En l’absence de Novak Djokovic et de Roger Federer à la Coupe Rogers, Rafael Nadal est bel et bien le favori pour défendre son titre acquis à Toronto l’an dernier.

Ça ne veut pas dire pour autant qu’il a le champ libre, loin de là.

« Ça fait tellement d’années que je suis sur le circuit. Quand je vais dans un tournoi, j’essaie de me concentrer sur moi-même et sur mon jeu, explique l’Espagnol. Même si Novak et Roger ne sont pas là, il reste encore d’excellents joueurs. Je dois faire les mêmes choses que quand ils sont là. Et même s’ils étaient ici, je ne pourrais pas les affronter avant la demi-finale ou la finale, donc j’ai plusieurs matchs à gagner avant d’en arriver là. »

Nadal est fidèle au tournoi montréalais. Il n’y a jamais raté une édition depuis le début de son illustre carrière. À sa première visite qui remonte à 2005, celui qui n’avait que 19 ans a fait une entrée fracassante. Il comptait déjà quelques trophées à son palmarès, dont un à son endroit de prédilection qui est Roland-Garros, mais aucun sur surface dure. Quand il a donc vaincu Andre Agassi pour devenir champion cette année-là, cela a été un point tournant et un exemple de sa polyvalence.

« C’est difficile d’évaluer exactement quel impact cela a eu sur ma carrière, mais c’était pour moi un premier gros tournoi sur surface dure, se rappelle le spectaculaire gaucher. Ce moment signifiait beaucoup pour moi, surtout contre Andre. J’ai toujours eu de bonnes sensations en jouant ici, j’ai eu d’excellents matchs dans ma carrière ici à Montréal. »

Depuis, Nadal a remporté trois autres titres aux Internationaux du Canada. Il garde en mémoire plusieurs souvenirs heureux, mais bien sûr, il n’est pas infaillible et on l’a constaté il y a deux ans quand il a été surpris en huitièmes de finale par Denis Shapovalov devant une foule en délire sur le court central.

« Ça a été un excellent match, mais j’ai raté beaucoup d’opportunités, je n’ai pas été à mon meilleur, analyse Rafa. Comme joueur local, il a très bien performé et a fait preuve de beaucoup de détermination. J’ai de bons souvenirs en termes d’atmosphère, mais pas au niveau personnel à cause de la défaite. J’avais le match sous contrôle presque tout le long, j’ai eu plusieurs chances, mais je n’ai pas été capable de fermer les livres. Cela dit, au final, ce n’est qu’une défaite contre un très bon joueur, il y en aura bien d’autres encore. »

Cette semaine, le public évidemment à l’œil un autre jeune espoir canadien en Félix Auger-Aliassime, qui ne se retrouve toutefois pas dans la même portion de tableau que l’Espagnol. Nadal croit même que la verte recrue qui a été propulsée au 21e rang sur le circuit de l’ATP pourrait un jour faire sa marque parmi les meilleurs au monde.

« Bien sûr! Je l’aime bien. J'aime son attitude, il est bien élevé. C'est un bon gars et il est passionné par son sport. C'est le genre de joueur que j'adorerais voir connaître du succès et gagner, parce que je pense qu’il le mérite », vante le vétéran.

Dompter sa bête noire

Nadal amorce ainsi le dernier droit de la saison qui mène aux Internationaux des États-Unis et enfin aux Finales ATP de Londres. Comme on le sait, ce changement de surface a beaucoup usé Nadal par le passé. Il a subi quelques blessures inquiétantes, notamment des problèmes au genou récurrents. Ça l’a forcé à apporter quelques ajustements à son jeu pour améliorer sa durabilité. Malgré une condition physique exemplaire, personne n’est à l’abri d’un malheur et d’une blessure, alors Nadal préfère ne pas trop s’en préoccuper. Il organise simplement le mieux possible ses entraînements et son calendrier d’activités.

« Ça ne m’inquiète pas, assure Nadal. Si je pense à trop de choses autres que le tennis, je ne peux pas bien jouer au tennis. Quand je joue au tennis, je pense à la balle, à mon adversaire et à ce que je dois faire pour gagner. Je ne peux pas me soucier des blessures. Si quelque chose arrive, il faut vivre avec. Il ne faut surtout pas mettre l’emphase sur le négatif, parce que quand on part avec cette mentalité, c’est là que les problèmes arrivent.

« Je pense que j’ai fait beaucoup de choses pour changer mon style et mieux m’adapter aujourd’hui par rapport à il y a 10 ans. Je peux quand même être malchanceux, parce que je n’ai plus 25 ans, j’en ai 33. Bien sûr, le dur est plus dommageable que l’ocre ou le gazon. Il n’y a pas beaucoup de sports professionnels qui se pratiquent sur une surface aussi dure et dangereuse pour le corps. »

À 33 ans justement, Nadal dit être plus calme et plus capable de gérer son emploi du temps pour relaxer et décrocher mentalement. Depuis Wimbledon, Nadal a pris une petite pause de la compétition et s’est plutôt entraîné à Majorque avant de reprendre le boulot.

« C’est parfois plus long, parfois plus rapide de s’adapter à la transition d’une surface à l’autre. Il faut juste que je retrouve mon rythme et que chaque jour je m’améliore pour être un peu meilleur le jour suivant », conclut la première tête de série qui affrontera mercredi Alex de Minaur ou le joueur qualifié Daniel Evans à son premier match, au deuxième tour.