Pendant que les Cubs de Chicago remportaient la Série Mondiale, que le Canadien connaissait un début de saison du tonnerre, que l’Impact poursuivait son improbable parcours en séries MLS et que la NFL franchissait déjà la mi-chemin de son calendrier régulier, on a collectivement perdu de vue le début de saison dans la NBA. Un phénomène tout à fait normal, considérant que c’est le temps de l’année rêvé pour les mordus du sport nord-américain dans son ensemble.

Le circuit Silver prend historiquement son envol tranquillement avant les Fêtes, dans le but de saisir une plus grosse part de la tarte sportive à compter du jour de Noël. Le début de saison amène toutefois son lot d’intrigues année après année. Toutes les équipes ayant disputé au moins sept matchs, certaines surprises commencent à se confirmer en tant qu’anomalies passagères, ou de réalités nouvelles. Voici quelques histoires qui me sautent aux yeux après deux semaines de jeu :

Se présenter ne suffira pas : Oui, les Warriors de Golden State seront difficiles à freiner offensivement. Et oui, ils remporteront fort probablement l’Association Ouest. Mais les deux défaites subies lors de leurs six premiers matchs ont réussi à les ramener sur terre un peu, surtout celle par 29 points lors du match d’ouverture à domicile face aux Spurs. Même la victoire lundi soir face aux piteux Pelicans de La Nouvelle-Orléans aura été grisante.

Malgré une soirée époustouflante de Steph Curry, qui a établi une nouvelle marque de la NBA avec 13 tirs de trois points réussis (13!), le match aura été serré du début à la fin face à une des pires formations de la ligue. Qu’est-ce que tout ceci nous dit? Que la définition des rôles de chacun devra se préciser. Que la chimie collective prendra un certain nombre de semaines à se solidifier. Qu’un seul ballon ne suffira pas toujours sur le terrain. Que Klay Thompson devra devenir plus à l’aise avec le fait qu’il est passé du deuxième au troisième violon. Rien de quoi paniquer cependant. Les personnalités cruciales du groupe (Curry, Durant, Kerr) sont solides, conciliants et prêts à faire des compromis pour tout rafler.

Le nouveau meneur de jeu des Rockets me dit quelque chose : Sans trop faire de bruit cet été, les Rockets de Houston avaient annoncé leur intention d’utiliser James Harden davantage comme meneur de jeu au cours de la saison 2016-17. Le résultat, jusqu’à présent, est plutôt époustouflant. En plus de faire partie du top-5 des marqueurs, l’homme à la barbe épique se classe bon premier dans le département des aides après sept matchs. Il en récolte 12,7 par rencontre, loin devant ses plus proches poursuivants émérites LeBron James, Russell Westbrook, Chris Paul et John Wall.

S’il maintient une cadence semblable toute la saison, et trouve le moyen de qualifier une équipe très moyenne pour les séries dans l’Ouest, il fera assurément partie des trois finalistes pour le titre de joueur le plus utile du circuit.

Qui a besoin de Durant? : Parlant de Westbrook, impossible de passer à côté de son brio après sept rencontres. Bien qu’il soit considéré comme un des joueurs les plus intenses et déterminés depuis son arrivée dans la NBA en 2008, il semble avoir trouvé une 6e ou 7e vitesse qu’on croyait impossible. Il fait de tout pour le Thunder d'Oklahoma City, se classant aussi dans le top-5 des marqueurs et passeurs pour l’instant. Là où il se démarque de Harden toutefois, c’est qu’il rajoute aussi plus de huit rebonds en moyenne par soir. Parmi les gardes de la ligue, seul Avery Bradley des Celtics arrive à accoter cette cadence.

Et n’allez pas penser qu’il ralentira tôt ou tard. Ce serait mal connaître le phénomène. Il semble apprécier drôlement la place qui lui revient à Oklahoma City maintenant que son ex-ami Kevin Durant a délaissé le bateau. Incroyable mais vrai, le brio de Westbrook permet au Thunder d’occuper temporairement le tout premier rang dans l’Ouest. Je tape le clou sur le mot « temporaire » parce que je ne crois pas que ça pourra durer. J’entrevois une place en séries pour eux, mais elle sera probablement entre le 4e et le 8e rang.

Les principaux acteurs de soutien à OKC (Oladipo, Adams, Kanter, Sabonis) sont tous excellents. Mais ils ne sont que ça justement : des acteurs de soutien.  Les soirs où Westbrook aura de la difficulté à marquer seront difficiles à gérer, car personne d’autre n’arrivera à prendre le flambeau. En fin de saison régulière et en séries, l’histoire nous dit que ça prend généralement deux ou trois marqueurs d’exception pour franchir les embûches. Le Superman du Midwest ne pourra tout faire seul.

Le morceau manquant des Raptors : Le début de saison de nos voisins canadiens est tout à fait à la hauteur des attentes et pour ça, les partisans des Raptors peuvent dire merci à DeMar DeRozan. Cinq matchs de 30 points ou plus pour débuter une saison, un exploit qui le place en rarissime compagnie dans le livre des records avec un dénommé Michael Jordan. Mes inquiétudes d’avant-saison se confirment toutefois avec un morceau manquant dans le noyau offensif et sur le cinq partant.

Pour moi, celui qui débute actuellement les matchs pour Toronto à la position d’attaquant en puissance, le jeune camerounais Pascal Siakam, est un réserviste idéal en devenir. Pas un partant qui devrait jouer de 25 à 30 minutes par soir. Le mouvement « We the North » devra donc espérer un retour en santé et en force de Jared Sullinger tôt ou tard.

Les deux intrus dans l’Est : Après deux semaines, les deux agréables surprises dans l’Est sont assurément Charlotte et Atlanta. Premièrement, les Hornets de Michael Jordan, forts de leur meilleure fiche en 12 ans en Caroline du Nord la saison dernière, semblent voués à faire un pas de plus vers l’avant. La source principale de leur succès? Le garde Kemba Walker. À 26 ans maintenant, malgré un gabarit de 6 pieds 1 tout à fait oubliable, il ne cesse de progresser saison après saison. Ses moyennes de points et d’efficacité du périmètre n’ont jamais été meilleures.

Quant aux Hawks, j’étais convaincu que les départs de deux piliers des dernières années, Al Horford (pour Boston) et Jeff Teague (pour l’Indiana) les affecteraient considérablement en début de saison. L’émergence du meneur de jeu allemand Dennis Schroder et la résurrection de Dwight Howard servent de solution tout à fait viable pour l’instant. Ce que ça me dit principalement est que Mike Budenholzer est un entraîneur-chef efficace et très sous-estimé. Son mentor, Gregg Popovich, a de quoi être fier.

Lueur d’espoir à Philadelphie : Clairement, les 76ers de Philadelphie n’ont pas encore la coupe aux lèvres. Leur descente aux enfers depuis 2012 s’avère plus percutante et pénible que prévue. C’est en partie du à de mauvaises décisions (acquisition d’un joueur d’intérieur en première ronde lors des quatre derniers repêchages) et en partie dû à de la forte malchance. Qui aurait pu prévoir que Joel Embiid raterait les deux premières saisons de sa carrière avec des problèmes persistants aux pieds? Ou que l’électrisant Ben Simmons subirait un sort quasi-identique cet été?

Néanmoins, malgré six défaites de suite pour débuter la campagne, les partisans peuvent se réjouir des fortes performances d’Embiid à ses débuts professionnels. Il ne joue que 21 minutes par soir et mène tout de même l’équipe avec des moyennes de près de 18 points et 7 rebonds. Il est doté d’une fluidité hors du commun pour un joueur de sa taille et sa santé tient la route pour l’instant. Ils ont enfin une pierre angulaire évidente autour de laquelle ils peuvent tenter de bâtir quelque chose. Restera maintenant à effectuer une transaction pour dénicher quelques acolytes de premier plan pour le seconder.

Ne parlez pas trop de nous s’il vous plaît : En terminant, j’aime beaucoup ce que je vois en début de marathon du côté de Los Angeles, petite ville obscure sur la côte ouest que vous connaissez peut-être. D’abord, les Clippers semblent armés d’une force et d’une motivation tranquilles cette saison. Chris Paul et Blake Griffin savent pertinemment que les opportunités d’accéder au moins à la finale de l’Ouest ne seront pas infinies. Paul en est déjà à sa 12e saison et la santé historiquement précaire de Griffin n’est pas à prendre à la légère. Tant que le noyau demeurera sur le terrain, les Clips seront à prendre au sérieux.

Quant à leurs colocataires, les Lakers, l’ère après-Kobe débute avec un vent d’optimisme inespéré. Les victoires obtenues face aux Rockets en lever de rideau, puis à Atlanta une semaine plus tard, méritaient notre attention. Mais celle obtenue face aux Warriors la semaine dernière a vraiment fait écarquiller les yeux des experts. Quand tes cinq meilleurs marqueurs récoltent chacun entre 14 et 15 points par rencontre en moyenne, tu rends automatiquement la vie très dure à ton adversaire sur le plan défensif. Je me garde tout de même une petite gêne pour l’instant et on reparlera du Lake Show dans un mois environ. La saison sera longue. Ne l’oublions pas.