Un peu comme cela avait le cas après le lock-out en 2004-2005, plusieurs joueurs de la Ligue nationale de hockey devront vraisemblablement se résoudre à annoncer leur retraite à la suite de la suspension des activités en raison de la pandémie mondiale de coronavirus.

Sans le savoir, de nombreux hockeyeurs pourraient ainsi avoir effectué leurs derniers coups de patin le 11 mars dernier, date à laquelle la LNH a présenté ses derniers matchs à ce jour.

Après avoir discuté avec plusieurs collègues et intervenants, le journaliste James Mirtle de The Athletic a dressé une liste de 15 joueurs que les amateurs pourraient bien ne plus jamais revoir sur une patinoire de la LNH à la reprise des activités, dont le moment est encore inconnu.

Étant donné qu’il est fort possible qu’ils suscitent l’intérêt d’équipes lors du retour au travail, Mirtle a exclu de son palmarès Joe Thornton, Patrick Marleau, Ilya Kovalchuk, Jason Spezza et Zdeno Chara.

Ryan Miller, Ducks

« Trop tôt – je ne suis pas encore capable d’assimiler ce qui est en train de se produire, a déclaré Miller à The Athletic. Une fois que cette histoire sera chose du passé, je devrai avoir une vraie discussion avec ma femme à ce sujet dans le but de savoir où nous en sommes dans notre vie. »

Miller connaissait relativement une bonne saison avec les Ducks d’Anaheim, lui qui présentait un coefficient d’arrêts de ,907 en 23 matchs devant une défense plus ou moins constante. L’Américain fêtera ses 40 ans cet été et puisqu’il souhaite vivement demeurer en Californie ou aux alentours – sa conjointe Noureen DeWulf est actrice – les options ne seront pas multiples.

Cela dit, Miller aura connu une carrière remarquable. Seuls Marc-André Fleury, Henrik Lundqvist et Roberto Luongo ont enregistré plus de victoires que lui depuis ses débuts dans la LNH en 2002-2003. Il a remporté le trophée Vézina au terme de la campagne 2009-2010 ainsi que la médaille d’argent avec l’équipe américaine au tournoi olympique des Jeux d’hiver de Vancouver en 2010.

Qui aurait pu prédire de tels succès au gardien originaire d’East Lansing, au Michigan, après qu’il eut été sélectionné au 5e tour – 138e au total – par les Sabres de Buffalo au repêchage de 1999?

Henrik Lundqvist, Rangers

Lundqvist est encore sous contrat pour une saison, mais les derniers mois ont été difficiles chez les Rangers de New York à cause du ménage à trois avec Alexandar Georgiev et Igor Shesterkin.

C’est pourquoi plusieurs observateurs croient que les Rangers rachèteront sa dernière année de contrat, ce qui permettrait au portier suédois de devenir joueur autonome sans compensation.

Tout comme Miller, Lundqvist a connu un passage très remarqué dans la LNH. Il présente un coefficient d’arrêts de ,918 en carrière en plus d’avoir gagné le trophée Vézina en 2011-2012 ainsi que l’or (2006) et le bronze (2014) aux Jeux olympiques. Ses 459 victoires le placent au 6e rang de tous les temps à ce chapitre. Un choix de 7e ronde – 205e au total – des Rangers en 2000!

Lundqvist fera assurément son entrée au Temple de la renommée, mais accepterait-il de jouer les seconds violons chez un club qui aspire à la coupe Stanley? Personne ne le sait vraiment...

Justin Williams, Hurricanes

Mine de rien, Williams a attendu jusqu’à la moitié de la présente saison avant d’annoncer son retour au jeu, un ultime tour de piste qui pourrait bien n’avoir duré que 20 petites rencontres.

Contrairement à Miller et Lundqvist, Williams pourrait être des séries éliminatoires – si elles ont lieu évidemment. L’ancien choix de 1re ronde n’aurait peut-être pas encore dit son dernier mot.

Mais si les séries sont annulées, Williams pourrait opter pour la retraite, lui qui célèbrera ses 39 ans en octobre prochain. La quête vers la remise en forme pourrait s’avérer plutôt compliquée.

Bref, après avoir remporté trois coupes Stanley et hérité du surnom de « Monsieur septième match », Williams accepterait-il de revenir au jeu pour accepter un simple rôle de figurant?

Mikko Koivu, Wild

Il y a souvent différentes façons de voir les choses, mais la situation de Koivu : il est âgé de 37 ans et écoule en 2019-2020 la dernière année de son entente de deux ans paraphée en 2017.

Il n’y a aucun doute que le capitaine du Wild du Minnesota a ralenti et qu’il devra accepter un salaire et des responsabilités moindres s’il désire poursuivre sa carrière dans la Ligue nationale.

Si le frère cadet de Saku prenait sa retraite, ce serait donc la première fois depuis la saison 1994-1995 qu’il n’y aurait aucun Koivu dans la LNH. Une longévité qui ne peut être que saluée!

« Ça serait difficile, a reconnu le directeur général du Wild Bill Guerin en entrevue à The Athletic au sujet de la possible retraite de Koivu. Personne... vous savez, c’est tout ce que je vais dire. »

Jay Bouwmeester, Blues

Ce scénario n’est pas une surprise pour personne, puisque l’avenir de Bouwmeester était à l’ordre du jour avant même le début de la pandémie de coronavirus qui frappe la planète.

Est-il nécessaire de rappeler que le défenseur des Blues de Saint Louis a frôlé la mort après avoir été victime d’un malaise cardiaque alors qu’il était au banc lors d’un match à Anaheim en février?

Cette nouvelle avait pris tout le monde par surprise, puisque Bouwmeester était un symbole de longévité depuis son arrivée dans la LNH à l’âge de 18 ans seulement. Troisième choix au total des Panthers de la Floride en 2002, il était devenu un rouage important dès sa deuxième saison.

Malgré tout, Bouwmeester a souvent été critiqué en raison des insuccès de ses équipes – les Panthers, puis les Flames de Calgary – principalement parce qu’il n’a pas goûté aux séries avant son arrivée chez les Blues en avril 2013 à la suite d’une importante transaction avec les Flames. Il a finalement fait taire une partie de ses détracteurs en soulevant la coupe Stanley le printemps dernier.

Brent Seabrook, Blackhawks

N’allez pas dire à Seabrook que sa carrière est terminée! Il n’est pas du tout de cet avis… Mais les blessures auront-elles finalement raison de ce défenseur qui est résolument un « gamer »?

Peut-être bien, puisque l’arrière des Blackhawks de Chicago était déjà à l’écart de la compétition depuis la mi-décembre en raison d’une blessure à l’épaule droite. Qui plus est, il avait même été laissé de côté l’instant de deux parties à la fin octobre. Une nouvelle qui avait fait grand bruit...

Cela dit, il est temps de reconnaître que le contrat de 8 ans d’une valeur de 55 millions $ US que Seabrook a signé en septembre 2015 est rendu un véritable boulet. Il n’est plus l’ombre de ce qu’il a déjà été et doit maintenant être considéré comme un défenseur ajoutant de la « profondeur ».

C’est pourquoi il serait surprenant qu’une équipe accepte de faire éventuellement l’acquisition de ses services dans un avenir rapproché. C’est peut-être davantage la liste des blessés à long terme qui l’attend.

David Backes, Ducks

Les dernières années ont loin d’avoir été faciles pour l’ancien capitaine des Blues de Saint Louis.

Les Bruins de Boston ont enfin réussi à se débarrasser de son contrat en l’échangeant aux Ducks à la limite des transactions, mais l’attaquant de puissance a-t-il réellement un avenir à Anaheim?

Peut-être, lui qui a connu un regain d’énergie en récoltant trois passes en six matchs avec sa nouvelle équipe. Il pourrait assurément servir de mentor aux nombreux jeunes joueurs du club.

Tous ceux qui le connaissent croient qu’il serait prêt à accepter n’importe quelle invitation pour se tailler une place dans une formation. Mais personne ne sait cependant si cette offre viendra.

Craig Anderson, Sénateurs

Anderson aura vraiment connu une carrière inspirante. Coincé dans les mineures jusqu’à l’âge de 26 ans, il s’est accroché à son rêve pour devenir l’un des gardiens les plus fiables de sa génération.

En 10 saisons entre 2007-2008 et 2016-2017 avec les Panthers, l’Avalanche du Colorado et les Sénateurs d’Ottawa, Anderson a maintenu un impressionnant coefficient d’arrêts de ,919 – ce qui lui permet de percer le top-10 à ce chapitre chez les portiers partants actifs à cette époque.

Bientôt âgé de 39 ans, Anderson n’est malheureusement plus une valeur sûre. Sa moyenne de buts alloués était de 3,25 en son coefficient d’arrêts de ,902 après 34 rencontres cette saison.

Il ne faut donc pas s’attendre à revoir Anderson sur une patinoire de la LNH un jour, mais personne ne pourra jamais enlever à celui qui a signé 289 victoires en 648 sorties en carrière.

Dan Hamhuis, Predators

Lorsqu’il portait les couleurs des Cougars de Prince George dans la Ligue de hockey de l’Ouest, tous les dépisteurs qui épiaient Hamhuis savaient qu’il deviendrait un joueur de la LNH un jour.

C’est donc pourquoi les Predators ont repêché Hamhuis au 12e rang en 2001 et qu’il est ensuite devenu une force de la nature pendant plus d’une décennie avec les Predators et les Canucks de Vancouver. Il a notamment reçu des votes pour le trophée Norris de 2010-2011 à 2012-2013.

À son deuxième jour avec les Predators après un court passage de deux saisons avec les Stars de Dallas, Hamhuis ne peut plus du tout espérer recevoir des offres de contrat à long terme. Par contre, il demeure un joueur extrêmement fiable défensivement, mais limité offensivement.

Peut-être qu’une équipe à la recherche de profondeur en défense pourrait se laisser tenter...

Ron Hainsey, Sénateurs

Tous les jeunes joueurs vont le diront : ils adorent côtoyer un vétéran de la trempe de Hainsey. Le défenseur est notamment reconnu pour posséder un sens de l’humour assez particulier.

Même si ses débuts chaotiques avec l’organisation du Canadien ne laissaient pas entrevoir une grande carrière, Hainsey aura finalement été l’un des joueurs repêchés en 2001 qui a disputé le plus de matchs dans la LNH. Il n’aura été devancé que par Justin Williams et Scott Hartnell.

Fait intéressant, Hainsey a réussi à cimenter sa place lorsque les dirigeants des équipes de la LNH ont commencé à accorder de plus en plus d’importance aux statistiques avancées. Il appert que les adeptes de Corsi ont longtemps salivé en entendant le nom du défenseur américain.

Mais une question demeure. Hainsey est-il prêt à accepter moins d’argent et un rôle moins important? L’arrière aurait pu demeurer avec les Penguins de Pittsburgh et les Maple Leafs de Toronto s’il s’était montré moins gourmand. La réponse dictera assurément la suite des choses.

Andrew Ladd, Islanders

Le 1er juillet 2016, Ladd a sans l’ombre d’un doute signé l’un des pires contrats consentis à un joueur autonome. Depuis le début de la saison 2018-2019, il a disputé plus de matchs (36) avec le club-école de Bridgeport dans la Ligue américaine qu’avec les Islanders de New York (30)!

Ladd a jadis été un joueur important avec les Thrashers d’Atlanta/Jets de Winnipeg, réussissant 4 saisons de 20 buts ou plus en l’espace de 5 ans, mais tout cela est du passé. Mais son contrat comptant pour 5,5 millions $ US sur la masse salariale jusqu’en 2022-2023 existe réellement.

À l’image de plusieurs joueurs qui atteignent la mi-trentaine, Ladd a ennuyé par toutes sortes de blessures, dont une à un genou qui lui a fait rater le premier mois et demi de la présente saison.

Ladd pourra soumettre une liste de 15 équipes auxquelles il accepterait d’être échangé à compter de la prochaine campagne. Mais soyons sérieux, quel club voudra d’un tel joueur?

Jimmy Howard, Red Wings

Howard connaissait une saison particulièrement difficile avec les pauvres Red Wings de Detroit au moment de la suspension des activités de la LNH. Il n’avait pas fait mal la saison précédente et c’est pourquoi un rôle d’adjoint l’attend peut-être quelque part la saison prochaine.

Howard s’est joint aux Red Wings à temps plein en 2009-2010, ratant finalement de très peu les années de gloire de la concession. Il avait connu des débuts étincelants en terminant deuxième au scrutin pour le trophée Calder et sixième à celui du Vézina à sa quatrième saison seulement.

En pleine reconstruction, les Red Wings, qui rateront les séries pour une quatrième saison de suite, pourraient décider de couper les ponts afin de donner une chance à quelqu’un d’autre.

Trevor Daley, Red Wings

Daley est un autre de ces joueurs dont les meilleurs jours sont résolument derrière lui. Arrière polyvalent, il a déjà joué jusqu’à 22 minutes par match lorsqu’il évoluait avec les Stars de Dallas.

Il a ensuite fait partie des deux éditions des Penguins de Pittsburgh qui ont remporté la coupe Stanley en 2016 et 2017.

Choix de 2e ronde – 43e au total – des Stars en 2002, Daley aura été un des athlètes les plus prolifiques de sa cuvée qui comprenait également Bouwmeester, Duncan Keith et Rick Nash.

Mais dans une ligue de plus en plus jeune et de plus en plus rapide, Daley a-t-il encore sa place?

Roman Polak, Stars

Polak est « seulement » âgé de 33 ans, et pourtant, il semble tout droit sorti d’une autre époque. C’est que le Tchèque est lent et robuste et pas très, très efficace avec la rondelle.

Polak a peut-être réussi à se tailler une place avec les Stars, mais il n’a pas nécessairement été un exemple de durabilité depuis le début de sa carrière. Qui ne se souvient de la blessure au sternum qu’il a subie pendant la première rencontre de la présente saison contre les Bruins?

Étant un être particulièrement fascinant, Polak pourrait profiter de la suspension des activités dans la LNH pour envisager sérieusement son après-carrière. Plusieurs personnes l’imaginent connaître énormément de succès dans les médias. Mais souhaite-t-il réellement ce dénouement?

Jonathan Ericsson, Red Wings

Un autre joueur qui a passé l’ensemble de sa carrière avec les Red Wings. À son sommet, il était un défenseur efficace au sein du top-4 de l’équipe. Le contrat de 6 ans d’une valeur de 25,5 M$ qu’il a signé en novembre 2013 viendra à échéance après la conclusion de la présente saison.

Mais comme cela a été évoqué précédemment dans le cas de Polak, existe-t-il encore de la place pour un défenseur de six pieds quatre pouces qui n’est pas reconnu pour sa mobilité? Qui plus est, le Suédois a même été cédé dans la Ligue américaine de hockey au cours de la campagne...

Les discussions sur le possible rachat de son contrat ont soulevé les passions au cours des trois dernières années, c’est donc pourquoi aucun partisan ne pleurera probablement son départ.

Malgré tout, Ericsson pointe au septième rang pour le plus de matchs disputés par un défenseur dans l’uniforme des Red Wings. Un exploit plutôt remarquable au sein d’une telle organisation.

Mentions honorables : Mike Smith (Oilers), Andy Greene (Islanders), Deryk Engelland (Golden Knights), Justin Abdelkader (Red Wings) et Trevor Lewis (Kings).