PARIS - Pour tenter de remporter à Roland-Garros le seul tournoi du Grand Chelem manquant à son palmarès, Roger Federer a décidé d'ajouter une nouvelle arme à son palmarès: l'amorti.

Le Suisse, triple finaliste sur le Central de la Porte d'Auteuil, a bouclé son premier tour face à l'Espagnol Alberto Martin d'une balle molle distillée derrière le filet.

"Je me suis aperçu qu'on peut utiliser l'amorti comme une arme, a dit Federer. J'ai longtemps cru que c'était un coup que l'on faisait uniquement lorsqu'on paniquait".

Au troisième tour, Federer a réussi neuf amortis pour évincer l'Argentin José Acasuso.

"L'amortie est une arme de l'arsenal technique et tactique de la terre battue qu'il faut absolument posséder, analyse Patrice Dominguez, directeur technique du tennis français. Pour répondre aux frappeurs de fond de court qui frappent loin derrière, on a vu se développer cette arme tactique, car l'amortie est totalement efficace quand on a mis beaucoup de distance entre le joueur qui est repoussé au fond du court et qui est un peu sur les talons et la balle courte. Ce n'est plus de l'amortie pur au sens où on l'entendait avant, mais c'est une balle très courte pour mettre de la distance entre le joueur et l'impact de la balle suivante", explique-t-il.

Federer n'est pas le seul à apprécier cette arme. Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils louent ses vertus, et l'Ecossais Andy Murray, tête de série numéro trois, avoue avoir failli en être victime contre l'Italien Potito Starace, 104e mondial, qui lui a pris un set au deuxième tour.

"Il a joué beaucoup d'amortis et je n'ai pas pu tenir le coup," a noté Murray, qui s'en est tiré seulement grâce à sa grande "agressivité".

Tsonga a lui aussi fait alterner sa puissance et sa finesse de toucher de balle pour sortir au deuxième tour l'Argentin Juan Monaco, bon spécialiste de la terre battue.

"Les amortis étaient dans mon plan de match, a dit Tsonga, finaliste des Internationaux d'Australie 2008. Je voulais l'empêcher de rester loin derrière sa ligne, je voulais le faire monter au filet où il est moins à l'aise et comme il était loin du filet, cela lui faisait faire des longues courses. Au fur et à mesure, ça fatigue de faire de longues courses, de faire de longs sprints. Ca m'a permis de rivaliser avec lui en fond de terrain".

Pour les femmes, l'amortie peut être une arme encore plus décisive.

"Il est souvent plus difficile dans le tennis féminin de courir vers l'avant que de courir latéralement", mentionne Dominguez.

La Française Virginie Razzano, en grande progression sur terre battue, a expliqué avoir travaillé l'amorti après avoir battu l'Espagnole Anabel Medina Garrigues, au troisième tour du tournoi.

"J'ai travaillé mes amortis. C'est important, surtout quand on joue une Espagnole qui reste toujours très loin derrière la ligne de fond de court," a confié Razzano.