En Europe, où j’ai passé la majeure partie de ma carrière, les matchs des étoiles, ça n’existe pas.

Il peut arriver qu’on rassemble des célébrités dans un même club pour amasser des fonds pour une œuvre de charité. Il y a aussi une sélection qui se fait à la fin de chaque saison pour déterminer les joueurs de l’année, mais c’est un honneur qui se limite au papier.

Je n’ai donc jamais participé à un match d’étoiles, mais ça pourrait changer cette année puisque cinq de mes coéquipiers de l’Impact et moi-même sommes en lice pour prendre part à la classique annuelle de la MLS, qui opposera cette année les meilleurs joueurs du circuit Garber à la formation italienne de l’AS Roma.

Quand je pense que je pourrais être accompagné dans cette aventure par Justin Mapp, Matteo Ferrari, Troy Perkins, Marco Di Vaio et Felipe, je considère cette récente annonce comme une belle marque de reconnaissance envers le rendement de notre équipe depuis le début de la saison. Comme je le répète souvent, quand le collectif va bien, il y a toujours des individualités qui ressortent. Ce n’est qu’un autre exemple qui démontre que l’Impact de Montréal est sur la bonne voie.

Étant donné notre position au classement, j’ose croire qu’on aura au moins un ou deux représentants, mais on verra bien comment se déroulera le vote du public et le reste du processus. Si on en a plus, tant mieux. S’il fallait qu’on fasse tous le voyage, ça serait parfait! 

Si j’avais mon mot à dire et que je pouvais envoyer un seul de mes coéquipiers au match des étoiles, mon vote irait à... Troy Perkins et Marco Di Vaio. Je sais, je triche, mais c’est trop difficile d’en choisir juste un!

Comme il est le gardien d’une équipe qui marque beaucoup de buts, Troy brille un peu dans l’ombre depuis le début de la saison. Quand on remplit le filet adverse, les projecteurs se braquent sur le héros offensif du match. Quand on est impliqué dans un nul serré ou une victoire à bas pointage, les gens considèrent que le gardien ne fait que son boulot. Rappelez-vous, il n’est pas supposé de se compter beaucoup de buts dans un match de soccer!

Mais si on s’attarde à chacun de nos matchs, on remarque que Troy a réalisé une multitude d’arrêts clés qui nous permettent de profiter de notre place au soleil actuelle au classement. Je pense immédiatement à celui sur Higuain lors du match local contre le Crew de Columbus, par exemple. On pourrait aussi parler du match contre Portland.

Un bon gardien de but n’est pas nécessairement celui qui va terminer un match avec 150 000 arrêts. C’est plutôt celui qui va faire l’arrêt difficile à un moment critique d’un match, celui qui va faire la différence entre trois ou un seul point, entre le nul et la défaite.

On a présentement 26 points au classement. Envoyez vos remerciements directement à Troy pour plusieurs d’entre eux.

Pour Marco, bien disons que ça va de soi. On parle ici du deuxième meilleur buteur de la Ligue, et on n’a pas encore parlé de toutes les occasions qu’il a ratées. D’ailleurs, ce n’est pas contre Philadelphie qu’il aurait pu terminer le match avec quatre ou cinq buts?

Marco est dans une très bonne zone cette année. Il a peut-être cherché un peu le fond du filet au tout début de la saison, mais depuis qu’il l’a trouvé, tout s’enchaîne. J’ai notamment en tête cette défaite de 2-1 à New York alors qu’il s’était créé deux occasions, avait marqué en plus de frapper les deux poteaux alors qu’on cherchait à compléter une remontée de dernière minute.

C’est ce qui définit les grands marqueurs. Ils peuvent être invisibles pendant une bonne partie d’un match, mais profiter de chacune de leurs rares occasions pour la mettre dedans.

Je crois que Marco joue comme un homme libéré d’une immense pression cette année. À son arrivée à Montréal, il devait non seulement composer avec la réalité d’un autre championnat, mais il devait aussi s’adapter à un mode de vie complètement différent sur un continent qui lui était étranger. C’était pour lui une autre culture, une autre façon de jouer.

Il y avait aussi ce scandale de matchs truqués qui lui trottait dans la tête. Et n’oubliez pas que ça faisait 18 mois qu’il jouait au soccer sans arrêt!

Cette année, il est arrivé bien reposé, dégagé de toute cette pression. Il a bien attaqué le calendrier préparatoire et a pris une vitesse de croisière qui le propulse encore. On voit bien l’ampleur du joueur qui a fait ses grandes marques dans la Serie A et d’autres championnats américains. Tout le monde travaille fort pour lui créer des occasions et il en profite pleinement.

Un oublié?

C’est dommage, parce que j’ai l’impression que tous nos réguliers mériteraient d’être en lice pour une participation au match des étoiles. Sans exagérer, je pense qu’on pourrait facilement avoir jusqu’à neuf candidats.   

Parmi les « oubliés » notoires, on pourrait ressortir le nom de Jeb Brovsky. Jeb est un gars qui travaille extrêmement fort, qui apporte une belle contribution en attaque de son poste de défenseur latéral droit et qui possède cette mentalité qui le rend très difficile à battre à un contre un.

Je trouve aussi que Hassoun Camara connaît une saison digne d’un joueur étoile. Il est très fort dans les phases d’arrêt de jeu, a marqué quelques gros buts et est quasiment impénétrable en défensive centrale.

Enfin, Andrés Romero, que vous connaissez peut-être un peu moins parce que son arrivée est beaucoup plus récente, a amené de l’Argentine une belle fraîcheur offensive.

Ces trois-là auraient mon vote si on pouvait étendre la liste de candidats.

Alimenter Henry?

Dans l’éventualité où j’étais choisi pour représenter notre club à travers cette belle vitrine, l’occasion serait belle pour moi d’évoluer avec des joueurs que j’ai plutôt l’habitude d’affronter, mais qui piquent ma curiosité.

Le premier nom qui me vient en tête est évidemment celui de Thierry Henry. Le simple fait qu’il soit un joueur de cette envergure, un joueur de haut profil, rend la possibilité de jouer en sa compagnie très attirante. Dans le monde du soccer, Henry est un très grand nom : gagnant d’une Coupe du monde, il est l’un des meilleurs joueurs de sa génération.

Je ne veux pas dire qu’il a été une de mes idoles, mais j’ai toujours été impressionné par sa façon de jouer. Il a marqué une tonne de buts à Arsenal et a aussi représenté mon club favori, le FC Barcelone. J’aimerais bien pouvoir échanger quelques balles avec lui pour voir comment il joue, comment il bouge sur le terrain. Je me demande si ça cliquerait avec lui...

L’autre joueur que j’aimerais bien avoir comme coéquipier, l’instant d’un match, est Robbie Keane. J’inclus aussi Dwayne De Rosario à la liste, mais j’ai déjà joué avec lui avec l’équipe nationale, donc ce n’est rien de nouveau.

Et tiens, j’ajouterais Graham Zusi, du Sporting KC. J’aime bien ce qu’il fait. Il est un joueur altruiste qui amène beaucoup à la profondeur de son équipe.

Des nouvelles de l’Europe

Comme c’est la saison morte dans les différents championnats européens, je prends quelques minutes pour vous donner des nouvelles de quelques Québécois qui y ont évolué cette année.

Ça a été un peu difficile pour mon bon ami Olivier Occéan au Eintracht Frankfurt. En Allemagne, il se passe beaucoup de choses cachées que les gens ignorent. C’est un endroit où il est très difficile de percer parce que la compétition est féroce. Quand tu arrives dans cette couche de l’élite, il faut bien faire le plus rapidement possible pour marquer les esprits, pouvoir respirer un peu et s’adapter à son milieu.  

En plus, il y a eu beaucoup de remaniements à la position d’attaquant dans son équipe, alors ce n’était pas évident. Mais il lui reste deux années de contrat et à ce que je sache, il est encore dans les plans du club. Il aura d’autres chances de faire ses preuves.

J’ai moins de nouvelles d’André Hainault, qui évolue en Écosse, mais je sais qu’il joue. C’est bien pour lui. André voulait retourner en Europe et établir ses bases là-bas pour pouvoir se comparer à un autre niveau de jeu. J’espère qu’il continuera à progresser. Ce qui est bon pour lui l’est aussi pour l’équipe nationale!

Un petit mot aussi sur Samuel Piette, qui a passé l’année dans l’équipe de réserve d’une équipe de deuxième division à Dusseldorf, en Allemagne. Membre de l’équipe nationale, Samuel risque d’être à la Gold Cup cet été. André et lui sont plus ou moins nos porte-drapeaux québécois au niveau de la sélection canadienne.

Une mauvaise presse

Pour être franc, je ne veux pas trop mettre mon grain de sel dans la controverse initiée par la décision de la Fédération de soccer du Québec de s’opposer au port du turban lors des activités qui sont sous sa juridiction.

Je refuse d’en parler parce que je sens que toute cette histoire a un effet négatif sur mon sport. Ce n’est pas le genre de chose qui devrait être mise de l’avant. Je préférerais qu’on parle de l’Impact de Montréal ou de la sélection nationale féminine. Présentement, ce « scandale » a plus de visibilité dans les médias que le club pro de la métropole en a jamais eue.

Et puis à mon avis, des jeunes ne devraient pas avoir à payer pour un désaccord qui aurait dû se régler à l’interne, derrière les portes closes. La priorité des jeunes joueurs de soccer est de s’amuser, de jouer et d’apprendre. On ne devrait pas leur mettre de barrière avec des décisions politiques.

Voilà à quoi se résume mon opinion.

Davy préfère la course

Pour vous laisser sur une note positive, alors qu’on se prépare à s’envoler vers Columbus, je voudrais vous donner des nouvelles de notre capitaine, Davy Arnaud.

Absent depuis le début du mois de mai en raison d’une commotion cérébrale, Davy a recommencé à courir. Il ne peut pas encore s’entraîner avec le reste de l’équipe, alors inutile de spécifier qu’il ne fera pas le voyage vers l’Ohio avec nous, mais c’est quand même un très bon signe.

Depuis quelques semaines, les médecins avaient demandé à Davy de s’éloigner un peu de l’équipe pour améliorer ses chances de guérison. En tant qu’athlète, c’est l’enfer d’être privé de la vie quotidienne avec tes frères d’armes. On voit que ça lui fait du bien de retrouver la dynamique de groupe et de voir la lumière au bout du tunnel.

Croyez-moi, on veut ramener trois points pour le capitaine en fin de semaine.

À bientôt, chers partisans!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.