Quand Cal Ripken a expédié une balle rapide de Chan Ho Park dans les estrades pour procurer une avance de 1-0 à l'Américaine, lors de son dernier match des Etoiles il y a quelques années à Seattle, certaines mauvaises langues avaient insinué que l'artilleur des Dodgers lui avait envoyé un tir à son goût pour lui faire un cadeau, à l'occasion de son dernier tour de piste.

L'Américaine l'avait emporté et le vétéran porte-couleurs des Orioles de Baltimore avait été sélectionné le joueur par excellence de cette classique historique. Un autre cadeau? Probablement.

"C'est impensable d'entendre de telles allégations" de commenter après la rencontre, le receveur des Mets et de la Nationale, Mike Piazza. "Ces commentaires sont inappropriés. C'est stupide de penser ainsi. Il ne faut jamais mettre en doute l'intégrité du baseball, même si ce circuit n'a directement pas eu d'impact sur l'issue du match. En plus, c'est discréditer Cal qui a connu une carrière phénoménale et qui a déjà sa place à Cooperstown".

Joe Torre, alors gérant des Yankees, racontait sur le sujet qu'en 1961, il avait d'excellentes chances d'être élu la meilleure recrue de la ligue Nationale ave les Braves alos à Milwaukee. "Lors du dernier match de la saison, le receveur Ed Bailey des Giants, m'avait prévenu du tir qui s'amenait, de facon à m'aider à hausser ma moyenne au bâton qui n'était alors que de .280. Les Giants, eux, étaient déjà assurés du championnat. Croyez-le ou non, j'ai fini la journée avec une fiche de 0 en 4. Cela prouve que même si vous savez quel lancé s'en vient et qu'il est à votre goût, vous devez tout de même frapper la balle d'aplomb pour l'expédier de l'autre coté de la clôture" d'explique Joe.

Du favoritisme

En 1998, lorsque Mark McGwire des Cards et Sammy Sosa des Cubs, pourchaissaient le record de 61 circuits en une saison de Roger Maris, on avait soupçonné l'artilleur Jose Lima des Astros de Houston, d'avoir favorisé son compatriote Sosa de la République Dominicaine, en lui lançant une balle à coup de circuit vers la fin d'un match que Houston dominait 8-1 au Wrigley Field. où la popularité de Sammy était à son comble. Lima s'est naturellement défendu de s'être montré aussi généreux envers son ami. Dans ce cas, on pourrait lui donner le bénéfice du doute. Jose, échangé plus tard aux Tigers de Detroit par les Astros, avait alloué le plus de circuits dans les majeures en 1999, soit 48.

La cerise sur le sundae

Mais la cerise sur le sundae appartient à Denny McLain des Tigers de Detroit, qui le 19 septembre 1968, avait fait cadeau du 535e circuit de l'étincelante carrière de Mickey Mantle et ce ouvertement et sans scrupule. Les Tigers s'étaient assurés du championnat deux jours plus tôt et McLain avait sa 30e victoire de la saison dans l'une de ses poches cette journée-là, et une partie du trophée Cy Young dans l'autre. Toujours est-il que Mickey Mantle se présenta au bâton en huitième manche. McLain invita son receveur Bill Freehan au monticule. Il voulait lui parler. Il lui dit:

"Ecoute Bill. Mickey raccrochera définitivement dans deux semaines, soit à la fin de la saison. Il est au bout du rouleau. Il occupe le troisième rang des frappeurs de circuits de tous les temps avec Jimmy Foxx à 534. Son prochain circuit pourrait bien être le dernier de sa carrière. Et Mickey n'est pas un buveur de lait frappé. C'est un bon gars. Préviens-le que ma première balle sera où il les adore, en plein coeur du marbre"

Freehan ne croyait pas ce qu'il venait d'entendre. Il était abasourdi. Il retourna à son poste en arrière du marbre et retransmit le message au redoutable frappeur des Yankees. Ce dernier était également sceptique. Il regarda passer le premier tir pour une prise. McLain, qui n'a jamais manqué de cran -- "on and off the field"-- comme on dirait, appela de nouveau son receveur au monticule. "Qu'est-ce qui passe? Êtes-vous sourds?"

"Non" de rétorquer le receveur, "sauf que Mickey n' achète pas ton "bluff".

"Dis-lui que je lui donnerai l'occasion de me croire, lors de mon prochain lancer" d'ajouter McLain.

Le tir fut exactement ou Mantle les aimait et cette fois ce fut : "Bonsoir, elle est partie."

En contournant le troisième but, Mantle leva sa casquette en direction de McLain pour le remercier et lui cria qu'il allait en prendre au moins une "frette" à sa santé après le match
On a bien raison de dire que les histoires de baseball sont les plus savoureuses, tout sport confondu, y compris la pêche et la chasse. Les vraies histoires, on s'entend.

Le mot de la fin

Chapeau envers Andre Dawson, élu dimanche au Temple de la renommée du baseball. La casquette qu'il portait importe peu, puisqu'il n'avait aucun pouvoir sur cette décision des autorités compétentes. Au moins André était "clean", propre.

Les Barry Bonds, Roger Clemens et autres noms mentionnés dans le rapport Mitchell sur le dopage dans le baseball, n'ont pas fini d'attendre leur tour.