Oh qu’il n’est pas de tout repos, le travail consistant à couvrir le quotidien du onze montréalais. Après la semaine mouvementée précédant le départ au Mexique, avec cette table ronde qui prend soudainement la forme d’un cri du coeur, voilà que Montréal est la cible d’une attaque en règle en provenance de la Ville reine. Plus précisément, la volée de bois vert émane de ce club de MLS dont le patron se plaît à jouer le rôle du fanfaron: le Toronto FC de Tim Leiweke. Salivant devant de tels propos comme un enfant dans un magasin à bonbon, le reporter local ne s’est pas gêné pour ajouter sa propre couche en matière de dérision au sujet de « Limp-act »... Bref, n’allez pas croire que les allusions au « gros fromage » y soient pour quelque chose, mais ça commence à sentir la rivalité exacerbée à plein nez! Montréal, Toronto... C’est quand même pas parce que c’est du soccer qu’on va commencer à s’aimer...

Mais reprenons notre calme. Dans les faits, Tim Leiweke - PDG de MLSE et du coup, du TFC - peut se vanter de dépenser des sommes mirobolantes pour attirer de gros noms et vendre plus de billets de saison. C’est la vérité. En contrepartie, la manière Leiweke en est une où les affaires ont préséance sur le terrain. Comme en font foi les résultats du TFC l’an dernier (et toutes les autres années qui ont précédé depuis que le club a été fondé), malgré des investissements avoisinant 100M de dollars en 2014, la recette MLSE n’a toujours pas porté fruit puisque le club n’a encore jamais atteint les séries.

Une rivalité un peu plus piquante?

Mais tout ça ne serait qu’une question de temps avec les arrivées d’Altidore, de la fourmi atomique Giovinco et des bons hommes tombés dans l’oeil de l’entraîneur Greg Vanney: les Français Perquis et Cheyrou... Après tout, on peut supposer que le retour de ce côté-ci de l’Atlantique permettra à l’international américain de faire oublier son vilain surnom de Dozy Anti-score. Et que le richissime fantasista Giovinco aura une meilleure attitude que Defoe. Et que Greg Vanney saura désigner un seul et unique tireur de coups francs à la place de Gilberto. (Peut-être bien que c’est ce qui manque par chez nous?)

Contrairement à la morosité dont parlait Saputo chez nous, tel que c’était le cas à la même période l’an dernier, le buzz est fort chez le rival ontarien. Est-ce le vent d’optimisme qui pousse Leiweke à affirmer que le TFC possède « de meilleurs jeunes joueurs, une meilleure académie et une meilleure idée de ce que [les entraîneurs] veulent faire avec les jeunes joueurs » ? Étonnante déclaration du financier qui avait jadis attiré Beckham à LA. À ce sujet, impossible de décrypter l’élément déclencheur. Serait-ce le soulagement de voir que Doneil Henry sévira dorénavant avec ses tacles hasardeux à West Ham? Le trop-plein l’estime qu’il porte en son coeur pour Ashtone Morgan? Ou encore l’embauche récente d’un troisième directeur pour l'académie KIA TFC en trois ans? Allez savoir.

Disons qu’il n’y a sûrement pas que chez Saputo, que ces propos suscitent une montée de lait... Je l’avoue, en tant qu’ancien joueur du bleu-blanc-noir, ma fierté s’est trouvée heurtée au point d’en perdre momentanément ma neutralité. D'ailleurs, ce genre de propos représente une excellente source de matière première pour allumer le feu chez un joueur ordinairement très zen. Comme à l'époque où les fans des Lynx de Toronto écrivaient "You suck poutine" sur un misérable écriteau. Celle-là et la fois où j'ai vu un toutou de Kermit the Frog pendu à une corde par le cou, laissez-moi vous dire que je les ai retenues! 

Du coup, il est possible que j'aie du mal à cacher un sourire si d’aventure une équipe montréalaise rabaissait le caquet du prodigue Leiweke en gagnant sur le terrain. On a beau avoir un proprio issu d'une famille milliardaire, une lutte de classe pointe à l'horizon en MLS. Que peut bien penser l'association des joueurs des dépenses outrancières d'un club nanti comme le Toronto FC? Et pendant qu'il est en exil à Mexico City, peut-être bien que le Bleu-blanc-noir peut s'inspirer en allant visiter le musée de la maison de Leon Trotsky? Courage, camarades!

Je l'ai déjà écrit, la reconstruction effectuée par l'Impact durant l'hiver mérite qu'on lui accorde une chance. Évidemment, la frustration de ne pas encore avoir mis la main sur un nouveau joueur désigné, assez palpable lors du dernier point de presse de Saputo, procure à Toronto un clou sur lequel allègrement marteler. Ça ira à l'été, comme lors des dernières années. Mais l'Impact est d'ores et déjà plus solide que l'an dernier, et il sera en mesure de lutter. Si seulement Frank Klopas pouvait citer quelques phrases de René Lévesque avant le prochain derby, le tour serait joué... Et dire qu'on ira par milliers appuyer le club de baseball de la Ville reine lors de sa visite au Stade Olympique. Va-t-il falloir que le maire Coderre en appelle à la fierté des citoyens montréalais?

Si l’arrivée de joueurs dans la fleur de l’âge comme Giovinco (27 ans) peut représenter somme toute une bonne nouvelle dans le circuit Garber, le salaire conféré crée un précédent qui pourrait facilement déséquilibrer la MLS. Autant j’aimerais saluer l’ambition à court terme du TFC, autant l’argent flambé sans grand succès l’an dernier ne contribue pas à la croissance à long terme du soccer canadien. On s’en remet à la recette de la NASL de jadis, si bien illustrée dans l’excellent Once in a Lifetime: the Extraordinay story of the New York Cosmos. Car des gradins vides, il y en avait aussi au BMO Field une fois l’attrait du coup marketing estompé.


En bref :

Le cas Oyongo? L’Impact affirme que la situation est « plus positive » qu’elle ne l’était il y a une semaine « mais [il n’y a] pas de conclusion pour le moment » dans le dossier. Interprétez-ça comme vous le voulez.

L’Impact a disputé un match amical face à Cruz Azul dont l’alignement était composé de joueurs moins utilisés et de quelques jeunes espoirs. Que dire du résultat, une défaite de 1-0? Pas grand chose. Surtout qu’on n’était pas là! Le vrai test viendra le 24 février au soir contre Pachuca, un club qui avait aussi affronté Cruz Azul au début de sa saison. Résultat? Une défaite de 1-0.

Ne pas être là? Plus pour très longtemps. On ira observer le bleu-blanc-noir de plus près dès mardi prochain.

Verra-t-on le jour où Frank Klopas se servira du «Big Data»? Chose certaine, Van Gaal en conférence de presse vole le show à une équipe soporifique sur le terrain.

Et que pense-t-on à Dallas de la stratégie du TFC? Les dépenses augmentent en Ligue majeure, mais s’il y a un club qui mise sur la formation des jeunes en MLS, il est bel et bien au Texas.