Nous sommes heureux d'avoir assuré notre qualification pour les éliminatoires depuis quelques jours déjà parce qu'il ne faut pas se le cacher, les dernières semaines ont été anxieuses. Chaque match avait un enjeu important et maintenant que nous avons consolidé notre position, un peu de pression peut être relâché.

Notre saison a été ponctuée d'émotions diverses que nous avons ressenties à des degrés divers. Nous sommes passés d'une période désastreuse en août alors qu'on ne gagnait plus à une confiance inébranlable. En début de saison, nous étions en équilibre au classement alors qu'on enchaînait une victoire après une défaite, mais en août, plus rien n'allait. On ne trouvait plus le chemin de la victoire à la maison comme sur la route. Il y a eu un changement d'entraîneur qui a amené inévitablement son lot d'incertitudes.

L'arrivée de Didier Drogba a donné un regain de vie et une effervescence qui nous a permis de récupérer 20 points au classement en seulement dix parties. C'était presque le même total de points que nous avions eu en 23 parties avant son arrivée. Le club a retrouvé son élan et il a été redynamisé. Au cours de cette période, l'Impact a retrouvé sa confiance devant son public et on en a profité pour engranger le plus de points possible.

On vivait une très belle période alors qu'on enchaînait les victoires à un point tel où l'on a commencé à se croire invincible, mais on est allé perdre un match à Orlando qui nous aurait presque assuré notre place éliminatoire. Ce revers en Floride a été suivi d'une autre défaite à New York. Au Colorado, on s'est ensuite retrouvé en situation où l'on avait le couteau entre les dents. On n'avait pas le choix de gagner, ce que nous avons réussi à faire avant de récidiver en Nouvelle-Angleterre. Qui aurait pu croire que nous allions assurer notre place en séries avec deux victoires sur la route?

À un certain moment, on sentait que "the sky is the limit" pour nous, mais la défaite à Orlando nous a ramenés sur terre. On se devait d'être à notre meilleur tous les matchs. Cette série perdante nous a remis dans un état d'anxiété parce qu'on se retrouvait sur la corde raide. Il fallait chasser cet état d'esprit romantique qui a caractérisé une période de trois premières semaines où l'on gagnait avec régularité en comptant trois ou quatre buts par rencontre. Tout ça est vite retombé et la pression est revenue nous envahir. Maintenant, la situation nous permet de souffler un peu avec un rendez-vous contre Toronto. Ça fait quatre ans qu'on termine notre saison contre cette équipe et ça fait quatre ans que la partie a une signification.

Je souhaite le retour de Mauro Biello

Le sort de notre nouvel entraîneur Mauro Biello est hors de mon contrôle, mais en dix parties il a fait du très bon travail. Les dix rencontres parlent en sa faveur.

Quand Mauro a été nommé, il s'est retrouvé avec l'équipe de Frank Klopas, mais il a réussi à faire tourner la roue rapidement pour remettre le club dans la bonne direction. Ce n'est pas ma décision, mais quant à moi, je le verrais bien commencer la prochaine saison comme entraîneur-chef.

Le buzz

Il est vrai qu'il y a un engouement terrible depuis l'arrivée de Didier, il ne faut pas se le cacher. Mais on enchaîne aussi les victoires, Mauro fait du bon boulot à la barre de l'équipe et il y a beaucoup de positivisme autour de l'équipe, ce qui nous permet de jouer à guichets fermés avec régularité. On termine la saison sur une meilleure note que 2013 alors que nous avions commencé en force pour terminer en queue de poisson. Cette année, on sent qu'on a le potentiel pour faire quelque chose.

La situation actuelle permet d'intéresser et d'accrocher les amateurs qui se rangent derrière nous sans réserve. Je l'ai toujours dit, les gens veulent voir des victoires et nous voir dans les séries. On veut créer des souvenirs dans l'esprit des amateurs et leur donner des émotions fortes. C'est pour cette raison qu'on ressent leur appui aussi fort.

Je me croise les doigts en espérant que nous serons en mesure d'offrir à nos partisans, une partie de barrage éliminatoire au Stade Saputo et après une série aller-retour.

Je comprends les gens parce que je suis un fan avant d'être un joueur. Les amateurs s'accrochent aux émotions, à leur club et à leur ville pendant que l'équipe permet de rêver. Les gens ne demandent pas mieux que de nous supporter comme c'était le cas lors de notre aventure en Ligue des Champions. À chaque étape, on voyait l'intérêt qui montait et des gens qui n'étaient pas nécessairement partisans de notre équipe se sont ralliés au Bleu blanc noir. C'est à nous de leur procurer à nouveau ces vives émotions.

On est entré en séries par la grande porte. Je sens l'effervescence dans ma vie personnelle et il y a des gens qui conçoivent déjà la partie de dimanche comme une rencontre des séries. On voit que les gens ont soif d'émotions comme les joueurs. En tant que joueur local, avoir la chance de redonner des émotions aux partisans c'est très bien, mais de pouvoir les vivre, c'est encore mieux.

Un match avec des enjeux

On affronte le Toronto FC dimanche et cette partie est importante pour les deux clubs qui ont la chance de grimper au classement de la MLS. Si on termine au troisième rang, on jouera la partie de barrage à la maison mercredi, ce qui nous éviterait aussi de voyager.

On va peut-être retrouver Toronto en séries. C'est à nous de lui passer le message que ce n'est pas facile de jouer contre nous et d'envoyer un message au reste de la MLS que l'on peut gagner à la maison comme sur la route. Les autres formations vont comprendre que ce sera dur de se frotter à l'Impact de Montréal.

*propos recueillis par Robert Latendresse