MONTRÉAL – Ayant joué pour les Expos de 1974 à 1981, Larry Parrish a eu le privilège de ne jamais vivre la période sombre de l’organisation montréalaise. Son retour au Stade olympique dans une ambiance respirant le baseball était donc tout à fait naturel.

 

Plus de 25 000 spectateurs (25 335 plus précisément) s’étaient déplacés, lundi soir, pour le premier volet de cette série de deux matchs. Malgré le déplacement en début de semaine, ce concept ne s’est donc pas encore trop effrité.

 

Cet appui de la foule montréalaise a rappelé de précieux souvenirs à Parrish qui a réussi cinq saisons de plus de 20 circuits dont deux de plus de 30.

 

« Je n’ai jamais vécu les années difficiles à Montréal. Quand je suis arrivé, le parc Jarry était nouveau et bruyant. Ensuite, l’équipe est devenue meilleure après notre déménagement au Stade olympique et on était dans la course très souvent. Je suis donc habitué aux bonnes foules et à des atmosphères en conséquence. C’est tout ce que j’ai connu ici », a indiqué l’homme de 64 ans au physique imposant.

 

Même s’il s’est séparé de Montréal il y a plus de 35 ans, l’Américain n’a pas laissé s’effacer de sa mémoire les précieux souvenirs qu’il a accumulés en sol québécois.

 

« Cette ville demeure dans mon cœur, Montréal a fait partie de ma vie. En plus de jouer pour les Expos pendant sept saisons, j’ai appartenu à l’organisation dans les mineures (incluant un passage avec les Carnavals de Québec). J’ai eu la chance de rencontrer de bonnes personnes dans le milieu du baseball. Je parle de personnes avec beaucoup de classe et l’organisation était bonne pour trouver de la relève. C’est une bonne organisation à laquelle appartenir », a confié celui qui a produit 992 points en 15 saisons.  

 

« Les gens à Brooklyn s’ennuient encore de leur équipe. C’est semblable à Montréal, les gens se souviennent de nous », a fait remarquer Parrish avec appréciation. On pouvait sentir qu’il était touché que les partisans se souviennent de son passage et de celui de ses coéquipiers de l’époque comme Chris Speier.

 

Peu de temps après la fin de sa carrière de joueur - dont le dernier arrêt a été au Japon -  Parrish a adopté le métier d’entraîneur. Il a gravi les échelons sans trop de misère pour accéder aux majeures au sein de l’organisation des Tigers.

 

À la suite d’un court essai comme recruteur, il a préféré retourner dans les mineures en 2003 et il n’aura pris sa retraite qu’en 2015.

 

« C’était une question d’être au bon endroit. Dans les majeures, tu veux voir le produit fini et juste modifier quelques détails. Dans les mineures, c’est beaucoup plus d’enseignement et tu dois même leur apprendre à s’ajuster à la vie professionnelle. Ce sont des jeunes qui sont loin de la maison, ils doivent se débrouiller par eux-mêmes pour le lavage, les repas et tous ces tracas. Tu deviens un peu comme une figure paternelle tout en aidant sur le terrain », a précisé le sympathique barbu qui n’a jamais manqué d’humilité.

 

Cromartie fier des progrès en cinq ans

 

Warren Cromartie, qui a relancé l’espoir de ressusciter les Expos, a partagé le terrain avec Parrish pendant plusieurs années. Au moment de lancer sa campagne, en 2012, Cromartie a essuyé une multitude de critiques.

 

Comme il le dit lui-même, certains croyaient qu’il était fou.

 

« On me disait : ‘Tu n’as aucune chance de réussir, es-tu fou ? Sais-tu combien ça va coûter?’ Mais ça m’a motivé et c’était la même chose comme joueur quand on doutait de mes capacités », a prononcé Cromartie.

 

L’homme de 64 ans n’était pas peu fier que l’appui des partisans se poursuive pour les matchs préparatoires au Stade olympique.  

 

« Ça fait 14 ans que les Expos sont partis et on est déjà revenus à ce point. Regardez tout ce qu’on a pu accomplir depuis cinq ans. Le baseball veut développer des marchés à plusieurs endroits comme Porto Rico et au Japon », a lancé le volubile intervenant.

 

Ce contexte incite Cromartie à n’avoir qu’un but à court terme.  

 

« C’est pourquoi on veut profiter de cette ouverture pour obtenir une série de trois matchs réguliers au Stade olympique. C’est la chose que je veux voir, on le mérite après ce qu’on a accompli depuis cinq ans », a-t-il évoqué.

 

Toutefois, il faut se demander si c’est réaliste considérant l’impact pour une équipe de perdre trois matchs à domicile en plus de causer une sorte d’affront à ses loyaux partisans.  

 

« On voudrait vraiment que ce soit le cas et je vais pousser pour cette idée. Je suis certain qu’on pourrait remplir le Stade olympique pendant trois matchs consécutifs. »

 

Cromartie ne possède peut-être pas l’argent de la famille Bronfman et de ses richissimes associés, mais il demeure bien au fait de la situation. Il ne veut pas tout dévoiler sur les efforts du contingent mené par Bronfman, mais il considère que le baseball majeur ne peut ignorer une telle « équipe ».

 

« Du côté business, je ne crois pas qu’ils peuvent se permettre d’échapper ce qui se passe ici. On aurait un propriétaire solide et c’est vraiment la fondation du projet. C’est bon pour les partisans, ils n’ont jamais eu ça à part de Charles Bronfman », a maintenu Cromartie.

 

Quant à l’admission de Stephen Bronfman au collègue Jean-Luc Legendre, Cromartie n’est pas inquiet de devoir convaincre les autres propriétaires.  

 

« Je pense que c’est le cas pour n’importe quel nouveau groupe. Les propriétaires veulent en savoir davantage sur les investisseurs qui s’intéressent à une équipe. Ils doivent être satisfaits par ces gens et constater leur crédibilité », a réagi le gaucher.

 

Et pour le goût amer qui est demeuré dans la bouche des autres propriétaires lors de l’agonie et du départ des Expos ?

 

« Minnesota a repris son équipe, Seattle aussi et c’est la troisième fois pour Washington. On ne voulait pas partir, les circonstances ont mené à ça. Je veux revoir l’excitation à Montréal, je veux que ça redevienne une destination et les Expos sont une grosse partie de cette équation », a conclu Cromartie.

 

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, était de passage au Stade olympique et il s’est prononcé sur le dossier. Il souhaiterait que les partisans puissent obtenir une participation financière dans l’équipe et que la portion de fonds publics soit minime.

 

De plus, Lisée voudrait que la possibilité de redonner une autre vie au Stade olympique soit hautement considérée.

 

Fletcher rêve des Expos de 2025

 

La foule a également pu remercier quelques joueurs d’une époque plus récente comme Darrin Fletcher, Jose Vidro et John Wetteland.

 

Fletcher, l’ancien receveur âgé de 51 ans, se réjouissait notamment d’avoir côtoyé quelques représentants de la génération qui l’a précédé à Montréal.

 

« J’aime discuter avec les joueurs qui sont passés ici avant moi, les Ellis Valentine, Larry Parrish, Chris Speier, Steve Rogers … Je parle de leurs histoires sur le parc Jarry, le défilé qui avait lieu sur la rue Ste-Catherine et d’autres trucs sur l’histoire de l’équipe avant que j’arrive avec les Expos », a admis celui qui a été utile en défense et au bâton pour les Expos.

 

Fletcher a très bien résumé la situation qui affecte le public québécois.

 

« Ce serait tellement bien qu’une équipe revienne.  C’est comme si le temps avait arrêté pour cette organisation et que tout le monde ne faisait que se souvenir des beaux moments. Il faudrait que l’équipe renaisse et qu’on puisse parler des succès de l’équipe en 2025. Voilà ce que j’aimerais entendre. On pourrait discuter des nouvelles vedettes et des étoiles montantes », a-t-il prononcé avec espoir le frappeur gaucher qui s’ennuie de la culture vibrante et amicale de Montréal.  

 

Comme dans le « bon vieux temps », Fletcher a capté une rapide de Wetteland pour le lancer protocolaire. Véritable personnage, Wetteland avait été obtenu par les Expos en même temps que Fletcher dans une transaction à trois équipes. Kevin Kennedy, qui appuyait le directeur général Dan Duquette à ce moment, était celui qui avait recommandé leur acquisition ainsi que celle de Pedro Martinez.