MONTRÉAL - Il faut ajouter Richard Legendre et le programme de management du sport de HEC Montréal à la liste de dirigeants qui se réjouissent des succès d'Alex Anthopoulos, architecte de la victoire en Série mondiale des Braves d'Atlanta.

Pour Legendre, professeur associé aux HEC après une brillante carrière en management du sport, notamment à Tennis Canada et à l'Impact de Montréal, ainsi que comme ministre responsable de la Jeunesse, du Tourisme, du Loisir et du Sport dans le gouvernement péquiste de Bernard Landry, l'exploit d'Anthopoulos vient valider les efforts du programme lancé en 2018 par Éric Brunelle.

« Ça me fait un peu penser quand tu vois de nos athlètes ou de nos entraîneurs offrir de bonnes performances sur la scène mondiale: ça donne le goût aux gens. Ça met en lumière non seulement la tâche, mais que c'est à notre portée. Quand on voit Alex à Atlanta, Catherine Raîche, la première vice-présidente aux opérations football de la NFL chez les Eagles de Philadelphie, Luc Tardif, qui est rendu président de la Fédération internationale de hockey sur glace, un Québécois qui a joué son hockey junior à Trois-Rivières avant de s'expatrier en France! Ce sont des histoires très inspirantes pour les jeunes et pour tout le monde dans le fond. »

Le programme remettra bientôt ses premiers diplômes. Il est le seul programme universitaire de deuxième cycle donnant accès à un DESS, un diplôme d'études supérieures spécialisées, explique Legendre, qui a été surpris d'apprendre, quand on l'a approché pour un poste, que ça n'existait pas.

« Je n'en revenais pas, après 40 années dans le monde du sport, quand Éric Brunelle m'a dit qu'un cours comme celui-là n'existait pas. C'est signe que l'industrie du sport a besoin de mieux se définir encore. Tu ne crées pas un programme de management du sport pour trois clubs professionnels. Il y a une quinzaine d'universités au Canada qui offrent un programme semblable et c'est monnaie courante aux États-Unis. »

« En plus du programme académique, Éric, afin de créer un point de jonction entre le milieu académique et le milieu de sport, a mis sur pied en 2019 le Pôle Sports HEC Montréal. C'est une unité de recherche, de formation et de partage d'informations avec le milieu. »

Le programme roule déjà bien : les HEC doivent refuser des postulants chaque année depuis la création du programme. Quand Anthopoulos, Raîche ou Tardif se retrouvent dans l'actualité, l'effet est ressenti.

« Oui, une performance comme celle d'Alex Anthopoulos est très positive. Ça a un effet sur le programme quand ce genre de performances arrivent, mais surtout quand on en entend parler! Ça montre que c'est faisable pour une Québécoise ou un Québécois d'aller aux plus hauts sommets du management du sport. Des situations comme celles qu'on vit présentement avec Anthopoulos, je peux m'en servir dans mon cours. Une des choses les plus importantes qu'on dit aux gens, c'est que dès qu'ils peuvent s'impliquer quelque part, ils doivent le faire. C'est un des meilleurs moyens pour cheminer. On leur donne des outils, mais on ne commence pas d.g. d'un club pro. »

Le programme de management du sport reçoit majoritairement trois types de clientèle, explique Legendre.

« Les jeunes qui sont attirés par les milieux sportifs et qui désirent y faire carrière. Il y a une autre tranche de gens qui sont du milieu: un ex-athlète, un ex-entraîneur qui veut poursuivre dans la gestion. Tu as aussi des gens de l'industrie qui sont déjà en poste et qui souhaitent acquérir des connaissances et des compétences qu'ils n'ont pas eu la chance d'acquérir au cours de leur cheminement, un peu comme j'ai vécu: j'ai appris sur le tas. Ça m'aurait aidé dans l'avancement de ma carrière d'avoir un cours comme celui qu'on offre. Tu vas chercher des compétences qui structurent ton intervention. C'est un accélérateur d'apprentissage: apprendre sur le tas, ça prend du temps. »

Les récents succès professionnels des Anthopoulos, Raîche et autres Tardif permettent aussi de mieux comprendre le management du sport, qui peut paraître abstrait pour plusieurs.

« Ça vient concrétiser l'industrie. Quand on parle de gestion du sport, on pense au Canadien, aux Alouettes et au CF Montréal. C'est bien plus que cela. C'est extrêmement vaste. (...) Il y a l'événementiel, toutes les fédérations sportives, le sport scolaire et municipal, le sport olympique, les activités de plein air. On travaille beaucoup aux HEC à bien définir ce que c'est que l'industrie du sport, au même titre qu'on ne se gêne pas de parler de l'industrie culturelle. C'est important de le faire valoir aux jeunes qui veulent se diriger dans cette carrière. Ils ne deviendront pas tous d.g. d'un club de la MLB. Quand on parle concrètement de ces emplois, ça donne l'occasion de voir exactement ce que c'est. »

Crédibilité

Pour Legendre, de voir les HEC s'associer aux sports revêt aussi une grande importance.

« Comme gars de sports, quand j'ai vu que les HEC s'intéressaient aux sports, j'ai dit: 'Wow!'. J'ai toujours déploré que le sport n'occupe pas la place qui lui revient dans l'échelle des priorités sociétales. C'est un outil de développement à la fois pour la santé, l'éducation et l'intégration, en plus d'être un outil de développement économique incroyable. »

« On regarde un peu le sport de haut. Il y a encore une notion récréative associée aux sports. Pour plusieurs, tu ne vas pas à l'école pour faire du sport. Pourtant, c'est possiblement l'un des meilleurs éléments pour contrer le décrochage scolaire. Alors en raison de tout ce discours, quand je vois le mot 'sport' à côté de 'HEC', ça vient donner tout un poids, de la crédibilité. »

« Je n'essaie pas de créer quelque chose qui est artificiel. Dans la vie des gens, des familles, le sport est très important et occupe une grande place. À une époque où on cherche plus de moyens pour être davantage en santé et mettre l'accent sur l'éducation, c'est possiblement le meilleur vecteur pour arriver à ces deux grands objectifs de société. Alors pour nos étudiants, c'est aussi fort de voir Anthopoulos faire ce qu'il vient d'accomplir que de voir Félix Auger-Aliassime et Leylah Annie Fernandez gagner un tournoi. Ça donne le goût aux jeunes de suivre ses traces. »