MONTRÉAL – Le nom qui était sur toutes les lèvres après la victoire de l’Impact face aux Sounders de Seattle n’était pas sur celles de Frank Klopas.

Alors que tous ceux qui l’entouraient semblaient à la recherche du qualificatif parfait pour décrire la brillante performance de Laurent Ciman, l’entraîneur-chef a plutôt choisi de réserver ses plus beaux compliments pour Victor Cabrera.

Au moment où son club vient d’enjamber le cap de la mi-saison, Klopas continue de répéter qu’il est toujours à la recherche des combinaisons idéales au sein de sa formation partante. Il ne s’agit pas nécessairement de mandater les onze meilleurs joueurs, martèle-il depuis quelques semaines, mais les onze personnalités qui sauront le mieux travailler ensemble.

Samedi soir, Klopas parlait comme un gars qui avait trouvé sa formule gagnante en défense centrale.

« Victor a été fantastique ce soir, a vanté sans se faire prier le stratège de l’Impact. C’est un travailleur acharné et un défenseur très agressif. Il est excellent à un contre un et couvre bien derrière quand Laurent se lance vers l’attaque. »

« Je trouve qu’il apporte un bel équilibre. C’est ce qu’on recherchait et on l’a trouvé avec ces deux gars-là à l’arrière », a éventuellement tranché le coach.

Ciman est de loin le plus téméraire de cette paire qui tient bon depuis maintenant cinq rencontres. Guettant la moindre occasion d’appuyer l’attaque, il est l’incontrôlable étalon qui sautera sans hésiter par-dessus la clôture de son enclos pour aller courir avec le vent dès qu’il sentira qu’on le laisse sans surveillance.

Ciman soulève le Stade Saputo

Cabrera, du haut de ses 22 ans, n’a donc pas le choix d’être le plus sage du duo, la soupape de sécurité qui calme le jeu lorsque la pression est renversée.

« On a investi beaucoup de temps à l’entraînement pour travailler sur notre construction offensive à partir de la défense et sur la façon d’attaquer sans s’exposer à l’arrière, expliquait le gardien Evan Bush après son quatrième jeu blanc de la saison. Victor s’est donné comme mission de rester en retrait lorsque Laurent part vers l’avant et depuis, la chimie entre les deux est fantastique. »

« Laurent aime monter et Frank me demande de le couvrir, c’est tout. Je fais simplement ce qu’on demande de moi. Si je ne le fais pas, on va prendre vingt buts par match! », rigolait humblement Cabrera, un défenseur central naturel qui a dépanné au poste de latéral droit pendant les huit premiers matchs de la saison avant de subir une blessure à une cheville.

« En même temps, c’est dangereux, reconnaissait quant à lui Ciman, conscient de ses responsabilités. Si je commence à faire n’importe quoi sans respecter les tactiques, on se retrouve avec du un contre un derrière avec Victor. Je dois être discipliné même si j’ai le goût d’avancer, même si je veux aller donner un coup de main à l’équipe parce que je vois qu’on est en difficulté. »

L’expérience, même si elle s’avère jusqu’ici un succès, a nécessité quelques ajustements importants, notamment au niveau de la communication. Depuis le début de la saison, Ciman a été jumelé douze fois à Bakary Soumare, qui évolue maintenant sous d’autres cieux, et sept fois à Wandrille Lefèvre. Dans les deux cas, l’international belge pouvait faire son travail en français, sa langue maternelle.

Ciman anime le spectacle

Mais Cabrera, un Argentin, s’exprime uniquement en espagnol. L’ajout d’une troisième langue dans la ligne arrière a certes augmenté le coefficient de difficulté, mais il s’agit là d’une barrière qu’on apprend vite à franchir lorsqu’on fait métier dans le monde du soccer.

« Dans le football, il y a toujours un langage universel, fait remarquer Ciman. D’accord, il y a des mots que je dois dire en espagnol alors qu’il essaie de me répondre en anglais. Ce n’est pas évident, mais il faut nous laisser du temps par rapport à ça aussi. »

Cabrera, lui, avance qu’il y a du bon à maintenir une communication limitée avec son partenaire. Par exemple, les crisettes occasionnelles de Ciman, qu’on connaît aussi pour son caractère bouillant, ne peuvent l’atteindre. « Ça ne me fait pas grand-chose parce que je ne comprends rien de ce qu’il dit! », lance-t-il à la blague.

« Je me sens très confortable avec lui, reprend-t-il ensuite sur un ton plus sérieux. Sur le terrain, Laurent est très sérieux et très calme. Je le regarde et j’apprends beaucoup de lui. C’est sûr qu’on ne s’exprime pas de la même façon, mais j’essaie d’être attentif et d’en faire le plus possible. Pour l’instant, ça marche bien. »