« Je ne me préoccupe pas de la tendance. Nous, on a tendance à créer des surprises »

Ces mots, prononcés par Patrice Bernier quelques heures avant le duel contre D.C. United, nous démontrent que l’Impact s’amenait à Washington avec une mentalité de négligé, mais aussi avec un esprit de guerrier. Le capitaine voulait voir du cœur et de la confiance et son souhait a été exaucé.

L’Impact est maintenant de retour à Montréal et les hommes de Mauro Biello s’entraîneront vendredi, en vue du nouveau défi qui se présentera dans à peine 48 heures.

Dans l’environnement de l’équipe, il ne fait aucun doute que la confiance est à son apogée après cet exploit sur le terrain du vétuste RFK Stadium jeudi soir. Non seulement l’Impact a déjoué les pronostics en neutralisant la meilleure attaque de la ligue depuis le mois de juillet, pendant presque un match complet (on reviendra sur ce ralentissement en fin de match sous peu), la façon avec laquelle l’équipe s’est comportée sur le terrain mérite d’être saluée d’un bon coup de chapeau.

Dès la séance d’échauffement, on pouvait voir à quel point les joueurs étaient concentrés sur la tâche importante qui les attendait. Les regards étaient fixés sur l’objectif de surprendre un adversaire qui avait le vent dans les voiles depuis plusieurs semaines et dont tout le monde vantait les qualités lors de la semaine précédant le match décisif.

Les premières minutes du match nous ont permis de constater que les joueurs de D.C. United manquaient de rythme. Le but de Laurent Ciman dès la 4e minute de jeu a donc fait une différence énorme, puisqu’à partir de ce moment, l’Impact a pu jouer le match selon son identité propre : la contre-attaque. N’eût été ce but rapide, les locaux auraient certainement trouvé du rythme à un certain point, mais c’est le contraire qui s’est produit, puisque l’Impact se retrouvait dans sa zone de confort, en neutralisant l’adversaire défensivement, puis en relançant rapidement le jeu vers l’avant.

L’entraîneur de D.C. United, Ben Olsen, a d’ailleurs été fort élogieux après le match :

« Nous venons d’affronter l’une des meilleures équipes des dernières années, sur le plan de la contre-attaque. »

Olsen savait fort bien qu’il serait extrêmement difficile de remonter le pointage, puisque le Bleu-blanc-noir a les qualités pour trouver les espaces offensivement. Ignacio Piatti et Matteo Mancosu nous en ont fait la preuve, avec une performance étincelante.

Mon entrevue à la mi-temps avec Laurent Ciman était selon moi l’indication parfaite de l’état d’esprit de l’équipe sur le terrain. Le général de la défense ne voulait rien savoir de parler de son premier but de la saison. Il rappelait que son équipe devait tenir le fort et demeurer concentrée en deuxième mi-temps, parce qu’on savait très bien que D.C. United avait les outils pour remonter. Ils avaient d’ailleurs marqué au moins deux buts dans neuf matchs consécutifs!

Émotion, momentum, exécution

D.C. United 2 - Impact 4

Lors d’une conversation d’avant-match avec Mauro Biello, jeudi matin, l’entraîneur m’indiquait qu’il insisterait sur trois mots clés dans son message à ses joueurs avant la rencontre : émotion, momentum et exécution.

Émotion, parce qu’il fallait savoir les gérer dans le match. Trop souvent cette saison, l’Impact s’est laissé déconcentrer par des impondérables pendant une rencontre. Décisions controversées, tacles agressifs qui font réagir trop vivement, etc. C’est dans ces moments où le rythme monte en flèche que les erreurs peuvent survenir. Ces moments ont été gérés admirablement par l’Impact dans le match de barrage. On n’a jamais senti D.C. United à l’aise dans cette rencontre, parce que collectivement, tout le monde dans le camp montréalais affichait un niveau de concentration irréprochable.

Momentum, parce que l’Impact aurait pu tomber dans une certaine zone de confort après avoir marqué un et deux buts dans ce match. Mais les joueurs se sont assurés de garder un bon rythme, en continuant d’appliquer leurs principes de jeu et en continuant de profiter des occasions offertes par l’adversaire. Le meilleur exemple de cet état d’esprit? Les réactions sur le banc à chacun des buts. Des réactions vives et spontanées, mais empreintes d’une belle retenue, parce qu’on savait fort bien que le match n’était pas terminé, tant que le coup de sifflet final n’avait pas retenti dans le stade.

Exécution, parce qu’au-delà de l’état d’esprit, il fallait que les enchaînements soient fluides sur le terrain. Dans un premier temps, Biello voulait voir une équipe compacte qui ne donnait pas d’espace dans son territoire, mais aussi un groupe affamé, prêt à chasser chaque ballon pour le récupérer rapidement. Il fallait aussi que les passes soient précises pour contrer la pression de l’adversaire et s’assurer que les gestes soient bien synchronisés dans le tiers offensif. Nul doute que ces aspects ont été parfaitement maîtrisés. Oui, D.C. United a marqué deux buts dans les dernières minutes, mais Laurent Ciman a fourni une bonne explication pour nous faire comprendre les causes. En fin de match, Biello a fait entrer Wandrille Lefèvre, pour passer à un schéma à cinq défenseurs. Ciman avouait après le match que ce schéma n’a pas souvent été répété à l’entraînement et qu’il y avait un peu de confusion au niveau de la couverture défensive. Bref, heureusement que l’Impact avait un bon coussin, mais c’est aussi évident que le fait de mener par quatre buts change les choses un peu mentalement et qu’une baisse de régime était possiblement à prévoir.

Le retour de Drogba?

« Si Didier se sent bien, il devient une option »

Didier Drogba s’est finalement rendu à Washington pour encourager ses coéquipiers. Installé dans les hauteurs du RFK Stadium, l’Ivoirien a assisté à cette rencontre comme spectateur, avant d’accueillir ses coéquipiers à leur sortie du terrain, après cette victoire admirable.

Les joueurs ont apprécié la présence de Drogba et espèrent maintenant qu’ils pourront le revoir sur le terrain pour le prochain chapitre, contre les Red Bulls.

D’ailleurs, réglons une chose, il n’y a jamais eu de malaise dans le vestiaire entre Drogba et ses coéquipiers. De l’extérieur, on peut parfois penser que la situation est mal reçue par les joueurs, mais depuis le début, ils nous rappellent que le conflit qui existe entre Drogba et son entraîneur n’a pas eu d’impact dans le vestiaire. La performance d’hier nous le prouve, les joueurs sont en mission et ne veulent pas se laisser distraire par tout ce qui se passe hors du terrain.

C’est à souhaiter que le différend soit bel et bien réglé entre Drogba et ses patrons et que le malaise au dos soit chose du passé, parce que bien que les choses se soient bien déroulées contre D.C. United, la tâche qui attend les Montréalais contre les Red Bulls de Jesse Marsch est une tout autre paire de manches.

Cette équipe a un système de jeu qui frôle la perfection, tellement il est bien appliqué par les joueurs. Ce n’est pas pour rien que personne n’est arrivé à battre les taureaux rouges depuis le 3 juillet. Si l’Impact veut causer la surprise et battre la meilleure équipe dans l’Est, la présence d’un buteur remarquable comme Drogba sur le banc pourrait être suffisante pour susciter un doute dans le camp adverse. Et puisque Mancosu et Piatti fonctionnent à plein régime, je pose la question :  pourrait-on voir Drogba sur le terrain dans un rôle où il serait en soutien à Mancosu? En sachant à quel point le numéro 11 aime décrocher de sa position d’attaquant pour aider le milieu de terrain, ajouté au fait qu’il est plutôt doué pour passer le ballon, je pense que la question se pose.

À suivre! Bon soccer les amis.

Ciman ne perd pas de temps!
Mancosu frappe un grand coup!
Une tête parfaite!
La cerise sur le Nacho!