Le coronavirus fera d’autres victimes collatérales
Sports divers vendredi, 17 avr. 2020. 08:07 jeudi, 12 déc. 2024. 03:52Plusieurs joueurs pourraient avoir joué leur dernier match
Au cours de ma carrière, j’ai beaucoup parlé de retraite avec des sportifs de haut niveau. C’est un moment charnière dans leur vie qui est rarement facile à franchir. Il y a un avant et un après.
C’est d’ailleurs vrai pour tous les individus, pas juste pour les sportifs.
Dans certains cas, on la sent venir, soit parce que l’âge nous rattrape, soit parce que le feu sacré brule moins fort. J’ai aussi connu des sportifs qui ont été confrontés à des blessures graves ou à des situations familiales exigeant un retrait soudain et non voulu. Le changement est alors bien plus difficile à accepter parce que c’est le destin qui a parlé sans nous consulter.
Je regarde ce qui se passe actuellement avec la COVID-19 et je me dis que plusieurs sportifs auront peut-être une décision douloureuse à prendre dans les prochains mois. Le confinement mondial, et la distanciation sociale qui est requise, entrent dans cette catégorie d’événements qui risquent d’entraîner des victimes collatérales. Il y en a en effet quelques-uns qui se rendront peut-être compte que la dernière partie de leur carrière est déjà jouée, qu’ils ne remettront plus les patins sur la glace ou les pieds sur un terrain.
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Je sais que la Ligue nationale de hockey n’a pas encore pris la décision d’annuler sa saison, mais il y a fort à parier qu’aucune partie devant spectateurs ne pourra avoir lieu avant l’automne et peut-être même avant le début de 2021. Devant cette situation, comment réagiront des joueurs comme Zdeno Chara qui a 40 ans, Joe Thornton ou Patrick Marleau à 38 ans? Et il y en a bien d’autres. Les carrières sont courtes dans les sports professionnels. J’ai lu que dans la NFL la carrière moyenne est de 3,5 ans; de 4,8 dans la NBA et de 5,5 dans la LNH.
J’imagine comme il est terrible de comprendre qu’on a joué notre dernière partie. Il leur faudra un moment pour accepter la nouvelle situation et retrouver leurs repères.
C’est vrai pour moi aussi. Je joue au hockey depuis que j’ai quatre ou cinq ans, encore aujourd’hui trois fois par semaine dans la ligue nationale à Curly à Sorel. Oui ça fait 40 ans, trois fois par semaine, que mon ami Curly prend soin de notre belle gang.
J’ai aussi une pensée pour mes amis qui ont toujours joué au hockey dans des équipes amicales comme celle de Curly (Gérald Pondbriand) et qui, depuis le 12 mars, sont en confinement. Certains d’entre eux jouaient depuis quelques années dans des ligues comme celles organisées à travers les réseaux de la FADOQ. Ils ne savent pas s’ils retourneront un jour sur une glace. L’âge faisant son œuvre, ce repos forcé rendra peut-être impossible un éventuel retour.
Dans tous les cas, une retraite est un deuil qu’il faut traverser.
Qu’il s’agisse de hockey, de football, de basketball; quel que soit également le niveau dans lequel on le pratique, c’est toujours un moment ardu à traverser. Il faut d’abord accepter la situation. Je sais ceux qui seront confrontés à ce choix trouveront la vie injuste et seront en colère. C’est normal. Mais ensuite, il faut viser à tirer profit de ce changement, surtout s’il est involontaire. Nous conservons tous et toujours le pouvoir sur notre vie et sur la façon dont nous voulons la mener. C’est ce que j’appelle le pouvoir de la résilience.
Alors, si on ne peut plus jouer au soccer, au football ou au hockey, il importe de trouver un autre chemin pour continuer à être actif tant physiquement qu’intellectuellement. Il faut saisir l’occasion pour continuer à grandir. D’autres centres d’intérêt existent. Il suffit d’en trouver un qui nous passionnera à nouveau. Et je l’avoue, ce ne sera pas toujours facile...
Enfin, comparé à ceux ou celles qui ont perdu des proches à cause de ce virus, admettons qu’avoir encore la santé, même si on ne pratique plus son sport préféré, constitue une situation tout à fait enviable.
Alors, profitons de nos proches et de chaque moment. Savourons ce que nous avons!