MONTRÉAL - Si Aleksandra Wozniak a tenu la foule montréalaise en haleine pendant près de trois heures avant d’arracher le premier point du Canada à la Coupe Fed, Eugenie Bouchard, elle, n’a pas perdu de temps pour doubler l’avance des siens en infligeant une leçon de tennis à la Serbe Jovana Jaksic 6-1, 6-0.

Le Canada en plein contrôle

La bataille d’apparence inégale sur papier l’a été tout autant sur le terrain contre la 149e raquette mondiale. Après 50 minutes de jeu, Bouchard avait enchaîné 3 as, 19 coups gagnants (contre seulement 6 pour son adversaire) et cinq bris de service en neuf occasions, en route vers la victoire.

Lors d’une rare opportunité d’évoluer à la maison, la première pour le Canada depuis les cinq derniers duels de la Coupe Fed, l’athlète de 19 ans a livré la marchandise.
« J’adore jouer pour mon pays. C’est toujours spécial pour moi, on ne fait pas ça souvent », a-t-elle lancé immédiatement après sa performance.
 

« Je suis heureuse, c’est un bon départ pour moi. C’est mon premier match depuis les Internationaux d’Australie. J’ai joué agressivement et j’ai été capable de garder le momentum même après le premier set qui s’est terminé 6-0. C’était important de garder ma concentration et c’est ce que j’ai fait.

« Je me sens en confiance sur le terrain, mais il y a encore beaucoup de choses que je peux faire. […] C’est en jouant de gros matchs et en affrontant les meilleures au monde que je m’améliore constamment. C’est un autre pas vers mon objectif de devenir la meilleure possible. »

Depuis sa demi-finale à Melbourne, Bouchard est un véritable phénomène dans le monde du tennis. Son nouveau statut exerce-t-il désormais un pouvoir d’intimidation sur ses adversaires?

« Je ne sais pas, je me concentre sur moi. Peut-être qu’elle était un peu intimidée, ce serait bien. Mais ce n’est pas quelque chose à laquelle je pense. Je me concentre sur mes coups, je veux jouer agressivement, je veux avoir une bonne présence sur le terrain. »

Il n’y a pas que la principale intéressée qui peut être fière de sa performance, le capitaine du Canada Sylvain Bruneau aussi.

« Elle a très bien joué, elle n’a montré aucune faiblesse. Elle a donné l’impression que son adversaire n’était pas si bonne que ça, mais ce n’est pourtant pas le cas. Elle a frappé avec de la profondeur, elle était confiante et a très bien joué. »

Une victoire qui fait du bien

Non sans lui avoir donné une bonne frousse auparavant, Aleksandra Wozniak a soulevé la première le public grâce à un gain 7-5, 2-6, 6-4 contre Vesna Dolonc.

Le scénario ne pointait toutefois pas vers le succès en amorce du match alors que la Québécoise s’est vite retrouvée devant un déficit de 5-1 après avoir débuté avec une double faute puis éventuellement deux bris de service consécutifs concédés à son adversaire, classée 117e au monde.
 

Wozniak place le Canada en avant

L’inconstance, quelques déchets dans ses coups et un service trop facilement attaquable ont notamment mené à ce faux départ toutefois parsemé de quelques beaux flashs ici et là.
« Sylvain m’a dit a d’être plus agressive et de continuer à avancer dans les balles, parce que mes balles étaient trop profondes. Il savait que mon jeu allait se replacer.

« Je connaissais Dolonc, j’ai déjà joué contre elle au US Open en 2013, et ç’a encore été un match difficile. C’est une combattante, elle ne lâche jamais. Elle est très régulière, il m’a fallu être plus constante et appliquer mon jeu aux bons moments. J’ai aussi plus varié mon jeu en essayant de la faire bouger. Je détournais avec mon coup droit pour aller chercher le point gagnant avec mon revers. J’ai continué à me concentrer sur chaque point, à me battre et à essayer d’imposer mon rythme. »

En conservant son sang-froid et le support inconditionnel des partisans majoritairement vêtus de rouge pour supporter l’unifolié, la remontée s’est enclenchée. Les beaux flashs sont devenus davantage la norme dans son jeu et les rôles se sont en quelque sorte inversés pour mettre la main sur le premier set. Le second a cependant temporairement vu la Wozniak de début de rencontre resurgir en perdant ses deux premiers jeux au service pour faire 0-3, puis la manche.

L’ultime engagement fut long et éreintant en raison d’un deuxième jeu qui a pris à lui seul une vingtaine de minutes à disputer, mais au final heureux pour la Blainvilloise qui se sauve avec une victoire durement arrachée, sa 38e en Coupe Fed.

« J’étais pas mal émue après ma victoire, je tenais beaucoup à revenir avec mon équipe. J’adore jouer pour mon pays. Je joue toujours avec beaucoup d’émotions en Fed Cup, c’est pour ça que j’y performe bien. »

Ce gain pour le Canada représente aussi une victoire importante sur le plan individuel pour Wozniak qui a vécu plusieurs obstacles dans sa tentative de revenir au sommet depuis son retour d’une sérieuse blessure à l’épaule droite.

« Avec une victoire comme ça à la maison, je me sens super bien. La pente n’est pas facile à remonter. On a travaillé super fort avec tout le monde pour soigner mon épaule et pour m’aider à revenir à la compétition.

« À cause de ma blessure, je n’ai pas joué pendant six mois, et c’était quelque chose de nouveau pour moi. C’est toute une pente que je dois remonter. Chaque match est une opportunité de progresser et de reprendre confiance. »

Dimanche, à 13 h, face à Dolonc, Bouchard pourrait assurer la participation du Canada au duel de barrages qui vise à se tailler une place dans le groupe mondial I. Si nécessaire, s’en suivra un match de double opposant Sharon Fichman et Gabriela Dabrowski à Aleksandra Krunic et Nina Stojanovic. Un dernier match de simple Wozniak-Jaksic aura lieu seulement si l’égalité persiste.