participé au premier entraînement officiel de l’année, on compte deux morceaux importants : Ignacio Piatti et Jack McInerney.

Piatti, le seul joueur désigné de l’Impact, récupère toujours d’une opération au genou gauche subie au début novembre. Il est pour l’instant limité à la course légère et à des exercices de renforcement en salle, mais il devrait être en mesure de prendre part aux activités complètes de l’équipe lorsque celle-ci s’envolera pour le Mexique pour la deuxième phase de son camp d’entraînement, le 8 février.

Quant aux probabilités de le voir en uniforme pour le premier match contre Pachuca, « ça pourrait être difficile, mais je crois qu’il sera disponible, que ce soit comme partant ou comme réserviste », a fait savoir Klopas.

McInerney, selon la version officielle, n’avait pas complété son examen médical la veille et devait encore subir quelques tests. « Il sera prêt dès cet après-midi », assurait le coach.

« Il faut faire les séries »
« L'ambiance est bonne »