De Santiago à Québec
Universitaires mercredi, 4 févr. 2015. 01:09 samedi, 14 déc. 2024. 23:39QUÉBEC - Le Chilien Vicente Ignacio Parraguirre Villalobos a fait un choix de vie en 2014. Celui d’accepter l’offre de l’Université Laval pour venir y étudier, jouer au volleyball et apprendre le français.
Cinq mois après avoir mis le pied au Québec, le volleyeur de 20 ans réussit déjà à s’exprimer d’une manière plus que convenable dans la langue de Molière au point de donner une entrevue de plus de 10 minutes au RDS.ca. Même s’il maîtrise maintenant quatre langues (espagnol, anglais, allemand et français), le natif de Santiago, la capitale du Chili, ne parlait pas un mot de français quand il a choisi de venir étudier à Québec.
La recrue de l’équipe de volleyball du Rouge et Or s’illustre tout autant sur le terrain en dominant le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) pour les attaques gagnantes avec 216, soit 94 de plus que son plus proche poursuivant. Sa moyenne de 4,25 attaques gagnantes par manche le place au deuxième échelon au Canada.
L’adaptation de celui qu’on surnomme Vicho ne s’est toutefois pas faite en claquant des doigts. Il a vécu des moments plus difficiles à son arrivée dans la Vieille Capitale.
« Au début, c’était difficile parce que ce n’est pas la même langue et la même culture. Les deux ou trois premiers mois étaient vraiment difficiles parce que je ne pouvais pas parler (français). J’ai essayé de comprendre, mais je ne comprenais rien. Quand j’ai commencé à parler et à comprendre, c’était plus facile. Maintenant, je suis vraiment heureux », affirmait le joueur de six pieds quatre pouces rencontré avant un entraînement de son équipe mercredi dernier.
Ce fut la même chose sur le terrain alors que de petites différences existent entre le volleyball pratiqué au Québec et celui joué en Amérique du Sud. Vicho a atterri dans la Belle Province le 24 août et la saison régulière du volleyball masculin commençait deux mois plus tard.
« Le volleyball, c’est similaire partout dans tout le monde. Il y a beaucoup de choses que j’ai pratiquées d’une façon, mais ici c’était différent. Mais c’était plus facile que l’adaptation culturelle », a assuré l’étudiant-athlète qui a déjà évolué avec l’équipe nationale de son pays d’origine.
« On voyait au début que ça lui faisait beaucoup de choses à gérer parce qu’il ne comprenait pas (la langue) évidemment. C’était aussi une nouvelle approche du côté de l’entraînement et du système de jeu, a expliqué son entraîneur, Pascal Clément. Un joueur qui n’est pas à son naturel parce qu’il a trop à gérer, souvent il perd un petit peu de sa qualité. C’était un peu son cas. Mais dès l’instant que ça c’est placé, et déjà juste de comprendre les exercices, on a senti son niveau monter. Et maintenant, on sent vraiment qu’il a pris son envol. »
Vicho poursuit ses cours de français à l’Université Laval, lui qui avait toujours eu comme plan d’aller à l’étranger pour effectuer ses études universitaires dans une autre langue que l’espagnol. Dès l’automne 2015, il pourra commencer son baccalauréat en administration des affaires. L’hiver ne l’a pas effrayé puisqu’il a déjà annoncé qu’il serait de retour pour la prochaine saison des Lavallois.
« Tout le monde m’a dit que l’hiver au Québec c’est horrible. Avec un gros manteau, des pantalons et des bottes, ce n’est pas très froid », a-t-il candidement convenu.
Référé par un compatriote
Pascal Clément, qui dirige le Rouge et Or depuis 1992, avait ciblé les besoins de son équipe après le dernier Championnat canadien où l’Université Laval avait pris le quatrième rang.
« On discutait et on se disait que ce serait plaisant d’avoir un joueur dominant en attaque l’an prochain. On avait besoin d’un peu de punch dans l’équipe », se remémorait Clément, vainqueur de deux titres nationaux à la barre de la formation lavalloise.
Clément souhaitait également la venue d’un joueur étranger qui parlait déjà français ou qui voulait l’apprendre, ce qui était le cas de Vicho. Mais comment fait-on pour dénicher un joueur comme lui?
Grâce à un entraîneur adjoint chilien qui avait déjà joué au volleyball avec le frère de Parraguirre Villalobos.
Daniel Alejandro Cuzmar Grimalt s’est joint au personnel du Rouge et Or en 2013 et c’est lui qui a fait découvrir ce diamant brut à Clément. Vicho avait participé aux Universiades pour le Chili et avait affronté le Canada. Ses statistiques parlaient d’elles-mêmes alors qu’il avait connu un fort match face aux Canadiens.
Cuzmar Grimalt héberge celui qu’il a référé à son patron. Sa présence dans l’organisation a évidemment facilité l’acclimatation de Vicho alors qu’il peut parler l’espagnol à la maison avec lui.
Vicho a également reçu la visite de ses parents au cours des dernières semaines et celle de sa copine par la suite. Au sourire qu’il affiche lorsqu’il en parle, on peut en déduire que de revoir ses proches lui a fait le plus grand bien.
Les Jeux olympiques et le sport professionnel
Vicente Ignacio Parraguirre Villalobos a encore du chemin à faire pour devenir un joueur de volleyball complet. Sa puissance et sa précision dans ses attaques sont indéniables, mais il doit améliorer les autres facettes du sport.
Pascal Clément compare l’instinct de marqueur du Chilien à un ancien joueur vedette du Rouge et Or, Karl De Grandpré. Néanmoins, Vicho n’est pas encore un joueur complet comme l’était le Québécois durant ses cinq saisons avec les Lavallois.
« De Grandpré a été au cours de la décennie un des meilleurs joueurs au pays et l’un des meilleurs de l’histoire du Rouge et Or. Un excellent attaquant, serveur et réceptionneur et physiquement mature aussi. Il prenait de la place sur le terrain. Vicho n’est pas rendu là. Ceci dit, ça reste un jeune joueur. Il a du temps devant lui. Maintenant qu’il comprend, je pense que ça va aller un petit peu plus vite », a évalué Clément, un entraîneur avec de la verve.
Vicho a représenté son pays lors de plusieurs compétitions, dont lors des Jeux sud-américains tenus dans sa ville natale au Chili en mars 2014. Son équipe avait remporté la médaille d’argent.
Ayant tout d’abord joué avec les équipes juniors, il a évolué avec les formations senior et des moins de 23 ans avant de se joindre avec le Rouge et Or. Avec les prochains Jeux olympiques d’été présentés à Rio au Brésil en 2016, Parraguirre Villalobos rêve d’y participer.
« C’est notre but. Rio n’est pas impossible, mais ce sera difficile. Nous ne sommes pas qualifiés présentement, mais l’équipe nationale senior est vraiment jeune », a-t-il spécifié en ajoutant que la présente formation chilienne a une fenêtre de deux JO.
Vicho caresse aussi le rêve de jouer au volleyball au niveau professionnel après ses études. Bien qu’il ne soit pas encore arrêté sur ce qu’il veut faire avec son diplôme, il ne ferme aucune porte pour l’instant.
« Je pense que je veux essayer. C’était mon rêve quand j’ai commencé à jouer au volleyball. Au Chili, c’est difficile. Pour un Chilien, jouer à l’étranger c’est aussi difficile. Maintenant, si vous me demandez, oui je veux (jouer au niveau professionnel). Mais dans quelques années, je ne sais pas », a-t-il répondu.
Une saison en dents de scie
On a longtemps parlé de la séquence de 11 Coupes Dunsmore de suite du Rouge et Or au football. Mais l’équipe de volleyball masculin n’est pas vilaine non plus alors qu’elle vise un 10e titre québécois de suite.
Bien que les Lavallois soient au premier rang du classement du RSEQ, l’édition actuelle n’est pas aussi dominante que les précédentes de Pascal Clément. Entre 2008 et 2013, le pilote du Rouge et Or a conduit ses troupes à 100 victoires consécutives en match de ligue en plus du titre canadien en 2013.
Avec une rencontre à disputer en saison régulière, l’Université Laval montre une fiche de 11-5 et affrontera les Carabins, qui sont deuxièmes avec une fiche de 9-6, vendredi au CEPSUM. Les protégés de Clément tenteront de consolider leur classement et leur présence en finale québécoise face à leurs rivaux qui les ont défaits deux fois en trois confrontations.
L’équipe qui terminera au deuxième rang affrontera en demi-finale l’Université de Sherbrooke dans une série deux de trois.
« On a de très bonnes performances comme de très mauvaises. Les raisons sont multiples. Nous avons de nouveaux joueurs qui proviennent d’un peu partout. C’est une équipe relativement jeune puisque nous avons seulement un joueur de cinquième année sur 14 », a relaté Clément dont la formation l’a emporté trois manches à deux contre le Vert et Or le week-end dernier.
« Il faut respecter et être honnête. Sherbrooke a une bonne deuxième session. Montréal nous a battus deux fois sur trois. On est dans les vagues. C’est à nous de les orienter vers la stabilisation de notre système. C’est aux joueurs de mettre la main à la pâte pour stabiliser des choses aussi. On n’est pas la grande équipe qui domine et qui gagne tous ses matchs. On est une équipe qui a du travail à faire, qui a des ajustements à apporter et qui doit livrer sur le terrain en situation de match. On travaille dans cet esprit-là », a-t-il ajouté.