MONTRÉAL - Le maire de Montréal, Denis Coderre, n'est pas surpris qu'en seulement quatre ans, le groupe d'investisseurs désirant ramener le Baseball majeur à Montréal réponde aux conditions imposées par le commissaire Rob Manfred.

« La journée où tu as un Bronfman et que tu ramènes de la crédibilité aux yeux de la MLB; que tu as de jeunes entrepreneurs qui connaissent beaucoup de succès qui veulent investir; quand vous voyez, et ça m'a toujours impressionné, que ce n'est pas juste une question d'argent, mais une question de passion pour le sport... laisse-t-il en suspend.

« Mais il ne faut pas aller trop vite. Je ne veux pas faire les séries: je veux gagner la coupe. On va y aller au rythme que dicte le Baseball majeur. »

En attendant, Stephen Bronfman, qui est le fer-de-lance du groupe d'investisseurs intéressés à ramener les Expos, a confirmé jeudi que son groupe est prêt: le montage financier est réalisé, l'appui des gouvernements, sans être formel, est acquis, le site pour un nouveau stade est identifié et les plans sont prêts. Quatre conditions exigées par Rob Manfred afin que Montréal puisse espérer ravoir son club.

« Vous avez un Stephen Bronfman qui confirme que l'argent va être là, poursuit le maire. Les investisseurs sont là. Il y a un boom économique exceptionnel à Montréal présentement. Nous avons l'environnement propice à l'investissement, et nous avons les partisans qui sont là.

« Quand on a perdu l'équipe, on s'est complètement coupé de notre base. Ce qui pognait, c'étaient les hots dogs à une piasse et un porte-clé pour le premier chien saucisse. Ça n'avait rien à voir avec le baseball. Là on travaille avec Baseball Québec, il y a un lien familial et naturel entre le monde du baseball et les associations de baseball. On passe par la base. C'est mon rôle comme facilitateur de créer des conditions gagnantes. » 

Le maire répète depuis maintenant quatre ans qu'il ne s'agit pas de nostalgie, mais que le baseball est dans l'ADN des Montréalais.

« Les gens, au début, auraient pu penser que c'était un feu de paille. Quand on a eu les Mets contre les Blue Jays (en 2014), il y a eu (96 000) personnes. On aurait pu dire que c'était de la nostalgie, puis il y avait un courant d'amour, en raison de Warren Cromartie et du décès de Gary Carter. On n'avait jamais célébré l'équipe de 1994: ça aurait pu être du marketing.

« Lors de la deuxième année, on a eu les Reds de Cincinnati. À part le Canadien Joey Votto, il n'y a pas beaucoup d'intérêts pour les gens de Montréal. Malgré tout, encore plus de 96 000 personnes se sont présentées. Là, on a dit: "Mettons le paquet: allons chercher les Red Sox". [...] Et là, vous avez vu le crescendo. Puis, la cerise sur le gâteau, l'élection de Pedro Martinez au Temple de la renommée. Cette année, c'est Tim (Raines).

« Pendant ce temps-là, il y a des investisseurs qui veulent embarquer. C'est plus que de l'enthousiasme: c'est du solide. Au fur et à mesure, on le fait de façon discrète. on entretient des liens avec la MLB. On n'est pas là pour pousser, on est là pour prendre les conditions et les respecter. Quand nous sommes les quatre ensemble, Mitch (Garber, un des investisseurs), John (McHale, vice-président senior du Baseball majeur), Stephen (Bronfman) et moi, comme (jeudi), nous sommes conscients des enjeux, des débats qui seront importants. On y va étape par étape. »

L'engouement ne s'essouffle pas

Fraîchement débarqué pour la série de deux rencontres que ses Blue Jays de Toronto livreront aux Pirates de Pittsburgh, le receveur québécois Russell Martin a pu constater que l'engouement pour ces matchs de la Ligue des pamplemousses ne s'estompe pas à Montréal.

« C'est impressionnant. Ça montre que les gens ont encore le goût de voir du baseball à Montréal, a-t-il dit à quelques heures du premier match. Les nouvelles qui sont sorties dernièrement ont ajouté à l'excitation de ce week-end.

« L'an dernier, on affrontait un club peut-être plus populaire au Canada. Je sais qu'il y a beaucoup de fans des Red Sox au Québec. Il y a beaucoup de monde des États-Unis qui sont venus pour ces matchs. Cette saison, avec Pittsburgh, ils ont un moins gros bassin de partisans. Mais je m'attends à de bonnes foules. Ça montre que la ville de Montréal aime le baseball et que les gens sont encore excités pour ça. »

Martin ne sera pas déçu: plus de 90 000 personnes sont attendues au cours du week-end.

« C'est super. Tu peux t'abreuver de l'énergie de la foule. [...] Quand vous jouez devant de bonnes foules et que vous ressentez leur émotion, c'est différent. Les gars se donnent davantage. »