NEW DELHI (AFP) - De hauts responsables musulmans d'Inde ont vivement critiqué vendredi la joueuse de tennis Sania Mirza, accusée de porter des jupes trop courtes sur les terrains et d'avoir ainsi une "influence corruptrice" sur les jeunes femmes.

"Sania Mirza est musulmane et se montre à demi nue sur un court de tennis ce qui est contraire à l'Islam", a déclaré à l'AFP Siddikulla Chowdhury, secrétaire du mouvement islamique Jamiat-Ulama-Hind.

"Elle essaye d'imiter des joueuses occidentales," a estimé Chowdhury dont le groupe est bien implanté dans deux Etats de l'est.

"Ses tenues découvrent de larges parties de son corps et ne laissent rien à l'imagination des voyeurs", a renchéri Maulana Hasheeb-ul-Hasan Siddiqui, un autre religieux, dans le quotidien Hindoustan Times. Secrétaire général du Conseil des Oulémas (dignitaires sunnites) très influent dans la ville natale de Mirza, Hyderabad (sud), Siddiqui a ajouté que la jeune fille de 18 ans avait "sans aucun doute une influence corruptrice" sur les jeunes femmes.

Battue au quatrième tour du US Open par la tête de série N.1 russe Maria Sharapova, Mirza est aussi célèbre en Inde pour ses tenues minimalistes que pour ses coups de raquettes.

Sensationnalisme

Lors d'une conférence de presse, jeudi à Hyderabad, Mirza a refusé de commenter une information selon laquelle des dirigeants musulmans auraient lancé une fatwa à son encontre. "Je n'ai rien à dire à ce sujet", a répondu la 42e joueuse mondiale, tandis que le rédacteur en chef d'une revue religieuse démentait l'existence d'un tel décret.

"C'est juste du sensationnalisme", a-t-il confié à l'AFP, précisant que seul un mufti pouvait prononcer une fatwa. "Mais à chaque fois qu'un barbu dit quelque chose, on appelle ça une fatwa", a ajouté le journaliste, expliquant que les tenues de Mirza ne posaient aucun problème à la majorité des musulmans. "La communauté est fière qu'une musulmane fasse cela", juge-t-il.

La "Mirzamania" s'est emparée de l'Inde en janvier, lors de l'accession de la jeune joueuse au troisième tour de l'Open d'Australie, suivie de sa victoire au tournoi d'Hyderabad en février puis de son succès sur la Russe Svetlana Kuznetsova à Dubai en mars.

Mirza, qui a démarré l'année au 206e rang au classement WTA, entrera lundi prochain parmi les 35 premières mondiales. En neuf mois, la joueuse a réussi à rendre son sport populaire dans un pays jusqu'ici uniquement obnubilé par le cricket. Les parraineurs lui réservent désormais les mêmes faveurs qu'aux plus grandes stars de ce sport de tradition.

D'après Maulana Hasheeb-ul-Hasan Siddiqui, Mirza devrait toutefois prendre exemple sur les joueuses iraniennes de badminton qui participaient en début de semaine aux championnats d'Asie. Elles étaient couvertes de la tête aux pieds.