Dans les grands rendez-vous, Novak Djokovic est le plus fort : il l'a encore montré jeudi en dominant Roger Federer en demi-finale des Internationaux d'Australie, en quatre sets 6-1, 6-2, 3-6, 6-3.

Le Serbe est désormais en tête dans ses duels avec le Suisse, 23 à 22, comme il l'est aussi depuis peu contre Rafael Nadal. Surtout, il a confirmé qu'il était hors de portée dans les matchs importants. Les trois grandes finales de 2015 (Wimbledon, Internationaux des États-Unis, Masters) avaient déjà tourné en sa faveur et il n'a plus perdu contre Federer dans un tournoi du Grand Chelem depuis la demi-finale de Wimbledon en 2012. En comparaison, ses défaites contre le no 3 mondial à Cincinnati et au Masters (en phase de groupe) en 2015, ses dernières en date sur le circuit, paraissent anecdotiques.

Le tenant du titre disputera sa sixième finale à Melbourne. Aucun joueur de l'ère Open (depuis 1968) ne peut en dire autant. Comme il a remporté les cinq premières, son adversaire, que ce soit le Britannique Andy Murray, 2e mondial, ou le Canadien Milos Raonic (14e), qui se disputeront le deuxième billet vendredi, sait qu'il s'attaquera à une montagne.

Si le Serbe, âgé de 28 ans, joue le même tennis que lors des deux premières manches de la demi-finale, ce sera même mission impossible. Djokovic a été tout simplement parfait. Indéboulonnable sur sa ligne de fond, impossible à déborder, impeccable en retour comme au service, il n'a rien manqué pendant une heure (six erreurs dans les deux premiers sets). Ses contres étaient fulgurants, ses angles étonnants, sa cadence en fond de court infernale. En face, Federer, forçant son jeu, commettait de nombreuses erreurs (24 dans les deux premiers sets).

« C'était les deux meilleurs sets que j'aie jamais joué contre Federer », a dit le no 1 mondial. C'est ce qu'il fallait contre Roger, qui joue à un très haut niveau depuis le début du tournoi. Je savais qu'il allait être agressif, qu'il allait monter au filet. J'ai fait ce qu'il fallait pour le contrer. Ça a été une belle bataille », a commenté Djokovic.

À ce rythme, le Suisse semblait se diriger tout droit vers une des pires défaites en Grand Chelem de sa carrière. La déroute n'était pas loin lorsque Djokovic s'est créé une nouvelle balle de bris à 2-2 dans le troisième set. Mais Federer a réagi avec classe. Au jeu suivant, c'est lui qui faisait enfin le bris (il n'avait pas eu la moindre occasion jusque-là) dans une formidable ovation de la Rod Laver Arena. Le public australien ne voulait pas voir le quadruple vainqueur du tournoi (2004, 2006, 2007, 2010) subir une humiliation.

Mais le match n'avait pas basculé pour autant. Tombé un peu dans la facilité au troisième set, Djokovic a repris l'initiative au quatrième, après la fermeture du toit rétractable en prévision d'une nouvelle pluie d'été. Il a profité d'une panne de première balle de Federer pour prendre son service (5-3) puis conclure en 2 h 19 min. Le Suisse, téméraire comme un jeune homme malgré ses 34 ans, pourra s'en vouloir d'avoir tenté un service-volée aventureux sur la balle de bris.

Vu la qualité de son jeu, le Serbe sera archi-favori en finale pour un onzième titre majeur. Il n'avait pourtant pas paru au sommet de son tennis depuis le début de la quinzaine australienne. On se souvient de ses 100 fautes contre le Français Gilles Simon en huitièmes de finale. Mais en grand champion, il élève son niveau en même temps que l'enjeu s'accroît.

Federer, lui, n'abandonne pas la quête de son 18e titre majeur.

« Vous pensez que je suis vieux, mais je peux courir pendant quatre ou cinq heures, ça ne m'inquiète pas », a dit le Suisse.