C'est une belle victoire contre Toronto qui nous donne un momentum et qui nous permet de poursuivre notre saison. Nous avons joué les 90 minutes avec force et nous avons peut-être disputé notre meilleur match de l'année. Nous avons été impeccables en première demie alors qu'en deuxième mi-temps, nous avons mieux géré la situation et on aurait même pu ajouter des buts au tableau.

D'un point de vue personnel, je suis très heureux d'avoir contribué à la victoire. J'ai eu le plaisir de marquer le premier but de mon équipe sur une très belle passe d'Ignacio Piatti. C'était en quelque sorte un but libérateur, je ne peux pas le cacher après les hauts et les bas de la saison régulière. De trouver le fond du filet dans un match de cette envergure, c'est un but qui fait du bien autant à l'équipe qu'à moi.

J'ai marqué quelques buts dans ma carrière, mais celui-ci était spécial comme celui contre Edmonton l'an dernier pour permettre notre qualification en Ligue des Champions. En plus, c'est un but marqué contre Toronto, donc je ne risque pas de l'oublier.

Je ne me préoccupe pas de ce que les autres pensent, mais je sais au fond de moi que ma performance dans cette partie contre Toronto rehausse peut-être un peu ma valeur aux yeux de ceux qui ne croyaient plus vraiment en moi. Quand tu arrives à mon âge, 36 ans, et qu'on ne fait pas appel à tes services, c'est un sous-entendu pour te faire comprendre que tu es vieux et que tu ne peux plus courir. Je le répétais depuis longtemps que j'allais prouver mon utilité quand on me donnerait ma chance. À la fin, il y a des choses qu'on ne contrôle pas et il y a des choix qui sont faits pour diverses raisons. Je me devais simplement d'être prêt mentalement à faire le saut le moment venu. Je suis heureux d'avoir démontré que j'étais encore là et encore en état de fonctionner!

Bernier met la table pour Drogba

En toute honnêteté, je n'ai eu aucune pensée pendant ou après la partie pour ceux qui ne semblaient pas croire en moi durant la saison. Ce n'est pas mon genre d'être rancunier et j'ai autre chose à faire. C'était le premier match éliminatoire de la MLS présenté à Montréal et le premier au Canada. La rencontre se voulait très émotive avec un grand enjeu puisque le perdant rentrait à la maison bredouille sans aucune autre chance de se reprendre. À la fin de la partie, j'étais simplement content de poursuivre l'aventure. J'espère que nous allons continuer à procurer des émotions fortes à nos partisans. On aime faire vibrer les gens et on sait qu'avant l'arrivée de Didier Drogba, les choses étaient plus difficiles. Maintenant, l'Impact est créateur d'émotions et d'histoire. C'est à nous de permettre aux gens de s'attacher à l'Impact pour longtemps.

Je sais ce que je peux apporter à l'équipe. L'opportunité s'est présentée et j'ai aidé le club. Est-ce que ça m'assure d'être partant lors du prochain match? Je ne sais pas et je ne m'en préoccupe pas à ce stade-ci. L'important était de jouer, de contribuer et de gagner. Maintenant je sais que je peux commencer une partie et avoir un effet sur l'allure de la rencontre.

Un but, c'est un but, mais le marquer en phase de jeu plutôt qu'en tir de pénalité, c'est plus entraînant. Ça apporte plus parce que les émotions l'emportent. Sur un penalty, le joueur est en position statique alors que pendant l'action, il doit concrétiser un jeu. Mon dernier but en action de match remontait à la saison 2012 alors c'est plaisant.

J'ai bien failli marquer un deuxième but durant la rencontre. Au moins, j'ai réussi à refiler le ballon à Didier qui a mis sa touche magique avec le troisième but du match. Étrangement, je me suis retrouvé devant le but plus souvent en un match qu'au cours des deux dernières saisons! Ce sont de belles sensations de contribuer aux succès du club et de marquer un but qui donne l'élan. On était bien connecté en attaque et je crois sincèrement qu'on aurait pu ajouter d'autres buts. C'était une belle symbiose et j'étais heureux d'être libre vers l'avant.

Globalement, l'Impact a très bien joué contre Toronto. On était bien structuré et bien organisé. On a mis une pression de groupe sur l'adversaire. On peut parler de ceux qui ont marqué des buts, mais il y a aussi tous ceux qui ont joué un grand match sans voir leur nom au sommaire. Le bloc défensif a offert une grande performance. Je pense entre autres à Laurent Ciman comme d'habitude, mais il y a aussi Víctor Cabrera qui joue dans l'ombre, Donny Toia qui est toujours impeccable et Ambroise Oyongo qui ne laisse rien passer de son bord. Le travail de ces hommes a peut-être rendu le travail plus facile à notre gardien Evan Bush, qui n'a pas été dans l'obligation d'être le héros du match pour nous faire gagner.

Notre force a été de ne pas donner une once d'espoir à Toronto qu'il pouvait revenir dans la partie.

En plus, nous avons su être disciplinés. Nous n'avons pas écopé de beaucoup de fautes. De A à Z, je crois que l'Impact a disputé une partie détaillée et disciplinée. On a fait la preuve que lorsqu'on est collectivement fort en défense, on ne cède pas un pouce à l'adversaire. On n'a pas donné la chance au meilleur marqueur de la MLS, Sebastian Giovinco, de nous faire mal.

Déjà de retour au boulot chez l'Impact

Et maintenant le Crew

La série aller-retour en demi-finale d'association commence dimanche au Stade Saputo contre le Crew de Columbus. Ce n'est pas la même chose qu'une rencontre sans lendemain comme celle de jeudi face à Toronto. Je ne sais pas comment Columbus va aborder la rencontre. Le Crew voudra peut-être être plus défensif. Je ne sais pas.

Nous disputons ce premier match devant nos spectateurs dans une ligue où les équipes à domicile gagnent régulièrement. C'est à nous à profiter de l'occasion et d'offrir un match du même standard que nous avons offert il y a quelques jours. Il faut sortir de cette rencontre avec l'avantage et avec le sentiment d'avoir fait ce que nous devions faire. Ce sera notre troisième match en huit jours à la maison et on sait comment on peut être bons chez nous

*Propos recueillis par Robert Latendresse