Je profite de la conclusion de Wimbledon, troisième Grand Chelem de la saison, pour décerner quelques prix « bouquets » et quelques prix « citrons ».

 

Bouquet : À Dame Nature, qui a fait don au tournoi d’une quinzaine de beau temps. Il a plu exactement deux fois : vendredi soir après la fin des matchs, et samedi soir avant la finale de simple masculin. Un exemple concret de la loi de Murphy : Wimbledon a ajouté un deuxième toit rétractable sur le court no 1 cette année. Les deux toits ont été utilisés uniquement pour terminer des matchs lorsqu’il commençait à faire noir. 

Citron : À l’arbitre du tournoi, qui a très mal géré la finale du double féminin. Prévu comme troisième match samedi après la finale du simple dames et la finale du double messieurs, les quatre joueuses impliquées ont été laissées dans l’ignorance toute la journée. Le match entre Serena Williams et Simona Halep n’a duré qu’une heure. Mais 45 minutes se sont écoulées avant que les hommes ne prennent le terrain pour leur marathon. Finalement, vers 20 h, l’arbitre du tournoi est allé voir Barbora Strycova, Hsieh Su-Wei, Yifan Xu et la Canadienne Gabriela Dabrowski pour leur apprendre que la discussion à propos de leur dilemme avait déjà duré... pas loin de deux heures. C'était les premières nouvelles qu'elles avaient reçues, a déclaré Dabrowski. Finalement, la décision a été prise de remettre le match à dimanche – après le match Djokovic-Federer.


Andy Murray et Serena WilliamsOn connaît la suite. Non seulement la foule était-elle épuisée sur le plan émotionnel - elle sortait en masse du All England Club – le match n’a pu commencer avant 18 h 40. Il y avait sûrement de meilleures alternatives.

Bouquet : Au tournoi de double mixte, qui a sans doute produit des moments plus excitants que toutes les autres disciplines – jusqu'au dernier week-end, avec Federer-Nadal et Federer-Djokovic. La nouvelle voulant que Serena Williams ferait équipe avec Andy Murray a amené le double mixte au court central. Et l’occasion a permis à des joueurs qui n'auraient peut-être jamais eu l'occasion de respirer l’air à l’intérieur de la cathédrale du tennis de démontrer leurs talents devant une salle comble. Nous pensons particulièrement à l'Américaine-Chilienne Alexa Guarachi et à l'Allemand Andreas Mies, qui se sont très bien acquittés lors d'un match de premier tour.

 

La victoire 5-7, 7-6 (5), 13-12 (5) de Laura Siegemund et Artem Sitak sur Dabrowski et son partenaire Mate Pavic au troisième tour a duré 3 heures et 16 minutes – une vraie défaite crève-cœur pour la Canadienne, avec pas mal de piquant ajouté par Siegemund, une joueuse qui adore jouer dans la tête de ses adversaires. Le Suédois Robert Lindstedt, âgé de 42 ans, a encore des bosses sur la tête après avoir été frappé à plusieurs reprises par un service qui... manquait de précision provenant de sa partenaire Jelena Ostapenko. Le duo, qui jouait ensemble pour la première fois, s'est rendu à la finale. Pour Ostapenko, qui a perdu au premier tour des simples et du double dames, c’était un beau prix de consolation.

Citron : À Wimbledon, qui a condamné Serena Williams à une amende de 10 000 dollars US des pour avoir commis le pire délit que l'on puisse imaginer au All-England Club : elle a blessé le gazon en fracassant sa raquette plusieurs fois. Mais un p’tit détail : le péché mortel a été commis... lors d’une séance d’entraînement le vendredi avant le début du tournoi. 


Un photographe du Daily Mail de Londres a pu saisir le moment. Et le comité du All-England Club a soigneusement examiné les séquences vidéo avant de mettre Williams à l'amende. Le montant correspondait à ceux infligés à d’autres vandales de gazon. Mais les autres, au moins, se sont produits pendant le tournoi.

 

Coco GauffBouquet : À Coco Gauff, âgée de 15 ans, qui était la coqueluche de la première semaine. Elle a facilement gagné trois matchs en qualifications après que l’on lui ait décerné un laissez-passer (Roger Federer, copropriétaire de la société de gestion Team8 qui travaille avec Gauff, leur a sûrement glissé un mot). Gauff était solide et posée. Son énergie et son enthousiasme d'adolescente furent un vent d’air sur un circuit professionnel dominé par des hommes dans la trentaine et des femmes dans la vingtaine avancée. Mais le plus étonnant, c’était que ses trois premiers adversaires étaient tendues raide comme des cordes quand elles l’ont affrontée. Personne n'aime perdre contre une fillette de 15 ans. Mais Venus Williams (38 ans), Magdalena Rybarikova (30 ans) et Polona Hercog (28 ans) avaient peut-être trop envie de la battre. Et en conséquence, elles n’ont pas joué à leur niveau habituel et l’entreprenante Gauff, une compétitrice précoce, savait exactement qu'elle devait faire pour gagner : juste assez - mais pas trop.

Citron : À la prochaine génération de vedettes du côté masculin, qui n'a pas été à la hauteur de son potentiel, ni de son classement. Alexander Zverev, 6e tête de série, a été éliminé en quatre sets au premier tour par le qualifié Jiri Vesely. Stefanos Tsitsipas, qui a sûrement le tennis pour gagner Wimbledon à maintes occasions dans l’avenir, a été battu par Thomas Fabbiano en cinq sets. La tête de série no 4, Dominic Thiem, s'est inclinée face à Sam Querrey en quatre sets, également au premier tour. Le Canadien Denis Shapovalov (vainqueur du titre dans les juniors en 2016) a également perdu au premier tour face au plombier Lituanien Ricardas Berankis, en trois sets. Seul le Québécois Félix Auger-Aliassime était à la hauteur lors de son premier Wimbledon en carrière. Il a atteint le troisième tour, mais, regardant peut-être un peu trop vers l’avant, a joué nerveusement et s'est incliné contre le Français Ugo Humbert.

 

Nick KyrgiosBouquet : À Nick Kyrgios, qui a fait l’impasse sur Roland-Garros et s’est rendu à Londres un mois avant le début de Wimbledon. Rien n’indiquait qu’il irait loin. Kyrgios a passé la majeure partie de la semaine précédente à soutenir ses amis lors des qualifications à Roehampton. Il est un excellent partisan, soit dit en passant, Jamais on ne le voit le téléphone mobile à la main. Il était complètement engagé, toujours encourageant - et une présence réconfortante après la défaite. Mais Kyrgios s’est également retiré de deux matchs d’exhibition prévus cette semaine-là. Ses partenaires d’entraînement incluaient Eugenie Bouchard et Carla Suárez Navarro. Mais lorsque le tournoi a commencé, Kyrgios était pleinement engagé - à sa manière. Il a sorti une victoire en cinq sets contre son compatriote Jordan Thompson au premier tour. Et sa défaite au deuxième tour contre Nadal a été le match le plus excitant du tournoi - du moins jusqu'au dernier week-end.

Citron : Nous décernons le citron non à Naomi Osaka, no 2 mondiale, mais plutôt à tous ceux qui l’entourent. Osaka a disputé trois matchs sur gazon cette année et en a perdu deux, tous deux contre Yulia Putintseva du Kazakhstan. À Wimbledon, la défaite est survenue au premier tour et Osaka était tellement agitée qu’elle n’a pas pu terminer sa conférence de presse. La vedette japonaise a signé tellement de contrats avec des commanditaires, et se trouve tellement sollicitée pour des engagements hors du terrain que la jeune introvertie de 21 ans se trouve maintenant constamment hors de sa zone de confort. Elle s'est séparée de l'entraîneur, Sascha Bajin, qui était à ses côtés lorsqu'elle a remporté deux tournois du Grand Chelem et qui en quelque sorte, a pu aller la chercher. Elle a quitté Adidas pour rejoindre la grosse machine Nike. Il semble que sa famille et son entourage ne voient pas ou se foutent du fait que la jeune joueuse est vraiment en grande difficulté.

 

Bouquet : Au vétéran Marcos Baghdatis, qui a reçu un laissez-passer pour le tableau principal, atteint le deuxième tour, pour ensuite mettre un terme à sa carrière. Après la défaite contre l’italien Matteo Berrettini, Baghdatis a fait le tour du terrain, vidé son gros sac de tennis (serviettes, chaussures, chaussettes, raquettes) et a remis tout ce qu’il pouvait à la foule.

Citron : À Bernard Tomic, qui a perdu son match de premier tour contre Jo-Wilfried Tsonga en trois sets. Mais le tout s’est complété en moins d'une heure (58 minutes pour être précis). Visite de l'arbitre pour invoquer la nouvelle règle des « normes professionnelles requises » pour les matchs de premier tour aux tournois Grand Chelem. La règle permet aux joueurs blessés, qui dans le passé auraient pris le terrain le temps de jouer quelques parties, pour ensuite déclarer forfait et se diriger directement à la banque, de se retirer avant le tournoi et d’en collecter la moitié. Mais de l’autre côté, les joueurs qui n’ont pas – aux yeux des officiels – démontré un effort adéquat sont sévèrement pénalisés. Tomic (qui fera appel) a été condamné à une amende de 45 000 £ (73 000 $ CAD), soit la totalité de ses gains.

Kate MiddletonBouquet : À Kate, la Duchesse de Cambridge, qui a réussi à s’installer sur le très petit court no 14 sans drame pour regarder jouer la jeune britannique Harriet Dart. Nul doute qu’il y avait plusieurs agents de sécurité placés discrètement autour de la duchesse. Mais le contraste était extrême si on la compare à la toute nouvelle duchesse de Sussex, Meghan Markle, qui est venue à Wimbledon pour supporter sa bonne amie Serena Williams. Le staff de la nouvelle duchesse était plutôt désagréable lorsque certains partisans – même des membres de l'illustre club – s’approchaient avec une caméra. Et ce, même quand ils ne pointaient pas leurs Kodaks ou leurs iPhones en direction de la grande dame.   

 

Citron : Aux règles de tenue à Wimbledon (tout en blanc) et à la manière dont elles sont appliquées. Le Canadien Vasek Pospisil, qui disputait son premier match de la saison 2019 après une opération au dos, a eu la malchance de retrouver son ami Félix Auger-Aliassime au premier tour. Après avoir perdu en quatre sets, l'arbitre de chaise a couronné le tour en informant Pospisil, alors qu'il quittait le terrain, que ses sous-vêtements noirs allaient à l'encontre du code.

 

Bouquet : À Wimbledon, qui a fait un effort louable pour être plus soucieux de l’environnement. Ils ont ajouté des dizaines de stations de remplissage d’eau sur le site. Ils ont également éliminé l’emballage plastique des raquettes fraîchement cordées. On en a vu durant les jours précédant le tournoi (oui, allô, Alexander Zverev, on te pointe du doigt!). Mais grosso modo, ils ont grandement diminué le gaspillage. Par contre, bien que les bouteilles d’eau du commanditaire aient été « recyclées », elles étaient encore beaucoup trop nombreuses à trainer sur les terrains après les entraînements.

 

Citron : Aux entourages toujours plus nombreux qui circulent autour des joueurs. Sur les terrains d'entraînement avant Wimbledon – on remarque particulièrement durant les changements à l’heure – c’est l’achalandage total. Entraîneurs, parents, conjoints, enfants, préparateurs physiques, kinés et sparrings – on exagère. De quoi avez-vous réellement besoin sur le terrain lorsque vous vous entraînez? Le coach, des balles de tennis, les Gatorade versés par votre prépa. Mais tout le monde a besoin de se sentir indispensable, alors tout le monde y est.

Une station de remplissage à WimbledonBouquet : À Hsieh Su-Wei du Taipei et à sa famille. Hsieh a non seulement remporté le double féminin avec Barbora Strycova, mais elle a également joué en double mixte avec son frère Cheng-Peng pour la première fois de leur carrière. Le duo s’est rendu au deuxième tour. Et on a rarement vu une équipe de double mixte qui s’est amusée autant, et qui a fait un si grand effort pour aller chercher la foule. Hsieh, qui est loin d’être une des riches sur le circuit, a longtemps été le soutien financier de la carrière de son petit frère. Cheng-Peng a fait ses armes sur le circuit Challenger en double pendant de nombreuses années. À 27 ans, il est à son meilleur classement en carrière.

 

Citron : Fabio Fognini s’en est bien sorti avec une amende de seulement 3 000 $ US. Mais bien que nous ne nous attendions pas à ce qu'il ait bien écouté durant ses cours d’histoire au secondaire, ses commentaires (en italien) sur le terrain lors d'une défaite face à l'Américain Tennys Sandgren, lorsqu’il souhaitait qu'une « bombe explose » sur l’All-England Club, étaient assez déplacés. Plus de 1 000 bombes sont tombées dans la région de Wimbledon lors de la Seconde Guerre mondiale. Des milliers de maisons ont été détruites et 16 des bombes sont tombées directement sur le club - dont une qui a touché le Centre Court. Fognini a déclaré que les propos sont sortis dans le feu de l'action, et s'est excusé  « s'il avait offensé qui que ce soit  » parce que ce n'était pas son intention. Quand même...