Elina Svitolina a un statut à protéger : celui de championne en titre de la Coupe Rogers. Ça vient également avec de précieux points au classement à défendre.

Couronnée à Toronto en 2017, elle aura un public différent à conquérir à Montréal, à sa deuxième présence seulement au parc Jarry. Défendre un titre est un mandat difficile à remplir, et dans un décor différent, les conditions changent un peu.

« C’est unique. C'est tout un défi mais c'est agréable en même temps, croit Svitolina, qui est de nature plutôt timide. Toronto et Montréal ont certainement des ambiances différentes. J'ai hâte de commencer ce tournoi, qui est si relevé et bien organisé. Je suis heureuse d'être ici. »

L’été dernier, ce qui était alors devenu son neuvième sacre en carrière déjà (elle en a un total de 12 aujourd’hui) est son plus important succès à ce jour avec celui empoché à Rome.

« C'était une incroyable semaine pour moi, se souvient la cinquième raquette mondiale. Dès le premier match, je ne l'avais pas eu facile (contre Daria Kasatkina, ndlr). J’étais dans la meilleure forme possible. Cela dit je peux encore améliorer ma condition physique. Maintenant je reviens au Canada, je pense que je suis prête et je m'entraîne du mieux possible pour l'être. J'ai de bons souvenirs ici. »

L'envie de signer l’exploit une deuxième année de suite peut comporter un certain stress, mais Svitolina préfère bien sûr voir le beau côté des choses. Les bons souvenirs qu’elle garde lui donnent des points de repère et une dose d’énergie.

« C’est bien d’avoir le statut de championne en titre. Il y a bien sûr de la pression et des attentes, mais c'est plaisant. Ça me donne confiance d'avoir aussi bien fait l'année dernière. Quand je vais embarquer sur le terrain, je vais me rappeler que je me suis déjà rendue jusqu'au bout », affirme-t-elle.

L’Ukrainienne de 23 ans a certainement le talent pour répéter le scénario. Elle a plusieurs atouts qui lui ont permis de se rendre là où elle est aujourd’hui, mais elle surtout très confiante en ses moyens, calme et opportuniste pendant les matchs. Elle est l’une des joueuses les plus athlétiques et a sans contredit ajouté de la puissance à son service.

Svitolina est devenue joueuse professionnelle alors qu’elle avait tout juste 15 ans. À l’aube de sa vingtaine, elle effleurait déjà le top-30. Elle a rapidement mais discrètement fait sa place parmi les meilleures joueuses de la planète après avoir été dominante au niveau junior. Discrètement parce que malgré le fait qu’elle a maintenu une constance impressionnante et qu’elle est une grande menace pour ses adversaires, elle passe tout de même sous le radar aux yeux du public. D’une certaine manière, elle dit que ça lui permet de se concentrer davantage sur le tennis plutôt que d'avoir trop de distractions.

Elle n’a pas cessé de progresser et n’a pas connu de recul majeur, mais elle a cependant plus de difficulté à passer au niveau supérieur lors des Grands Chelems, n’ayant jamais été capable de franchir les quarts de finale. Heureusement, si elle vit une déception dans un tournoi, elle passe vite à autre chose et regarde vers l'avant. C’est ce qu’elle a fait après son élimination inattendue au premier tour à Wimbledon aux mains de Tatjana Maria (57e au monde à ce moment).

« Le matin suivant, après avoir perdu, j'étais déjà en mode pratique. J'étais vraiment fâchée de la façon dont j'avais joué. Ma saison sur gazon n'a pas été ma meilleure et j’avais des choses à corriger. Si quelque chose ne fonctionne pas dans ton jeu, tu dois retourner à la planche à dessin et c'est exactement ce que j'ai fait. J'ai eu quatre semaines d'entraînement et j'ai mis beaucoup d'efforts là-dedans. Je veux mieux faire dans la seconde moitié de l'année qui sera chargée. »

Svitolina amorcera son parcours à la Coupe Rogers mercredi après-midi contre la Roumaine Mihaela Buzarnescu. Cette dernière, 20e mondiale, a battu Wang Qiang en deux manches lors du tour initial.

« Ce match peut basculer d’un côté comme de l’autre, prétend Buzarnescu. Elina joue très bien. Je vais simplement jouer mon jeu et voir ce qui se passe. J’ai gagné nos deux derniers affrontements, mais ça ne veut rien dire. Comme tout le monde le sait, dans le tennis, on peut gagner 10 fois et perdre 10 fois contre la même joueuse. Tout le monde a sa chance. Je vais aller sur le terrain et faire tout mon possible. »

Buzarnescu est l'une des six Roumaines qui ont réussi à intégrer le tableau principal avec bien sûr la no 1 mondiale Simona Halep, du jamais vu ici.

« Nous avons toujours été très fortes du côtés des filles, estime Buzarnescu, qui vient à 30 ans de remporter son premier titre en carrière, à San Jose. Je me rappelle qu'au niveau junior, dans ma génération, il y a avait tellement de Roumaines parmi les meilleures. Ça démontre que nous sommes de très bonnes athlètes et des battantes. C'est vraiment bien de constater que nous sommes de plus en plus dans les tableaux principaux. »