La perle de l’Outaouais
Universitaires vendredi, 18 oct. 2013. 04:00 jeudi, 12 déc. 2024. 00:50Lorsque le Vert et Or a convaincu Isaac Lauzon de se joindre à l’Université de Sherbrooke, son entraîneur au niveau collégial, Denis Piché, avait bien averti David Lessard qu’il venait de mettre la main sur un athlète spécial.
Ce que l’entraîneur-chef des Sherbrookois ne savait pas à ce moment, c’est que son porteur de ballon deviendrait une pierre angulaire de son attaque dès sa première saison.
Trois demis à l’attaque devançaient Lauzon dans la charte des positions de l’équipe. Ils sont tous tombés au combat si bien que le produit des Griffons de l’Outaouais s’est retrouvé comme partant dès la troisième semaine du calendrier.
« Les autres porteurs de ballon me taquinaient un peu en me disant que j’utilisais probablement des poupées vaudou pour leur infliger des blessures », a relaté en ricanant le jeune homme de 21 ans dans un entretien téléphonique avec le RDS.ca durant la semaine de congé de l’équipe.
« Quand tu construis ton alignement avant la saison, tu ne comptes pas nécessairement sur les recrues pour avoir un impact immédiat, a affirmé son entraîneur-chef et coordonnateur offensif David Lessard. Mais Isaac nous a forcé la main. Il y a eu des blessures. Il a saisi sa chance et il a bien joué. C’est maintenant un rouage important de l’équipe. »
Lauzon a porté le ballon 60 fois en six rencontres pour des gains de 385 verges, ce qui lui confère une moyenne de 6,4 verges par portée. Il partage le sommet du RSEQ pour les touchés au sol avec quatre.
Il a connu son éclosion lors de la troisième semaine dans le deuxième affrontement contre les Gaiters de Bishop’s. Il a alors récolté 135 verges de gains au sol. Il a récidivé la semaine suivante contre McGill avec 134 verges, dont une course de 76 verges pour son deuxième touché de la rencontre sur le tout dernier jeu du match.
Ses statistiques ont ensuite été moins éloquentes contre les Carabins qui représentent l’un des meilleurs fronts défensifs au pays. Il a tout de même réussi à inscrire un majeur dans chacune des deux parties, dont celui qui a donné la victoire au Vert et Or au quatrième quart du premier duel.
« Je vis un rêve. J’ai eu une chance qui m’est tombée du ciel. Ce n’est pas quelque chose qui me stressait, mais j’avais tellement hâte que le moment où je joue arrive. Je m’étais tellement préparé que quand il est arrivé, j’ai fait tout ce que je pouvais du mieux que je le pouvais », a expliqué l’étudiant en administration.
Son éthique de travail est irréprochable aux yeux de Lessard. Il ajoute même que ce que Denis Piché, un ancien entraîneur-chef des Gee-Gees d’Ottawa, avait mentionné était peut-être prémonitoire pour la saison qui se déroule actuellement.
Dès que Lauzon a gradué du cégep, ce dernier est venu passer l’été à Sherbrooke pour apprendre le livre de jeux et pour étudier des bandes vidéo en compagnie des entraîneurs.
« Il a pris les bouchées doubles à l’entraînement. Certaines recrues ont l’impression d’avoir toute la vie devant eux pour performer. Mais Isaac avait déjà ce sentiment d’urgence et c’est une belle qualité pour un joueur de première année », a louangé Lessard.
Malgré le succès qu’il connaît, le Gatinois ne tient rien pour acquis. Il est conscient que les joueurs guérissent et qu’il y aura de la congestion dans le champ arrière des Renards.
Avec toutes les qualités que son entraîneur lui attribue, gageons qu’il y aura toujours une petite place pour Lauzon dans le schéma offensif, peu importe l’effectif en présence.
Une lutte pour sa survie
Avec une fiche de 2-4, le Vert et Or n’a plus vraiment de marge de manœuvre avec deux matchs à disputer alors qu'il occupe le cinquième rang au classement. Il aura tout d’abord l’imposant défi d’aller affronter le Rouge et Or à l’Université Laval, dimanche. Puis, Sherbrooke conclura sa saison régulière en accueillant les Stingers de Concordia, qui n’ont toujours pas de victoire.
La troupe de David Lessard (photo) doit absolument remporter l’un des deux matchs pour participer aux éliminatoires. Ensuite, elle doit se croiser les doigts pour que les Redmen s’inclinent contre les Carabins et les Gaiters. Les deux formations se retrouveraient avec une fiche de 3-5 au quatrième et dernier échelon donnant accès aux éliminatoires, mais Sherbrooke détient le bris d’égalité en vertu de son gain contre McGill.
Lauzon est confiant que si son équipe applique à la lettre le plan de match de leurs entraîneurs, ils accéderont aux demi-finales québécoises.
« Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Si nous suivons à la perfection ce que nos entraîneurs nous disent, ce n’est pas impossible qu’on aille chercher la victoire contre Laval, a-t-il admis. Si on veut contrôler notre destin et ne pas dépendre des autres, il faut être en mode séries et gagner nos deux matchs. »
« On pense qu’on fait partie des quatre meilleures équipes du RSEQ. C’est à nous de le prouver. On a entamé la campagne en se disant qu’il fallait jouer du meilleur football en fin de saison. Nous y sommes », a raconté Lessard.
Advenant l’élimination du Vert et Or avant les éliminatoires, Lessard ne se cache pas pour affirmer qu’il s’agira d’une déception pour son équipe.
« Quand il y a des insuccès, ça force une introspection. De vraiment prendre le temps de voir ce qui va bien et ce qui va mal. De faire une analyse un peu plus complète des décisions qu’on a prises et de leur impact sur le terrain, a révélé celui qui est à la barre du Vert et Or depuis décembre 2011. En fin de compte, l’idée c’est de s’améliorer chaque semaine. Souvent, les victoires et les défaites sont de bien mauvais juges de la performance globale d’une organisation. »
« De toute façon, que tu finisses premier ou dernier, si tu ne gagnes pas la coupe Dunsmore ou la coupe Vanier, tu n’as pas une saison avec beaucoup de succès », a-t-il résolument conclu.