Des tournois trop longs, se plaignent les vedettes
Plus de jours de compétition, plus de billets vendus, plus de temps de télédiffusion, plus d'argent.
Pour les organisateurs des tournois, le prolongement des tournois de Madrid et Rome — de huit jours à près de deux semaines — semble être un as.
Pour les joueurs? Ça ressemble parfois à une double faute.
Quand les tournois de Madrid et Rome ont emboîté le pas de ceux d'Indian Wells et Miami en s'étirant sur près de deux semaines, plusieurs des meilleurs joueurs au monde — ceux qui atteignent régulièrement les dernières rondes de ces tournois — se plaignent du plus grand nombre de jours passés à l'étranger.
« Vous devez être un superhéros pour faire preuve de constance pendant deux tournois de 10 jours d'affilée et arriver dans les rondes finales », a dit le récent vainqueur à Monte-Carlo, Stefanos Tsitsipas, durant le tournoi de Rome.
Ce qui agace les meilleurs joueurs est le fait que ces tournois de niveau Masters 1000 sont modelés comme les tournois du Grand Chelem, mais n'ont pas le même prestige que Wimbledon et les Internationaux d'Australie, de France et des États-Unis.
En réalité, les tournois de Madrid et Rome sont des tournois préparatoires pour Roland-Garros.
« Nous voulions un plus grand spectacle, mais il est devenu un peu trop grand, comme une série télé qui se retrouve avec quelques saisons de trop, a dit Victoria Azarenka, ancienne no 1 au monde. J'espère qu'il y aura des ajustements, parce que c'est trop long. »
L'an prochain, l'Omnium de Cincinnati et l'Omnium Banque Nationale — deux tournois préparatoires pour les Internationaux des États-Unis — changeront aussi de format et se dérouleront sur plus d'une semaine puisqu'ils accueilleront plus de joueurs.
« Les gens veulent voir les meilleurs jouer contre les meilleurs chaque semaine. Il y a un marché pour ça. Mais il faut aussi prendre soin des joueurs », a dit Azarenka.
Les 32 têtes de série ont un bye en première ronde selon la nouvelle formule et tous les joueurs ont un congé entre leurs matchs — ce qui n'arrivait pas dans l'ancien format.
« Les Masters 1000 sur deux semaines, c'est bien pour les joueurs classés entre le 50e et le 100e échelon mondial parce qu'ils ont la chance de se retrouver dans le tableau principal d'un Masters 1000. Ce n'est pas génial pour les membres du top-10 », a dit Alexander Zverev, classé cinquième.
« Oui, il y a une journée de congé entre vos matchs, vous n'avez pas à jouer tous les jours. Mais ce n'est pas du repos. Du repos, c'est quand vous pouvez passer du temps à la maison, dans votre propre lit, avec votre famille, votre chien ou vos enfants. (...) Une journée entre deux matchs quand vous êtes à l'étranger, ce n'est pas du repos. Si vous espérez atteindre les demi-finales ou la finale de chaque tournoi, vous allez simplement passer plus de temps au travail qu'à la maison. »
Le calendrier a aussi été ramené au coeur de l'actualité en raison de blessures subies par deux des jeunes étoiles masculines, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, même si ces blessures ne sont pas nécessairement liées aux tournois plus longs.
Sinner (hanche) et Alcaraz (avant-bras droit) ont déclaré forfait à Rome.
« J'aime ce format sur deux semaines, a dit Daniil Medvedev, classé quatrième au monde. J'aime quand il y a une journée de congé.
« Je ne crois pas que ce format va mener à une augmentation des blessures », a-t-il ajouté.
« En fin de compte, les joueurs veulent faire de l'argent. Les organisateurs des tournois veulent faire de l'argent. Ça devient un cercle où tout vient ensemble. Nous devons accepter ce rôle », a conclu Rafael Nadal, détenteur de 22 titres du Grand Chelem en carrière.