La victoire des Blue Jays est un peu celle du Québec aussi. Ça commence avec Alex Anthopoulos, l'architecte de cette équipe qui a fait ses classes dans l'organisation des Expos. La liste des joueurs qu'il a échangés ou obtenus dans des transactions est impressionante : Roy Halladay, Vernon Wells, Mike Napoli et Colby Rasmus.

Mais c'est en novembre 2012 que l'équipe qui a remporté le championnat de l'Est de l'Américaine a pris forme. Transaction avec les Marlins de Miami impliquant huit joueurs, dont Mark Buehrle. Le 17 décembre de la même année, il obtient le gagnant du trophée Cy-Young, R.A. Dickey des Mets de New York.

Ça se poursuit l'hiver dernier quand il échange le troisième but canadien Brett Lawrie à Oakland en retour de Josh Donaldson. À la même période, il met la main sur le receveur et joueur autonome Russell Martin. Au mois de juillet, à la surprise de tous, il obtient Troy Tulowitzki et quelques jours plus tard, la cerise sur le sundae, le lanceur David Price. Enfin, dans une transaction qui a fait beaucoup moins de bruit, mais qui s'est avéré un excellent coup, Ben Revere s'amène à Toronto pour patrouiller le champ gauche.

À ce moment, les Blue Jays ont un dossier de 50 victoires et 51 défaites et huit matchs de retard sur le premier rang de leur section. Grâce à une fiche de 42-15, ils amorcent une poussée irrésistible jusqu'au championnat de leur division.

Peu de directeurs généraux ont été aussi audacieux qu'Anthopoulos au cours des dernières saisons. Même si le travail n'est pas terminé, il peut mission accomplie. Une équipe de Toronto fait l'unanimité au Canada et ce ne sont certainement pas les Maple Leafs qui vont s'en plaindre. Ils vont pouvoir se faire oublier pendant les prochaines semaines!

Du hockey sur le lac

Dieu merci, le camp d'entraînement tire à sa fin. Jeudi et samedi, on verra à peu de choses près, l'équipe qui va débuter la saison à Toronto. Tout le monde s'accorde à dire que le calendrier préparatoire est trop long. Cinq parties seraient amplement suffisantes pour préparer une équipe, surtout quand on sait comme à Montréal qui va rester et qui va partir.

Ce qu'on avait tous hâte de voir c'est la prolongation à trois contre trois. Et très franchement, j'ai du mal à m'emballer pour le concept. Je sais que le chiffres donnent raison à la LNH, qui voulait réduire le plus possible le nombre de matchs qui se décidaient en tirs de barrage, mais pour reprendre l'expression de mon collègue Denis Gauthier, il y a tellement d'espace sur la patinoire que ça ressemble à du hockey sur un lac. C'est comme si au baseball on enlevait le voltigeur de centre en 10e manche, puis le joueur d'arrêt-court en 11e et ainsi de suite en prolongation. Par contre, j'ai l'impression que la majorité des amateurs vont aimer parce que ça va être extrêmement spectaculaire.

L'autre fait saillant de ce camp d'entraînement a été le match à Québec. Joueurs et membres de l'organisation avaient tous hâte de voir le Centre Vidéotron et personne n'a été déçu. C'est un amphithéâtre magnifique. Les gens de Québec peuvent être fiers. Évidemment, le retour des Nordiques était sur toutes les lèvres. Même Lars Eller, qui a grandi au Danemark, est vendu à la cause. Il ne reste plus qu'à attendre la décision des gouverneurs de la Ligue nationale.

La balle est dans leur camp. Au cours des prochaines semaines, ils vont se demander dans quelle mesure ces deux nouvelles équipes vont augmenter les revenues de la ligue, attirer de nouveaux téléspectateurs et accroître la visibilité de la LNH. La bonne nouvelle pour Québec est la présence de Jeremy Jacobs des Bruins de Boston et d'Ed Snyder des Flyers de Philadelphie sur le comité exécutif qui étudie le projet d'expansion.

On parle ici des deux gouverneurs les plus influents de la ligue et deux « pro-Québec ». Ce qui m'agace profondément cependant c'est la façon dont Gary Bettman manie le chaud et le froid dans ce dossier. J'aime beaucoup plus la façon de faire du commissaire du baseball, Rob Manfred.
Pas de cachettes et pas de tataouinages; oui, on pense ajouter deux nouvelles équipes, et oui, Montréal est un marché qui nous interesse.

Souvenez-vous de sa rencontre avec le maire Denis Coderre à New York le printemps dernier. Pas de cachettes, les journalistes y étaient et les deux hommes ont été photographiés dans son bureau.

Ou encore celle d'Adam Silver de la NBA qui n'a pas fait miroiter de faux espoirs aux gens de Seattle en leur disant qu'il n'y aurait pas d'expansion ou de transfert d'équipe. Point final.