MONTRÉAL – Avant même d’entamer sa brillante carrière au football professionnel, Anthony Calvillo savait qu’il voulait éventuellement diriger une équipe d’étudiants et c’est à Montréal, sa maison, qu’il réalise cet objectif qui lui permettra de redonner.

 

Peu de temps après sa retraite en tant que quart-arrière, Calvillo a été parachuté abruptement dans le monde du coaching. La transition ne s’est pas effectuée avec aisance, mais Calvillo a conservé son humilité et il s’est attelé à apprendre cette nouvelle profession.

 

Calvillo : embauche surprenante qui fait beaucoup de sens

Maintenant qu’il se sent plus à l’aise dans cet univers avec un bagage de quatre saisons – dont la dernière auprès de son mentor Marc Trestman avec les Argonauts de Toronto – Calvillo a choisi de s’implanter au niveau universitaire avec les Carabins de l’Université de Montréal.

 

Avec un parcours comme le sien, Calvillo aurait pu poursuivre sa progression avec bien des équipes professionnelles, mais ce n’était pas ce qui l’intéressait.

 

« J’ai pris la décision que je voulais être ici, à Montréal. Le football professionnel à Toronto était une belle expérience, mais ce n’est pas ce que je veux pour ma famille. Je veux être présent pour mes enfants, aller les porter à l’école et parler avec eux. Des choses que je faisais avant. Que ce soit du football professionnel ou universitaire canadien, je veux simplement partager mes expériences. Je veux influencer des jeunes hommes comme des entraîneurs l’ont fait pour moi, c’est ma façon de redonner », a expliqué Calvillo qui agira comme assistant entraîneur-chef et entraîneur des quarts.

 

L’ancien numéro 13 fait ici référence à deux hommes qui l’ont tenu loin des pièges de la vie qui a été élevé dans un milieu particulièrement dur en Californie.

 

« Mon entraîneur à l’école secondaire et celui au niveau universitaire ont changé ma vie. Je ne serais pas ici sans eux. J’ai toujours senti dans mon cœur que j’aimerais coacher au secondaire un jour. Ça faisait toujours partie de mes plans. Si une personne a pu changer ma vie, j’espère pouvoir en faire autant », a confié AC vêtu du bleu et blanc des Carabins.

 

Personne ne contestera que Danny Maciocia et les Carabins ont frappé un grand coup, mais bien des observateurs ont été surpris par sa destination puisqu’ils auraient pu préférer le contexte des Stingers de Concordia ou des Redmen de McGill.

 

« J’ai aussi parlé avec Brad Collinson (l’entraîneur à Concordia). Mais, au final, c’est la relation bâtie au fil des ans avec Danny et les fondations érigées chez les Carabins qui m’ont mené ici », a expliqué avec franchise celui qui sera encadré par un tuteur pour apprendre à mieux s'exprimer en français. 

 

Il faut se rappeler que la connexion entre Calvillo et Maciocia remonte à une vingtaine d’années. Les deux hommes ont travaillé ensemble en 1998 et 1999 avec les Alouettes. Maciocia a même agi en tant que coordonnateur offensif avec Calvillo en 2001.


Ce que l’on savait moins, c’est qu’ils ont gardé contact par la suite et que le sujet du football universitaire a souvent alimenté les discussions. Le moment déterminant serait survenu lors d’un gala tenu dans le cadre du 375e anniversaire de la ville de Montréal. Pendant plus de quatre heures, ils ont discuté football et c’est là que l’idée a véritablement germé.

 

Même si Calvillo a manifesté son désir de s’implanter avec les Carabins, le spectre d’un retour au football professionnel sera difficile à chasser.

 

« J’ai signé un contrat de deux ans et j’entends établir mes racines ici. C’est ce que je veux faire, je veux apprendre bien des choses. J’ai toujours abordé les choses une année à la fois, mais je termine aussi ce que j’entreprends », a-t-il tenu à préciser.

 

Parlant de son entente contractuelle, cette embauche laisse croire que les Carabins ont dû débloquer un budget considérable. Ceci dit, Calvillo et Maciocia ont indiqué que le côté salarial n’a jamais été au cœur des préoccupations.

 

« Durant le processus, ma femme m’a demandé ‘Combien d’argent vas-tu faire?’ Je lui ai répondu que je ne le savais même pas, qu’on n’avait pas discuté de ça encore. Ça n’a jamais été un gros sujet de nos discussions. On voulait tous les deux que ça fonctionne », a raconté Calvillo qui veut surtout influencer les étudiants qui seront à sa disposition.

 

« Je pense que ce fut la partie la plus facile. Je crois que le contrat a été une conversation de cinq minutes alors qu’on a passé des heures à parler d’autres sujets. Il faut faire attention dans la vie avec l’argent et les titres. Si tu recherches des titres ou de l’argent, ça se peut parfois que tu cherches des problèmes », a exposé Maciocia.

 

Clairement, Calvillo n’est pas en quête de cette gloire. Il devra tout de même s’adapter à la réalité du football universitaire. Maciocia et les dirigeants de l’Université de Montréal ne cessent de répéter que les études sont la priorité. Une transition sera donc nécessaire à ce chapitre, mais le principal intéressé est bien conscient de cet aspect.

 

« J’ai parlé à des gens qui ont fait les deux et ils m’ont fait comprendre qu’il faut quand même défier ces jeunes. Ils peuvent apprendre d’une façon différente, mais on doit leur montrer la même chose. Quant au côté pédagogique, je dois m’assurer de bien comprendre les exigences académiques envers eux », a déclaré Calvillo qui a choisi de compléter ses études universitaires au terme de sa carrière.

 

« On vient d’un monde froid avec les joueurs autonomes et la possibilité de libérer des gars. Mais quand on recrute un joueur pour le football universitaire, on ne peut pas l’échanger. On est plus que des entraîneurs de football. Je ne serais pas surpris de le voir devenir une figure paternelle pour des joueurs éventuellement. Le coaching est environ 50% de ce qu’on fait. C’est l’impact qu’on peut avoir sur les joueurs, c’est bien plus que ce qui se passe sur le terrain. C’est le côté le plus gratifiant. Ce n’est pas ce qui fait les manchettes, mais ça te fait sentir tellement mieux quand tu retournes à la maison », a insisté Maciocia.

 

Parlant de la maison, c’est là que Calvillo pourra retrouver ses filles de 13 et 11 ans. Lors de la saison dernière, elles avaient tenu à rester à Montréal pendant qu’il travaillait à Toronto.

 

« En raison de mon métier, on leur a toujours expliqué qu’on pouvait déménager. Elles m’ont toujours dit, vas-y et on reste ici ! Quand l’occasion s’est présentée pour Toronto, elles m’ont dit bye. C’est leur maison, elles sont nées ici et c’est ici que je dois être », a conclu Calvillo en étant conséquent dans ses propos.