MONTRÉAL – Après une récente défaite aux mains du Fire de Chicago, les joueurs de l’Impact avaient senti le besoin de se parler dans le blanc des yeux pour se vider le cœur et remettre les pendules à l’heure. Les effets bénéfiques de cette rencontre auront été éphémères.

À peine deux semaines plus tard, tout serait à recommencer. L’échec retentissant encaissé mercredi lors de la visite d’Orlando City SC a ramené à la surface ces mêmes sentiments de frustration et d’incompréhension propices à l’introspection. Sauf que cette fois, les joueurs du Bleu-blanc-noir ont décidé qu’il n’y aurait pas de réunion.

« Pas besoin de parler. Il faut jouer, il faut agir. Il faut gagner des matchs, c’est aussi simple que ça », a résumé Patrice Bernier vendredi matin.

Talk is cheap, aurait probablement dit Nigel Reo-Coker s’il était encore dans les parages. Et il aurait eu raison. Avec seulement sept matchs à disputer au calendrier régulier de la MLS, il est temps pour l’Impact de garder ses meilleurs arguments pour le terrain et de commencer à aligner des résultats positifs.

L’objectif paraît simple, vital même si on veut se positionner parmi les équipes de référence de son association, mais il est pourtant hors d’atteinte depuis maintenant cinq mois à Montréal. C’est un constat déconcertant quand on se rappelle que cette même équipe avait été capable d’une impressionnante séquence de six matchs sans revers à pareille date l’an dernier et qu’elle a débuté sa saison 2016 avec deux séries de victoires distinctes.

« On est inscrit dans un championnat très homogène, donne pour explication Hassoun Camara. Finalement, il n’y a pas beaucoup d’équipes qui ressortent du lot. Peut-être une, à Dallas, mais finalement tout le monde est concerné par les séries et tout le monde peut être accroché. Ces résultats mis en perspective dans une globalité, on voit que le championnat est très serré. Il n’y a aucune équipe qui a enchaîné six, sept victoires d’affilée. Tout le monde peut battre tout le monde. »

Camara omet toutefois de mentionner que New York City FC, le meneur dans l’Est, a connu des séquences de quatre et trois victoires consécutives à différents moments de la campagne. Ou que les Red Bulls de New York, qui suivent un point derrière, ont connu trois séquences victorieuses en plus d’une série de dix matchs où ils ont récolté au moins un point.

« Les bonnes équipes sont en première place », a lui-même lucidement évoqué l’entraîneur Mauro Biello après la plus récente défaite des siens. Et ainsi, logiquement, elles ne cherchent pas à expliquer pour elles n’y sont pas, pourrait-on ajouter.

« C’est normal après la saison qu’on a connue et comment on a terminé l’année passée. Les attentes sont très élevées et quand c’est le cas, il y a souvent des déceptions, tentait de justifier Biello, plus posé, vendredi. Mais la réalité, c’est qu’il y a une grande parité dans cette ligue. [...] Regarde les deux finalistes de la saison passée, Columbus et Portland, qui sont en difficulté. En Europe, c’est toujours Manchester United et City qui se battent pour la tête, mais ici, tout le monde peut battre tout le monde. »

Si Biello avait retrouvé sa bonne humeur – « quelqu’un m’a dit que le soleil va toujours se lever! », a-t-il philosophé, souriant, à son arrivée devant les journalistes – son capitaine était un peu plus à pic.

« Je vous parle parce que je n’ai pas le choix. C’est ma responsabilité. Mais pour moi, maintenant, ce sont les actions qui parlent. Je ne veux pas me tenir devant vous et vous dire qu’on gagnera nos sept derniers matchs. C’est le terrain qui va parler. [...] On n’a pas le temps de pleurer sur notre sort. Il reste sept matchs, il faut agir. On peut bien dire tous les mots qu’on veut, il faut aller sur le terrain et aller chercher des victoires. »

Le travail avant le talent

Si Bernier préfère laisser parler ses crampons, il se dit d’accord avec l’exaspération affichée ouvertement par son coach après l’incompréhensible défaite de mercredi.

« Mauro a dit ce qui était la réalité du jour. On s’est effondré dans des circonstances où ça aurait dû être facile de se présenter. Il y a quand même des choses qui changent la donne en cours de match, mais il faut qu’on soit prêt. Il reste sept matchs, ça sera sept finales. Si on veut aller où on veut, il faut réaliser qu’on est plus attendu, qu’on a des objectifs plus élevés, qu’il y a une pression et il faut savoir vivre avec cette pression. »

En déclarant qu’il fallait « arrêter de dire qu’on est une bonne équipe », Biello a insinué que le talent ne suffisait pas et que son équipe ne mettait peut-être pas les efforts nécessaires pour obtenir les résultats recherchés. Bernier n’a pas nié lorsqu’on lui a demandé si le onze montréalais était tombé dans la complaisance cette saison en attendant que les vedettes du club fassent la différence.

« Je l’ai dit plusieurs fois, dans cette ligue, le talent, c’est beau, mais ce n’est pas comme en Europe, ce n’est pas pareil. L’ADN de cette ligue, c’est que chaque match, c’est 90 minutes de travail. On l’a vu, il y a des équipes qui ne sont pas élégantes, qui sont moins bonnes que nous sur papier, mais qui trouvent des façons de gagner. Combien de matchs a-t-on vu où le score est 1-0 avec dix minutes à faire et ça se termine 3-2? Ça veut dire qu’un match n’est jamais fini tant que l’arbitre n’a pas sifflé à la fin. On a beaucoup de talent, mais c’est le travail qui permet au talent de surpasser le reste. »

L’Impact tentera de se relancer samedi alors qu’il rendra visite à l’Union de Philadelphie, victime d’un massacre de 5-1 au Stade Saputo le 23 juillet dernier. Depuis, la formation de la Pennsylvanie affiche elle aussi un rendement inconstant. Elle a signé des victoires impressionnantes sur la route contre la Nouvelle-Angleterre et Kansas City, par exemple, mais a été blanchie à domicile par le Fire de Chicago à sa dernière sortie.

L’Union occupe présentement le quatrième rang du classement dans l’Est avec trois points d’avance sur l’Impact qui a disputé un match de moins.

« On l’aborde avec un esprit de revanche, dit Hassoun Camara. Je pense qu’on doit quelque chose aux partisans et aussi à nous-mêmes. Ça a été difficile dans notre façon de jouer et on a vraiment à cœur de se racheter. [...] On va là-bas pour ramener trois points. Avec sept matchs à jouer, il n’y a plus trop de questions à se poser. »