Je vous écris, chers partisans, au beau milieu de notre party d’équipe.

Cette année, question de mettre fin à la saison sur une bonne note avant de repartir chacun de notre côté avec le sourire, on a décidé de se réunir pour une journée de paintball et de karting. On vient tout juste d’en sortir et en soirée, on se retrouvera tous ensemble pour souper avant de se quitter pour quelques mois.

J’ai proposé cette idée aux gars il y a un petit bout de temps. Lors des deux dernières années, on n’avait pas pris l’habitude de se dire au revoir convenablement à la fin de nos saisons. Tout le monde quittait la ville après notre dernier entraînement, comme si c’était une journée comme une autre. Mais aujourd’hui, dans le sport professionnel, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Qui sait qui sera encore là quand on sera convoqué pour le début du camp d’entraînement cet hiver?

Alors voilà, j’ai pris cette initiative en espérant avoir jeté les bases d’une nouvelle tradition annuelle. Pour les curieux, Heath Pearce a terminé la finale de karting sur la première marche du podium. Felipe a fini deuxième et je me suis hissé au troisième rang!

Je dois avouer que c’est avec un certain soulagement que j’ai accueilli la fin de cette saison. Bien sûr, la déception de voir tout ça se terminer sans une participation en séries était présence, mais ça faisait longtemps que nos matchs de championnat étaient sans enjeu et que notre qualification pour les quarts-de-finale de la Ligue des champions était assurée.

Maintenant, tout est fini est on peut vraiment commencer à penser à 2015. Nos déboires ont été documentés et analysés sous tous leurs angles. Nos performances seront revues et les décisions qui découleront de cette évaluation viendront en temps et lieu. Mais mentalement, on peut commencer à se concentrer sur un nouvel objectif.

J’ai déjà répondu à toutes les questions sur ma situation personnelle et je ne veux plus répéter. Je veux revenir avec l’Impact, je ne me vois jouer nulle part ailleurs. Pour le reste, on verra ce qui arrivera quand tout sera réglé.

Je n’ai pas de raison de vouloir arrêter. C’est sûr que j’ai eu des pépins physiques, mais pas assez pour me faire dire que j’en ai assez. En fait, à 35 ans, je prévois continuer encore un bout de temps. J’ai encore du bon soccer à offrir et en plus, je suis chez moi, dans ma ville. C’est important pour moi que mon association avec le club se finisse en bons termes, en sachant que l’équipe s’en va dans la bonne direction.

On sait où on s’en va

Lors du bilan de fin de saison, j’ai expliqué qu’un certain malaise né de la conclusion désastreuse de notre campagne 2013 enveloppait toujours l’équipe au début de la saison suivante et que finalement, on n’avait pas été en mesure de chasser nos démons à temps pour sauver les meubles en 2014.

Bilan d'une saison difficile

Pourquoi, alors, croire que les choses seront différentes l’an prochain, au lendemain d’une saison qui a généré un maigre total de six victoires?

Tout d’abord, notre récente fin de saison est beaucoup plus encourageante que ce qu’on avait traversé un an plus tôt. Oui, on était parvenu à entrer en séries l’année dernière, mais c’est aujourd’hui assez évident pour tout le monde qu’on n’était pas, à ce moment, la même équipe qui dominait le classement de son association au milieu de l’été, avant que tout ne dégringole.

Psychologiquement, l’entre-saison ne nous a pas permis de sortir de cet état de stupeur. On a débuté le calendrier sur des défaites, puis ont suivi quelques dégelées, et tout ça a eu pour effet de prolonger la remise en question. En plus, c’était un nouvel entraîneur qui héritait de tout ça.  

Certaines personnes sont peut-être sceptiques face à l’aspect psychologique de notre métier, mais dans le monde du sport professionnel de haut niveau, c’est un facteur très important. Dans la situation dans laquelle on se trouvait, le constat d’absence de progrès nous a rapidement fait tomber dans un endroit d’où il était difficile de remonter.

Mais le positif qui a émané de notre fin de saison fait en sorte qu’au moins, on sait un peu plus où on s’en va. On ne se faisait plus dominer et on pouvait voir que l’attitude des joueurs était empreinte d’une confiance nouvelle. Notre jeu collectif, dans son ensemble, a montré plusieurs signes encourageants.

Avec la Ligue des champions, on a déjà un objectif précis et relevé pour lancer notre saison 2015. C’est un grand événement! Pour Montréal, ce sera une première depuis 2009. Alors déjà, dès le début de notre camp d’entraînement, on aura la chance de pouvoir se préparer pour un match de très grande importance. L’appréhension émotive ne sera pas la même, ce sera un stimulus supplémentaire extrêmement valorisant.

Appel au leadership

Il ne fait aucun doute que les départs d’Alessandro Nesto et Davy Arnaud l’hiver dernier ont créé un trou qui n’a pas été comblé. À ces noms s’ajoute maintenant celui de Marco Di Vaio, notre nouveau retraité.

Maintenant, d’autres devront chausser les crampons de ces leaders.

La perte de joueurs de cette envergure laisse un vide dans le vestiaire, mais aussi sur le terrain. Davy, par exemple, était un col bleu, un vrai travaillant à qui je savais que je pouvais m’associer. Si ça n’allait pas bien pour moi, je savais que je pouvais me fier sur lui et vice-versa. Tout ne doit pas seulement reposer sur une personne. On n’est pas dans une structure militaire où le général dit « On va à la guerre! » et tout le monde va à la guerre. C’est en groupe qu’on doit se tenir et marcher ensemble dans une direction commune.  

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Et ça ne veut pas dire que le leader, c’est le gars qui a 30 ans avec une tonne d’expérience. Tout le monde peut développer son identité et prendre plus d’initiative. Un jour ou l’autre, les jeunes diplômés de l’Académie vont comprendre que c’est leur équipe et vont commencer à prendre un peu plus de place, à aider la structure de vétérans qui seront invités à revenir, que ce soit moi, Matteo Ferrari, Troy Perkins, Evan Bush, Hassoun Camara, Heath Pearce, etc.

Pour se hisser vers le haut, une seule personne ne peut tirer tout le monde. Oui je suis capitaine, mais d’autres devront ressortir. C’est d’ailleurs un message que je lance à mes coéquipiers : ne restez pas assis en croyant que les choses vont mieux aller si on ne fait que suivre l’exemple d’un ou deux joueurs. Il faut plutôt que chacun se demande ce qu’il peut faire pour contribuer à la cause de l’équipe.

Je veux voir des joueurs montrer qu’ils veulent prendre plus de place, dans le vestiaire, mais aussi sur le terrain.

Attaquant à remplacer, structure défensive à revoir

En Marco, l’organisation perd un joueur désigné, un attaquant qui a apporté beaucoup au cours de son passage au Québec. C’est maintenant au personnel technique d’évaluer nos besoins à cette position.

Présentement, à l’interne, on compte sur Jack McInerney et Anthony Jackson-Hamel. Voudra-t-on se tourner vers un nouveau joueur désigné ou un élément offensif qui sévit actuellement ailleurs dans la MLS? Je suis pas mal certain que les dirigeants de l’organisation se penchent déjà sur le dossier. Reste à voir si la réponse viendra avant le début de la prochaine saison. On sait que Marco était arrivé au milieu d’une saison, tout comme Ignacio Piatti.

Il ne faut d’ailleurs pas l’oublier, celui-là. Il a brillé à son arrivé et l’an prochain, il sera notre leader technique. Il faudra qu’il doit bien entouré, par contre, pour qu’on puisse lui permettre de s’épanouir.

À l’autre bout du terrain, c’est sûr qu’il faudra solidifier la défensive, mais peut-être qu’il faudra surtout revoir le système défensif. On peut bien blâmer les gars qui jouent directement devant le gardien, mais on a une certaine façon de jouer qui nous expose à des contre-attaques, qui  ouvre des failles. Il faudra qu’on resserre notre protection.

Notre structure en général devra être revue pour s’assurer qu’on s’entraide efficacement.

Le travail n’est pas fini

De mon côté, ma saison n’est pas finie. Dans dix jours, je m’en irai avec l’équipe nationale pour prendre part à un match contre le Panama, alors je ne finirai réellement qu’à la mi-novembre.

Après, je prendrai une semaine de congé pour ensuite commencer à attaquer la préparation hors-saison. L’an dernier, j’avais passé beaucoup de temps à ne rien faire parce que je devais attendre mon opération. Cette fois, je n’aurai pas ce problème.

Comme les joueurs de hockey, il n’y a pas vraiment de saison morte au soccer. Tu n’es plus sur le terrain, mais tu prépares quand même ton corps pour la saison qui vient. Je n’irai pas jouer au soccer à chaque jour, mais j’aurai un programme à suivre pour maintenir la forme et rebâtir ma capacité physique, solidifier ma charpente pour qu’elle soit prête pour les rigueurs d’un calendrier de neuf ou dix mois.

Rien faire pendant deux mois, ça n’existe plus dans le sport professionnel!