Que dire du parcours phénoménal de Carlos Alcaraz qui devient à 19 ans et 2 jours le plus jeune sur 12 joueurs à vaincre Rafael Nadal et Novak Djokovic dans le même tournoi et le seul à réussir l'exploit sur terre battue? On rajoute à cela une finale face à Alexander Zverev menée de main de maitre. Du suspense en ronde ultime il n'y en a pas eu tellement l'Allemand est en manque d'énergie. À sa décharge il a terminé son match de demie dépassé une heure du matin.

 

Carlitos, comme on appelle affectueusement Alcaraz en Espagne, est en train de chambouler l'ordre établi dans le top-10. Quelle progression fulgurante il connait depuis un an alors qu'il passe de la 120e place à la 6e, qu'il occupera dès demain. Il fera aussi écarquiller les yeux à Roland Garros s'il reste est en santé. Une chose est certaine, tous les regards seront tournés vers lui tellement sa valeur est grande. Les meilleurs amènent le jeu un cran plus haut et déjà Alcaraz appartient à cette catégorie d'exceptionnels. Forcément, tous les meilleurs devront rajouter des éléments d'attaque dans leur jeu pour espérer lui tenir tête. Prometteur tout cela!

 

Pour ce qui est des performances de Félix Auger-Aliassime à Madrid, je crois qu'il y a plein de belles choses que l'on peut retenir de cette semaine. D'abord contre le terrien Cristian Garin, je note que dès le début du match notre Québécois dégage une belle énergie soit celle d'un homme qui est prêt et confiant. Toni Nadal est sur place ce qui aide grandement à faire le point et remettre les difficultés récentes dans leur juste perspective. Très tôt FAA sauve une balle de bris avec autorité ce qui le projette plus haut. Tout est en place alors que c'est plutôt Garin qui s'écroule au fil de la rencontre. Félix sert bien et se comporte comme un gagnant.

 

Puis contre le talentueux Jannik Sinner, Félix est présent et efficace une fois de plus alors que Sinner fait beaucoup de fautes en coup droit. Le match est à sens unique. Récemment, plusieurs petits pépins physiques sont venus entacher le jeu de l'Italien. Peut-être qu'une petite pause lui ferait du bien? Peu importe, Félix est solide et ne baisse pas de régime, c'est ce qu'il faut retenir.
 

Finalement contre Alexander Zverev, double champion à Madrid, il faut admettre que dans ces conditions soit à 650 mètres d'altitude, en général, il est un sérieux client. Cependant, autant face à Daniil Medvedev en quarts à Melbourne, Félix est au taquet dès la première balle, autant face à Zverev cette semaine c'est alors qu'il est au bord du précipice qu'il hausse son jeu au bon niveau. Ce tournoi lui apporte malgré tout une belle dose de confiance pour la suite.

 

Denis Shapovalov qui n'a pas joué depuis Miami revient au jeu cette semaine avec une performance encourageante d'entrée face à Ugo Humbert. Notre Canadien déborde d'énergie, mais met un set à se dégager alors qu'il livre une superbe performance au bris d'égalité pour s'offrir l'avance d'une manche. Je crois vraiment qu'avec la qualité de ses accélérations, Denis filera plus facilement vers le gain du 2e set, mais ce fut plutôt tout un chemin de croix! Denis mène pourtant 3-0, mais offre quand même 9 balles de bris à Humbert. La bonne nouvelle c'est qu'il tient le coup, mais la mauvaise c'est qu'il étale tous ses soucis au service au monde entier. 

 

Au lieu d'entrer sur le terrain au tour suivant face à Andy Murray bourré de confiance comme cela avant été le cas l'an passé à Wimbledon, il oscille entre du bon et pas mal de moins bons au service. Murray pour sa part est brillant lorsque ça compte avec des premières balles puissantes et précises sur moments clés. Et puis, on n'a pas vu son coach Jamie Delgado dans sa loge, mais plutôt son entraineur chez les juniors Adriano Fuorivia qui avait aussi remplacé Rob Steckley en 2019. Le joueur canadien Peter Polansky fait aussi partie de son entourage. J'ai l'impression que Denis veut trop contrôler le dialogue. À suivre...

 

Dans un autre ordre d'idée, le vétéran sud-africain Kevin Anderson décide qu'il en a assez et de met un terme à sa belle carrière longue de 15 ans. Anderson compte 7 titres sur le grand circuit en plus d'atteindre 2 finales Grand Chelem soit au US Open en 2017 et à Wimbledon en 2018. Impossible d'oublier son envolée mémorable au All England alors qu'en quarts de finale il dispose de Roger Federer 13-11 au 5e set et de John Isner en demie 26-24 à l'ultime manche. Malheureusement il a les pieds ensanglantés après autant de tennis joué et ne fait qu'acte de présence devant Novak Djokovic en finale. Après des années et des années de discussions, les dirigeants des quatre Grands Chelems décident finalement en début de cette année de se mettre d'accord pour présenter un bris d'égalité à 6-6 manche finale. Enfin un peu de respect accordé à ceux et celles qui s'arrachent pour faire le spectacle...

 

Un autre qui quittera le circuit après la saison, c'est Gilles Simon qui aura en fin d'année 38 ans. Quelle carrière intéressante il a connue le Gilou! Sa constance légendaire en fond de terrain lui aura valu des victoires sur Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Stan Wawrinka avec au compteur 14 titres et une 6e place mondiale. Je me souviendrai toujours des belles conversations que j'ai eues avec lui sur les aspects organisationnels du tennis et j'espère vivement qu'il restera connecté et impliqué, car il a beaucoup à offrir.  

 

Que dire aussi d'Alizé Cornet qui lance un premier roman intitulé: « La Valse des Jours ». Cette belle aventure commence alors qu'elle a l'idée d'offrir à sa maman un cadeau de Noël bien spécial. Alizé veut raconter la vie de sa mère, sa grand-mère et sa tante. La directrice littéraire de la maison d'édition Flammarion Louise Danou est tellement impressionnée qu'elle lui demande de développer encore plus les personnages. Un an plus tard, voici une œuvre de 400 pages qui mérite qu'on s'y attarde. Chère Alizé, on a toujours su que tu avais un caractère bien trempé, mais derrière cette façade entachée de colère, se cache une imagination fertile bordée de tendresse. Tiens, voilà un beau cadeau à offrir en ce jour de la fête des Mères. Profitez-en si la vôtre vit encore...

 

Vous souvenez-vous du joueur argentin David Nalbandian? Aujourd'hui âgé de 40 ans, il a fait partie de la grande élite dans les années 2000 en atteignant la 3e place mondiale et en faisant trembler tous les meilleurs. Treize titres au compteur en plus d'une belle finale à Wimbledon, j'ai trouvé intéressant de le voir en action avec son protégé, Miomir Kecmanovic durant un temps d'arrêt en raison de la pluie. Nalbandian avoue que le serbe a accepté de changer beaucoup d'éléments lorsqu'ils ont commencé à travailler ensemble en février 2021, et ce dans tous les aspects: tactique, mental et physique. Nous n'avions pas de résultats l'an passé, mais là ça commence à être payant, nous confie-t-il. 78e au mois de janvier, Miomir est maintenant 32e, oui c'est impressionnant. Ça aide pour devenir grand d'avoir à ses côtés un grand... 

 

Comme chaque semaine voici quelques citations qui ont retenu mon attention. Julien Reboullet, journaliste toute étoile pour l'Équipe raconte comment il a vécu le match entre Alcaraz et Djokovic: «  Voici un condensé de vie sur un court. Des gifles et des caresses, des cris et des murmures, des hauts, très hauts et des bas qui ne gâchent rien. Le genre de match qui colle au cœur et au corps des années après, comme des chansons qui vous ramènent automatiquement à certains moments précis de votre existence... »

 

L'ancien premier joueur mondial et coach d'Alcaraz Juan Carlos Ferrero nous confie ceci: »  On veut toujours monter les marches les unes après les autres. Carlos les enjambe quatre par quatre. L'équipe que nous formons l'aide et le protège afin qu'il reste humble ce qui n'est pas facile puisque tout le monde est fou de lui! Je suis très content de la manière que les choses se passent. Cela représente beaucoup de travail et de temps. J'en suis très fier. »

 

Finalement, quelques paroles de la pépite d'or alors qu'un journaliste lui demande s'il est le meilleur joueur au monde. « Non je suis 6e, il y en a 5 devant moi au classement. » Et puis Carlos, est-ce qu'il y a une limite à ce que tu accompliras? Il sourit, réfléchit pendant une seconde avant de répondre:  « Non, je ne pense pas... ».

 

À suivre donc avec l'épreuve de Rome cette semaine qui nous amènera jusqu'à Paris pour le tournoi de Roland Garros prévu du 22 mai au 5 juin.