PARIS - Pour sa chevelure blonde et son talent précoce, Eugenie Bouchard a hâtivement été présentée comme la nouvelle Maria Sharapova, mais la jeune Québécoise n'a aucune intention d'être la pâle copie de la Russe, qu'elle affronte jeudi en demi-finales de Roland-Garros.

Bouchard a 20 ans et n'a pas encore inscrit son nom au palmarès d'un tournoi du Grand Chelem, comme l'avait fait Sharapova à 17 ans en 2004 à Wimbledon.

L’ascension d’Eugenie

Mais depuis sa demi-finale à l'Open d'Australie en janvier, les comparaisons avec la Russe ont fleuri. Les deux dégagent une forte personnalité, ont un jeu détonnant et un physique qui ne passe pas inaperçu.

La Québécoise, dont l'ambition n'est rien de moins que devenir no 1 mondiale et gagner un tournoi du Grand Chelem, présente aussi un potentiel marketing énorme, elle qui parle deux langues : l'anglais et le français.

Rien de comparable cependant pour l'instant avec Sharapova, dont les revenus en 2013 étaient estimés à 29 millions de dollars. La Russe a aussi la plus large base de fans sur les réseaux sociaux pour une sportive (elle est suivie par 11 millions de personnes sur Facebook).

Mais en quelques mois à peine, Bouchard a suscité la convoitise de nombreux commanditaires. Elle a aussi su se faire apprécier des publics australien et français.

En Australie, une bande de supporteurs dénommée « Genie Army » l'avait soutenue avec ferveur pendant tout le tournoi, lui offrant une peluche après chaque match. Depuis, des spectateurs du monde entier perpétuent la tradition.

Une idole de jeunesse

Les deux joueuses ont également chacune reçu une partie de leur éducation tennistique en Floride: Bouchard à l'académie Nick Saviano, redevenu son entraîneur cette année, Sharapova à l'académie Nick Bollettieri.

Enfin, Bouchard, qui a commencé à faire la Une de certaines magazines canadiens de mode, est l'une des joueuses du circuit WTA qui portent la ligne de vêtements Nike dessinée par Sharapova.

Eugenie Bouchard et Maria Sharapova en 2002La Québécoise se rappelle fort bien quand elle a rencontré la Russe pour la première fois. C'était à un tournoi à Miami, où elle était venue en spectatrice à l'âge de 8 ans.

Elle avait obtenu de prendre une photo avec Sharapova, 15 ans à l'époque, qui dans une tenue blanche immaculée entoure de ses bras un petit bout de chou habillée d'un short et d'un tee-shirt bleu.

« Je jouais au tennis sans arrêt », a rappelé Bouchard après sa qualification pour les demi-finales. « Elle était une source d'inspiration pour moi à l'époque. C'était mon idole quand j'étais plus jeune. »

Mais comme Sharapova en son temps avait insisté sur le fait qu'elle n'était pas la nouvelle Anna Kournikova, Bouchard entend bien ne pas rester dans l'ombre de son illustre aînée.

Une volonté sans faille

« Nous ne sommes pas amies », a-t-elle d'abord tenu à rappeler. « Evidemment, quand j'étais jeune, je l'admirais et je me rappelle l'avoir regardée lors de sa finale à Wimbledon. Je trouvais que ce qu'elle faisait était cool et je voulais faire la même chose. »

« Bien sûr, je la respecte », a-t-elle précisé. « Mais maintenant nous sommes en demi-finale d'un tournoi du Grand Chelem, donc je vais la respecter mais pas la mettre sur un piédestal et juste me battre. »

Eugenie dans le carré d'as

Car, au-delà des images en papier glacé, ce qui rapproche sans doute le plus Bouchard et Sharapova, c'est leur amour de leur sport et leur volonté sans faille.

Loin de l'image de poupée barbie qui lui avait été accolée à ses débuts, la Russe a prouvé, en revenant notamment de blessures sérieuses à l'épaule droite, qu'elle était une authentique championne.

La Québécoise est, elle, une teigneuse sur le court, qui a une grande confiance en elle et ne renonce jamais. « Je l'avais d'abord remarquée pour ses belles robes quand j'étais jeune », sourit-elle en évoquant Sharapova.

« Mais évidemment, pour réussir ce qu'elle a réussi, vous devez être très forte mentalement », complète-t-elle. « C'est l'une de ses forces. Je vais être prête pour une vraie bataille. »