MONTRÉAL – Il n’y a aucune comparaison à faire avec la rivalité qui l’unit au Toronto FC, mais l’Impact connaît quand même très bien le Crew de Columbus, le nouvel adversaire qui se dresse sur sa route dans les séries éliminatoires de la MLS.

L’Impact a remporté les deux duels entre les deux équipes cette saison. Le 6 juin, il a profité de sa visite en Ohio pour signer sa première victoire à l’étranger en près de deux ans grâce à des buts de Maxim Tissot et Andrés Romero. Un mois plus tard, à domicile, il avait marqué deux buts dans les huit premières minutes pour se sauver avec une percutante victoire de 3-0.

Une reconstitution de ce scénario dans le cadre de la série aller-retour qui s’amorcera dimanche soir au Stade Saputo permettrait au Bleu-Blanc-Noir de se qualifier aisément pour la finale de l’Association Est.

« Autant j’aimerais croire que le passé est garant de l’avenir, je ne pense pas que ça compte pour beaucoup aujourd’hui, se résignait toutefois à conclure Dominic Oduro vendredi. C’est une page blanche, ce sont les séries. Tout est différent en séries. Qu’on les ait battus ou non auparavant, ça n’a pas d’importance. Je suis sûr qu’ils font leurs devoirs présentement. »

« C'est une équipe en pleine confiance »

« Ces deux victoires ont une certaine valeur, mais en même temps, je crois qu’on n’avait pas battu Toronto avant la semaine dernière, faisait remarquer le gardien Evan Bush immédiatement après la victoire des siens, dimanche. Les équipes changent, les choses changent. Columbus est une très bonne équipe qui, comme nous, a atteint sa vitesse de croisière au bon moment. »

Lorsqu’il a accueilli l’Impact en début de saison, le Crew formait une équipe vulnérable qui montrait une fiche inférieure à ,500 et qui était sans victoire à ses quatre derniers matchs. Depuis, il a compilé une fiche de 10-5-4 pour terminer la campagne au deuxième rang du classement de l’Est avec 53 points, deux de plus que ses poursuivants montréalais.

« C’est une très bonne équipe, probablement la meilleure pour faire circuler le ballon dans toute la ligue, prévient l’entraîneur-chef Mauro Biello. Ils sont bien dirigés et bien organisés, surtout en zone offensive. C’est une équipe très créative et on s’attend à un match difficile. »

Parmi les douze équipes qualifiées pour les séries, seul Toronto a accordé plus de buts que Columbus en saison régulière. Pour le Crew, la meilleure défensive passe par un contrôle du ballon à 100 mètres de son propre filet.

Les hommes en jaune comptent sur le meilleur franc-tireur de la MLS en Kei Kamara, qui a suivi le rythme de Sebastian Giovinco en enfilant 22 buts en 2015, en plus des maestros Federico Higuain et Ethan Finlay en milieu de terrain.

« C’est une équipe qui excelle en possession, décrit Oduro. Ils ont Higuain qui rebondit partout sur le terrain pour aller chercher la balle et leurs défenseurs latéraux sont toujours en ascension dans les couloirs pour tenter d’amener le ballon dans la surface. »

« Ils ne sont pas aussi physiques et directs que d’autres équipes dans la ligue, notait Nigel Reo-Coker. C’est une équipe très patiente qui aime garder le ballon. Ce sera important pour nous d’être très disciplinés dans notre couverture défensive, mais sinon je crois que c’est un adversaire dont le style se marie très bien au nôtre. »

Le Crew compte aussi sur un visage familier dans le vestiaire de l’Impact. Jack McInerney, qui a porté le bleu pendant deux saisons partielles, avait été échangé à Columbus peu après l’arrivée de Didier Drogba à Montréal. Confiné depuis à un rôle de réserviste, « Jack Mac » a marqué deux buts et obtenu une passe décisive en cinq matchs avec sa nouvelle équipe.

Biello n’érigera donc pas son plan de match autour de son ancien élève.

« Ça sera le choix de l’entraîneur, mais ils jouent généralement avec un attaquant et Higuain derrière. C’est la formation qu’ils ont utilisée pendant pratiquement toute la saison. C’est difficile à dire, mais je m’attends à voir Kamara en attaque, Higuain derrière avec Finlay et (Justin) Meram sur les côtés. »

Quant à la formation qu’il enverra lui-même sur le terrain, Biello a comme à l’habitude entretenu le mystère. Le pilote de l’Impact a osé déroger d’une formule gagnante jeudi pour battre Toronto pour la deuxième fois en cinq jours et pourrait être tenté – ou forcé – de faire la même chose en fin de semaine.

« Columbus présente d’autres problèmes. Il faut aussi que je regarde qui se sent bien, parce que pour quelques-uns de nos joueurs, il pourrait s’agir d’un troisième match en une semaine. Il y a beaucoup de choses à analyser. »

L’Impact fera face à une équipe reposée. Sa deuxième place au classement final a permis au Crew de profiter d’un laissez-passer pour le deuxième tour des éliminatoires. La troupe de Gregg Berhalter n’a donc pas joué depuis dimanche dernier.

« Ça pourrait les aider comme ça pourrait leur nuire, hésitait à dire Oduro. Parfois, un trop long repos peut vous priver de votre rythme. Quant à nous, on joue sans arrêt dernièrement et on a certainement le momentum de notre côté. »

L’affrontement représentera un choc entre deux tendances lourdes. Si l’Impact a remporté ses six derniers matchs à domicile, le Crew a pour sa part gagné quatre de ses cinq dernières sorties sur les terrains ennemis, un fait rare en MLS.

« Ils entrent chez l’adversaire et dominent carrément, a remarqué Oduro. Ce n’est pas quelque chose qu’on simplement éliminer de l’équation. Mais je suis pas mal sûr que nos génies, Mauro en tête, vont trouver une solution. »

Vente sous pression

Les performances de l’Impact posent un heureux problème à la direction du club, qui s’est retrouvée avec un peu plus de 48 heures devant elle pour trouver des preneurs pour les 20 801 sièges du Stade Saputo. En début d’après-midi vendredi, le vice-président exécutif aux opérations soccer Richard Legendre estimait qu’environ 10 000 billets étaient toujours disponibles.

Des fleurs pour Mauro Biello!

« Je pense qu’hier, les gens ont eu la perception que notre match était disputé à guichets fermés alors que ce n’était pas le cas », s’expliquait mal l’homme d’affaires.

L’organisation montréalaise aurait préféré que le coup d’envoi du match contre le Crew soit donné à 17 h, mais selon M. Legendre, l’influence du réseau américain FOX, qui diffusera le match aux États-Unis, a convaincu la MLS d’inscrire le rendez-vous à 19 h. L’Impact jouera donc en même temps que le Canadien, qui accueillera les Jets de Winnipeg au Centre Bell.

Au Québec, les deux matchs seront présentés sur les ondes du Réseau des Sports. Le match de hockey sera disponible sur RDS, celui de l’Impact sur RDS2.

« En général, on ne souhaite pas jouer en même temps que le Canadien, ça va de soi. Mais c’est un peu la rançon de la gloire. On veut que notre match passe en heure de grande écoute aux États-Unis. […] Ça nous donne deux heures de plus pour vendre des billets », se consolait M. Legendre.

Déjà de retour au boulot chez l'Impact