Le petit miracle de Petra Kvitova
WTA mardi, 7 août 2018. 18:22 dimanche, 15 déc. 2024. 06:54Le 20 décembre 2016, Petra Kvitova a été victime d’une agression au couteau dans son appartement, en République tchèque. Elle a subi des lacérations sévères à la main gauche, sa main dominante. La chirurgie qui devait réparer des dommages aux nerfs et la guérir a été un véritable succès et a carrément sauvé sa carrière.
Pendant longtemps, elle n’avait plus toutes ses sensations dans sa main, et encore aujourd’hui sa mobilité n’est pas parfaite, mais elle a retrouvé un niveau de jeu exceptionnel malgré tout.
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Avoir la possibilité de continuer à vivre de sa passion pour le tennis, une passion qu’elle nourrit depuis qu’elle a quatre ans, a au moins permis d’apaiser un peu les traumatismes du passé et d’entrevoir la vie avec optimisme.
Elle est bien consciente que plusieurs croyaient qu’elle ne pourrait jamais rejouer, ce qui l’a d’autant plus motivée à prouver à ceux qui doutaient qu’ils avaient tort. Aujourd’hui, elle voit cette renaissance comme un petit miracle de la vie.
« Je suis tellement heureuse d’avoir réussi à passer à travers tout ça, confie Kvitova. J’ai appris à retirer du positif de cette expérience, j’essaie d’être plus forte mentalement. J’ai tellement mis d’efforts dans le processus de réadaptation afin de pouvoir revenir. En fait, j’ai l’impression parfois que c’est un peu un miracle que de pouvoir rejouer au tennis et je suis ravie. »
Deux tournois seulement après son grand retour émouvant, Kvitova remportait son 20e titre en carrière. Cette année, elle en a ajouté cinq autres à Birmingham, à Madrid, à Prague, au Qatar et à St Petersbourg, si bien qu’elle est présentement huitième au monde.
« J’essaie d’être constante, explique la Tchèque de 28 ans. La constance avait toujours été un problème pour moi dans le passé au cours d’une saison, dans mon jeu. Je joue un jeu basé sur le risque, c’est difficile de garder le rythme durant toute une campagne, mais je suis vraiment heureuse de ma première moitié de saison. J’ai travaillé fort pour hausser le niveau de mon jeu et je souhaite être capable de garder ce haut niveau en permanence. »
Kvitova n’a pas remporté de tournoi majeur depuis 2014. Dans l’optique de s’élever à nouveau vers les plus hauts sommets et d’avoir de nouvelles perspectives, elle a mis fin à une collaboration de sept ans avec l’entraîneur David Kotyza et s’est tournée vers Jiri Vanek.
« David m’a beaucoup appris, nous avons gagné deux fois Wimbledon ensemble. J’ai acquis beaucoup d’expérience. Je sentais toutefois que j’avais besoin de changement, de m’ouvrir à d’autres choses. C’est certainement différent maintenant. Jiri est un entraîneur du genre très amical. Il a déjà joué sur le circuit de l’ATP et il voit les choses un peu différemment de David. Les deux sont d’excellents entraîneurs, mais à leur propre façon. »
En terrain connu
Kvitova a été couronnée championne de la Coupe Rogers en 2012, à 22 ans. À l’époque, il s’agissait de sa première victoire sur surface dure en carrière. Six ans plus tard, mardi, elle a remporté son premier match de l’édition 2018 contre Anett Kontaveit pour accéder au troisième tour.
« C’était agréable d’être de retour et de jouer, je suis satisfaite de mon premier match, a analysé Kvitova, qui a eu l’occasion de rencontrer l’ancien joueur tchèque du CH Roman Hamrlik puisqu’il a assisté à sa performance. J’ai vraiment de très bons souvenirs à Montréal. Mon titre remonte à déjà bien longtemps, ce jour était simplement incroyable. J’étais pratiquement seule ici sur place, il n’y avait que mon agent qui m’accompagnait et aucun entraîneur. C’est un bon tournoi pour moi, j’ai beaucoup évolué depuis ce temps dans ma carrière et dans ma vie. »
Kvitova a qualifié cette victoire d’hier sur Anett Kontaveit de douce revanche, car cette dernière l’avait éliminée en troisième ronde à Roland-Garros. D’ailleurs, malgré une grande constance cette saison sur le circuit, elle a été incapable d’être aussi efficace en Grand Chelem, perdant également deux autres fois dès le premier tour. Selon elle, elle se met peut-être un peu trop de pression sur les épaules quand elle performe sur les plus grandes scènes.
« Je veux jouer mon meilleur tennis et je suis peut-être trop tendue. C’est à cause du mental. J’essaie de ne pas trop m’apitoyer sur mon sort même si j’étais déçue. Je connais quand même une excellente saison jusqu’à maintenant. Mais c’était génial d’avoir ensuite une longue pause (après Wimbledon) même si j’avais hâte de revenir. J’ai même passé 10 jours sans jouer au tennis, sans faire de conditionnement physique, rien. Ç’a été très important pour mon esprit de décrocher, c’est nécessaire après la première moitié de saison, car j’ai joué beaucoup de tennis dans les derniers mois. La première moitié est pour moi toujours plus condensée que la seconde. »
Lors de son prochain match, jeudi, Kvitova affrontera soit sa compatriote Karolina Pliskova qui est 9e tête de série, soit Kiki Bertens, des Pays-Bas.
« Étant Tchèques, c’est toujours un peu spécial d’affronter Karolina. Elle est une joueuse fabuleuse et ce sera amusant de l’affronter. On a un jeu un peu similaire, et Kiki aussi. Elles servent bien toutes les deux et sont en très bonne forme. Je pense que Kiki joue le meilleur tennis de sa carrière. Peu importe qui je devrai affronter, je devrai être vraiment prête. »