Il y a de quoi se réjouir du résultat obtenu lors du retour au boulot à Vancouver. Compte tenu des circonstances, un match nul peut difficilement être plus satisfaisant que celui-là.

Quelques circonstances? Eh bien d’abord, on foulait le terrain d’un adversaire. Un terrain à la surface particulière et un adversaire qui n’avait pas subi la défaite à ses sept dernières parties. On était aussi privé de trois morceaux réguliers du côté offensif en Di Vaio, Felipe et Mapp. Maxim Tissot a joué à une position qui ne lui est pas naturelle et Gorka Larrea a été envoyé dans la mêlée pour la toute première fois de la saison.  

Aussi, l’attaque des Whitecaps avait fourni sept buts lors des deux derniers matchs de l’équipe. Vancouver forme une équipe très rapide qui cherche constamment les espaces. C’était un gros défi pour une équipe comme la nôtre qui en avait concédé 26 en seulement onze matchs de championnats avant d’arriver en Colombie-Britannique.

Pour toutes ces raisons, donc, un match nul de 0-0 est bien reçu. Le point se prend bien, mais le blanchissage encore mieux. On a été très bien organisé et on s’est bien battu jusqu’à la fin.

On a bien fait en première demie, on n’a vraiment rien donné aux Whitecaps. Le match a été plus ouvert au retour de l’entracte. On a concédé quelques occasions, surtout sur des coups de pied arrêtés, mais on s’est aussi créé nos propres chances de marquer. Dans l’ensemble, ils ont peut-être eu l’avantage au niveau de la possession, mais je n’ai pas senti qu’ils créaient vraiment des opportunités menaçantes. Oui, Troy a dû effectuer quelques bons arrêts, mais rappelez-vous des chances manquées par Jack McInerney et de la barre transversale frappée par Maxim Tissot...

Tout le monde s’est poussé au maximum. J’espère qu’on pourra maintenant utiliser ce match comme point de référence pour le début d’une deuxième moitié de saison que l’on espère profitable.

Gorka, qui a débuté le match à mes côtés en milieu de terrain, a bien joué. C’est un joueur qui couvre beaucoup de terrain et qui est patient avec le ballon. On voyait qu’il n’avait pas quatre ou cinq matchs d’expérience au sein du groupe, mais c’était tout de même facile de jouer avec lui. Il avait déjà démontré beaucoup de belles choses à l’entraînement et avec plus d’action dans les jambes, on croit qu’il nous en donnera encore plus.

Gorka est arrivé à Montréal par un processus un peu spécial, c’est-à-dire qu’on lui a accordé un essai de quelques semaines au terme duquel, après avoir fait ses preuves, on lui a offert un contrat.

Plusieurs joueurs viennent à l’essai avec un club de soccer, mais c’est quand même rare d’en voir signer, surtout une fois la saison amorcée. Mais dans le cas de Gorka, le fait qu’il ait été dans l’entourage de l’équipe pendant si longtemps avant de faire ses débuts a probablement facilité son adaptation sur le terrain. Avant même qu’il signe son contrat, il faisait déjà partie des parages. Il doit connaître Montréal mieux que moi! C’est un gars très curieux et aventurier et depuis qu’il est en ville, il passe son temps sur Internet pour se trouver des activités. Il reste à l’hôtel, alors aussi bien partir à la découverte!

En tout cas, il s’est aussi bien intégré à l’équipe qu’à son nouveau milieu.

Effet de groupe en construction

Maxim aussi a joué un bon match à sa nouvelle position. Déjà, comme défenseur latéral, il apporte beaucoup au club offensivement. Dans le rôle qui lui a été confié à Vancouver, il a fait partie de certains de nos bons coups à l’attaque. Ce n’est jamais facile de transférer à une position où tu n’es pas tout à fait à l’aise, mais il s’en est bien tiré. Maintenant, il faut qu’il enchaîne et poursuive avec régularité.

Au foot, on évolue maintenant à une époque où un joueur doit être polyvalent. À moins d’être un attaquant de pointe ou un défenseur central, tu dois être capable de graviter à différentes positions. Évidemment, on en a tous une où on est plus à l’aise, mais il faut garder l’esprit ouvert. On nous prépare à l’avance à l’entraînement et lorsque la demande est faite, il faut faire ce qu’on nous demande pour aider la cause de l’équipe.

Les expériences ont été nombreuses cette saison chez l’Impact et d’une certaine façon, c’est sûr que ça ne nous a pas aidé dans notre quête de constance qui nous fait défaut depuis le mois de mars.

Quand on pratique un sport, on recherche toujours cette cohésion, ce synchronisme qui fait que les gars se reconnaissent pratiquement les yeux fermés. Il y a des automatismes qui doivent se former. Ils rendent notre travail plus facile sur le terrain, surtout dans les moments difficiles. Cet effet de groupe, c’est ce qu’une bande de coéquipiers recherche le plus.

J’espère que le résultat obtenu à Vancouver, avec la contribution tardive des jeunes Eric Miller, Wandrille Lefèvre et Santiago Gonzalez, va aider à souder le groupe, à former des liens encore plus forts, à y croire encore plus.

Les dents de Suarez

On est à la veille d’aborder les choses sérieuses à la Coupe du monde alors que la phase de groupes tire à sa fin. La semaine dernière, je vous exprimais ma surprise de voir une puissance comme l’Espagne être renvoyée à la maison de manière aussi expéditive. Aujourd’hui, laissez-moi vous donner mon avis sur l’incident Suarez.

En réfléchissant à cette affaire avec des coéquipiers, on se disait qu’il y avait deux facettes au monde sportif. Il y a le côté récréatif, amateur, qui te permet d’apprendre les valeurs et les nobles principes véhiculées par la pratique de l’activité physique. Et puis il y a le côté compétitif, où un athlète est programmé pour tout faire pour gagner. Parfois, certains dépassent les bornes. Dans leur tentative d’intimider ou de déstabiliser l’adversaire, ils utiliseront des méthodes auxquelles on est moins habitué.

Luis SuarezC’est comme ça que je le vois. Peut-être que Luis Suarez a simplement voulu attirer l’attention de Chiellini  pour essayer de le faire riposter et peut-être lui faire prendre un penalty. Avec les 64 caméras dans le stade et les médias sociaux, ça a rapidement fait le tour du monde et outragé plusieurs personnes. Mais moi, je suis partagé. À mon avis, c’est du déjà vu, le genre de truc que l’on voit dans tous les sports.

Je n’oublierai jamais quand Steve Ott avait tenté de lécher le visage de Jeff Halpern lors d’une mise en jeu dans un match entre le Canadien et les Sabres de Buffalo. Pensez aussi à un gars comme Milan Lucic, qui ne recule devant rien pour se faire détester par ses adversaires. Dans la NFL, on a déjà vu un gars comme Bill Romanowski cracher au visage d’un rival.

Dans un monde où seul le résultat compte, où l’enjeu est tellement grand, où l’argent est partout, c’est le genre de chose qui a toujours existé et qu’on n’a pas fini de voir.

Bon, ça ne veut pas dire que le geste de Suarez n’est pas répréhensible, surtout que c’est n’est pas la première fois qu’il commet pareille offense. Mais à chacun sa limite!

Pour ce qui est de la sanction qui lui a été attribuée, je ne la trouve pas trop sévère. Après la Coupe du monde, il ratera quelques matchs en championnat et sera de retour en octobre ou en novembre. Au final, il aura raté quoi, un mois et demi de sa saison? Si on l’avait banni pendant dix mois, j’aurais dit qu’on tentait de passer un message. Mais là, si on compare à ce qu’il a eu auparavant, c’est dans la norme.

Par contre, son départ est une grosse perte pour l’Uruguay. Tout n’est pas perdu pour cette équipe bien organisée défensivement, mais sans son principal élément offensif, ça complique drôlement les choses. Depuis qu’il est revenu de sa blessure, Suarez aimante les défensives adverses. Son entente avec Cavani à l’avant caractérisait l’attaque de l’Uruguay. Sans lui, je doute que l’Uruguay puisse espérer faire aussi bien qu’en 2010.