Joey Saputo est en mission. S'il a raté son coup lors de la dernière expansion de la Major League Soccer, il ne le ratera pas lors de la prochaine. Pour ce faire, il entend demander l'aide des gouvernements pour financer l'agrandissement du stade Saputo.

C'est ce que le président de l'Impact a annoncé, mercredi soir, lors du banquet annuel de l'équipe.

«Le portrait a changé. Il faut viser le plus haut niveau possible au Canada et aux États-Unis.»

Le portrait, c'est Vancouver et Portland qui s'apprêtent à quitter les United Soccer Leagues pour passer en MLS. Montréal sera donc, à compter de 2011, la seule équipe canadienne en USL. D'autres gros marchés, Toronto et Seattle, ont aussi fait le saut ces dernières années. Bref, les USL deviennent de moins en moins attrayantes... et la MLS fait de plus en plus de sens aux yeux de Joey Saputo.

La facture est cependant salée. La MLS avait fixé à 40 millions de dollars, cette année, le prix d'entrée pour les deux équipes lors de la dernière expansion. Vancouver et Portland ont finalement payé 35 millions de dollars, les paiements devant être étalés sur une période de cinq ans. Ajoutez à cela que la MLS exige, ou suggère fortement que chaque équipe ait un stade pouvant accueillir 20 000 personnes, et l'investissement devient plutôt énorme.

En bon homme d'affaires, Joey Saputo pensait pouvoir négocier avec la MLS. Dans son dossier de candidature envoyé à la ligue pour l'expansion de 2011, plutôt que de signaler qu'il allait bêtement payer les 40 millions demandés, il offrait un montant global de 45 millions de dollars canadiens.

Ce montant incluait les frais d'agrandissement du stade Saputo, des frais qui viennent en quelque sorte automatiquement avec l'obtention d'une équipe d'expansion, puisque le stade ne peut actuellement accueillir que 13 000 spectateurs. L'idée a été rejetée, sans négociations, par la MLS. Saputo a appris qu'il avait été écarté de la course pour obtenir une équipe, et ce, sans même pouvoir faire une seconde offre.

Quand les dossiers de Vancouver et Portland ont été choisis par la MLS le mois dernier, le président de l'Impact est demeuré silencieux. Il a refusé de nombreuses demandes d'entrevues, préférant réfléchir à ce qu'il devait dire, tout en planifiant la suite. La suite, on la connaît maintenant. Saputo ne pourra tout faire seul et demande l'aide des gouvernements pour obtenir 25 millions de dollars qui serviraient à agrandir le stade Saputo.

Après tout, d'autres l'ont fait avant lui. À Toronto, le gouvernement fédéral avait offert 27 millions de dollars, le gouvernement de l'Ontario ajoutant 8 millions, et la ville 9,8 millions pour la construction du stade qui allait devenir le BMO Field, maison du Toronto FC. Coût total du stade : 62 millions de dollars (72 millions, en incluant le prix du terrain).

À Vancouver, les Whitecaps, s'ils gardent ce nom en MLS, vont élire domicile au BC Place qui sera rénové en vue des Jeux olympiques de 2010. Les rénovations devraient coûter 365 millions de dollars. Les Whitecaps n'en paieront rien, ne faisant que louer le stade pour y jouer leurs matchs à compter de 2011.

Joey Saputo, lui, ose donc demander un « maigre » 25 millions de dollars. Les discussions sont même déjà en cours avec le gouvernement du Québec. L'agrandissement du stade Saputo ne serait toutefois effectué qu'advenant une réponse positive de la MLS lors de la prochaine expansion. « Si on reste en USL, je ne pense pas qu'on ait besoin d'un stade de 20 000 places. »

La MLS risque donc de faire changer bien des choses dans le quotidien de l'Impact, qui est présentement, rappelons-le, un organisme à but non lucratif.

«L'idée, c'est d'être prêt quand la prochaine expansion arrivera. Nous serons les premiers en ligne», de préciser un président fort décidé.

Crise économique: et Gillett dans tout ça?

La crise économique a frappé le partenaire de Joey Saputo dans cette aventure de la MLS. Vous le savez, George Gillett, le propriétaire du Canadien, voudrait apparemment se départir de son équipe de hockey. Joey Saputo a d'ailleurs refusé de commenter la situation, lui qui est vu, avec sa famille, comme un acheteur potentiel du tricolore.

Si Gillett a des problèmes financiers, Saputo peut-il encore compter sur son ami pour s'impliquer dans le dossier de la MLS? « Pour l'instant, disons que je prends les commandes. Une fois que tout sera confirmé, que le gouvernement nous aura accordé l'aide dont nous avons besoin, et que la MLS sera prête à nous accueillir, je demanderai alors à George Gillett s'il veut encore être un partenaire ».