Si vous êtes le moindrement comme moi, vous vous reconnaîtrez dans cette description : vous aimez beaucoup le basket en général, vous l’adorez même, mais vous suivez un peu plus la NBA que la NCAA sur l’ensemble d’une saison. Et quand le March Madness cogne à notre porte année après année à la mi-mars, vous avez une envie soudaine de vous y intéresser vu l’engouement qui déferle sur nos voisins du Sud.

J’ai donc fait les devoirs à votre place afin de vous offrir un guide de survie complet en vue du lancement des hostilités le jeudi 15 mars à midi. (Je sais... les premiers matchs « officiels » ont lieu mardi et mercredi. Mais en ce qui me concerne, les choses sérieuses débutent jeudi.)

Pour remplir votre pool, veuillez garder en tête...

Que les statistiques historiques ne sont pas à respecter aveuglément, mais je vous suggère tout de même de prendre note des tendances à long terme en ce qui concerne les équipes susceptibles de causer des surprises. C’est toujours pertinent quand vient le temps de remplir son bracket annuel. Par exemple, sachez que les écoles classées no 16 n’ont jamais vaincu un club classé no 1.

Voici le bilan détaillé depuis 1985 :

No 1 a une fiche de 132–0 contre le no 16 (100 %)

No 2 a une fiche de 124–8 contre le no 15 (94 %)

No 3 a une fiche de 111–21 contre le no 14 (84 %)

No 4 a une fiche de 106–26 contre le no 13 (80 %)

No 5 a une fiche de 85–47 contre le no 12 (64 %)

No 6 a une fiche de 83–49 contre le no 11 (63 %)

No 7 a une fiche de 81–51 contre le no 10 (61 %)

No 8 a une fiche de 67–65 contre le no 9 (51 %)


En général, un ou deux clubs classés no 13 ou no 14 arrivent à passer le premier tour. Mais en 2017, la logique avait été étonnamment respectée alors que le top-5 dans chaque région avait présenté une efficacité de 95 % (19 en 20). Ce sont les  équipes classées no 11 qui s’étaient surtout éclatées en début de tournoi l’an dernier. Dans cette optique, voici quelques « petites » équipes qui mériteront mon vote dans quelques jours :

* No 11 Loyola-Chicago c. no 6 Miami, jeudi 15 h 10

* No 12 South Dakota State c. no 5 Ohio State, jeudi 16 h

* No 14 Stephen F. Austin vs no 3 Texas Tech, jeudi 19 h 27  (un peu audacieux, mais un gars s’essaie…)

* No 12 New Mexico State c. no 5 Clemson, vendredi 22 h

Votre premier bloc d’écoute à la télévision devrait être...

Jeudi soir dès 19 h, alors que les deux rencontres disputées l’une après l’autre dans la ville de Boise (état de l’Idaho) seront Davidson (no 12) contre Kentucky (no 5), suivi de Buffalo (no 13) contre Arizona (no 4). Rien pour nous aider à les départager, trois des quatre équipes arboreront le bon vieux nom de « Wildcats » pour l’occasion (tous sauf Buffalo). Si vous n’avez pas le temps de jeter un coup d’œil à ces duels, sachez que mes amis et collègues Max Paulhus, Will Archambault et Max Boudreau pourront vous en faire un compte rendu en règle. Ils paieraient cher pour que leur alma mater respectif (Davidson et Buffalo) cause la surprise et se retrouve nez à nez au tour suivant.

Est-ce réaliste? Plus ou moins. Mais n’allez pas croire que c’est dans le sac en avance que le duel souhaité du grand public, Kentucky contre Arizona, se déroulera samedi. Davidson bénéficie d’un entraîneur de premier plan en Bob McKillop et tentera de surfer sur sa superbe fin de saison. Si une surprise est pour se développer, c’est dans cette direction que je pointerais. Néanmoins, Kentucky et Arizona regorgent de talent de haut niveau et ont terminé la saison en force également.

L’équipe classée no 1 qui ne se rendra probablement pas au Final Four est...

Les Musketeers de Xavier. Il s’agit d’une bonne équipe, sans aucun doute. Mais les trois clubs qui seront à leurs trousses dans la portion Ouest, soient North Carolina, Michigan et Gonzaga, sont tous meilleurs qu’eux à mon avis. Les Tar Heels et les Bulldogs ont croisé le fer lors de la plus récente finale et possèdent encore un bon nombre des mêmes joueurs 12 mois plus tard. Alors que les Wolverines viennent de remporter l’excellente association du Big Ten avec des victoires contre Michigan State et Purdue au final. Xavier ne l’aura vraiment pas facile.

La portion de tableau la plus fascinante sera...

Le Mid-Ouest. Pourquoi? Parce que les universités nos 1, 2 et 3 peuvent toutes aspirer à rafler les grands honneurs du tournoi 2018. Kansas, Duke et Michigan State. Trois entraîneurs de renom. Trois pedigrees de feu. Trois formations débordantes de talent de premier plan. Sur papier, les Jayhawks sont moins dangereux que leurs deux rivaux. Mais ils possèdent le meneur de jeu le plus fiable et expérimenté du lot en Devonte’ Graham.

Les Blue Devils et les Spartans eux se sont affrontés le 14 novembre dernier à Chicago alors qu’ils étaient classés 1 et 2 au pays en tout début de campagne. On avait eu droit à une rencontre étincelante remportée par Duke et ce serait fantastique de revivre le tout une seconde fois au Sweet Sixteen, 129 jours plus tard au Nebraska. Si j’avais à favoriser un club pour sortir de cette région, j’opterais présentement pour Michigan State.

Les deux cas individuels les plus intrigants sont ceux de...

Trae Young et Michael Porter fils. Monsieur Young est un garde aux aptitudes électriques qui évolue pour les Sooners d’Oklahoma et a mené la NCAA au grand complet cette saison au chapitre des points (27,4) et aides (8,8) par match. À sa première année dans la NCAA, on parlait peu de lui en début de saison et voilà qu’on lui prédit une sélection dans le top-10 au prochain encan amateur et un bel avenir chez les pros. Il est la réincarnation la plus proche de Steph Curry depuis son passage à Davidson il y a une dizaine d’années.

Les deux ne sont pas les plus imposants physiquement, mais arrivent à se démarquer de par : leur touche de balle, leur habileté à dégainer en un rien de temps, leur aisance à tirer peu importe la distance, leur flair du jeu, etc.

Le problème avec Young, c’est que son équipe et lui ont amorcé la saison en lion avant de la terminer en frêle petit chaton. Fiche de 14-2 pour commencer, fiche de 4-11 (!) depuis ce temps. Ils se sont ainsi à peine qualifiés pour la grande danse et on se demande à quelle équipe on aura droit jeudi midi contre Rhode Island. Ainsi ira Trae Young, ainsi iront les Sooners, alors que ce dernier en arrache avec un pourcentage global de 38 % du périmètre et 31 % de la ligne des trois points durant la débandade des siens.

Quant à Porter, membre des Tigers du Missouri, l’histoire est fort différente. Pressenti comme un des meilleurs talents au pays en début d’année, l’ailier de 6 pieds 10 pouces n’aura disputé que deux petites minutes lors du match d’ouverture en novembre avant de se blesser sérieusement au bas du dos. Le 8 mars dernier, à la surprise générale, il effectue un retour au jeu lors du dernier match de la saison des siens. Il a paru plutôt lent et rouillé, mais son talent est encore indéniable. Si une semaine de plus de pratique aura suffit pour lui permettre de retrouver son rythme, Missouri pourrait devenir un adversaire soudainement embêtant.

Le joueur d’origine canadienne qui mérite le plus votre attention est...

Définitivement Shai Gilgeous-Alexander. Ce meneur de jeu recrue, originaire d’Hamilton, a excellé tout au long de la saison dans l’uniforme des Wildcats de Kentucky. Il sera fort probablement sélectionné au premier tour lors du prochain repêchage amateur de la NBA. Il mesure 6 pieds 6 pouces, présente un solide tir de l’extérieur et arrive à attaquer le panier d’une panoplie de façons pour l’équipe de John Calipari. Il a marqué 10 points ou plus à 24 reprises en 2017-18, même s’il n’est âgé que de 19 ans. Il a récolté 29 points et 7 rebonds à son plus récent match, menant les siens au titre de la SEC en finale contre Tennessee.

Outre Gilgeous-Alexander, 17 autres Canadiens auront la chance de mettre les pieds sur le terrain durant cette édition du March Madness. Canada Basketball a d’ailleurs compilé une belle liste détaillée que vous pouvez consulter ici.

Les 10 futures vedettes de la NBA que vous devez tenter de voir à l’œuvre sont...

* DeAndre Ayton (Arizona) : le premier choix quasi incontesté du prochain repêchage. Il mesure 7 pieds 1 pouce, est super athlétique et domine la compétition avec des moyennes de 20 points, 12 rebonds et 2 blocs par rencontre cette saison. Comparatif NBA : David Robinson.

* Marvin Bagley et Wendell Carter (Duke) : Bagley est un grand bonhomme un peu moins raffiné loin du panier qu’Ayton, mais tout aussi athlétique et dominant que son rival. Carter a un potentiel pro tout aussi élevé selon bien des observateurs, mais n’arrive pas complètement à sortir de l’ombre de son coéquipier pour l’instant. Comparatifs NBA : Chris Bosh et Al Horford

* Jaren Jackson fils et Miles Bridges (Michigan State) : À 6'11", Jackson a le potentiel pro le plus alléchant des deux de par ses habiletés naturelles aux deux extrémités du terrain. Bridges est un ailier d’une fluidité exquise autour du périmètre, capable d’attaquer le panier aussi. Comparatifs NBA : Shareef Abdur-Rahim et Devin Booker.

* Mohamed Bamba (Texas) : Essentiellement le joueur le plus dominant dans toute la NCAA cette saison pour protéger l’anneau et bloquer des tirs, à une fréquence de 4 par rencontre. Plus fluide que la plupart des joueurs grands de 7 pieds. Comparatif NBA : Rudy Gobert.

* Collin Sexton (Alabama) : Le Crimson Tide mise énormément sur ce meneur de jeu pour faire un bon bout de chemin dans le tournoi. Mesurant seulement 6 pieds 2, il arrive quand même à changer le cours des matchs de par son style explosif, physique et agressif. Les dirigeants de la NBA le voient tous dans leur soupe. Comparatif NBA : Eric Bledsoe

* Michael Porter (Jr), Trae Young (Oklahoma) et Shai Gilgeous-Alexander (Kentucky) : mentionnés plus haut

L’équipe qui soulèvera le trophée le 2 avril à San Antonio sera...

Les Cavaliers de Virginia. Je sais, il ne s’agit pas de la prédiction la plus audacieuse considérant leur saison de feu (31 victoires et 2 défaites) et leur classement de favori dans ce tournoi. Mais parmi la douzaine d’écoles aspirant légitimement aux grands honneurs, je crois qu’il est nécessaire de les favoriser pour plusieurs raisons.

Leur entraîneur-chef Tony Bennett, à ne pas confondre avec le vieux chanteur, est un des meilleurs au pays. Ses équipes sont toujours les plus structurées, préparées et disciplinées, même s’il ne recrute jamais parmi la crème de la crème des écoles secondaires.

Les Cavs démontrent une profondeur idéale et ne misent pas exclusivement sur un seul outil offensif comme plusieurs autres prétendants. Mais la raison principale de leur succès et de la confiance que je leur démontre, c’est leur défensive. C’est de loin la meilleure au pays depuis quelques années maintenant, et ça leur permet de remporter n’importe quel match à tout moment. En cas de triomphe, il s’agirait du tout premier championnat national de leur histoire.

Sur ce, je vous souhaite une folie de mars à la hauteur de vos attentes!