Soyons honnêtes un instant. Bien que la saison régulière de la NBA nous apporte toujours son lot d’intrigues et de divertissement, ce sont les séries éliminatoires que nous attendons tous avec impatience année après année. L’intensité générale est doublée et l’effort collectif, surtout en défensive, passe à un niveau supérieur.

L’équipe de rêve peut-elle remplir les attentes à Golden State? LeBron James peut-il accéder à une septième finale consécutive? Les Raptors ont-ils enfin le groupe équilibré (et en santé) qui leur permettra d’accéder à la terre promise? Une surprise de taille (ou deux) est-elle permise? Nous aurons la réponse à toutes ces questions au cours des deux prochains mois.

Permettez-moi donc de décortiquer pour vous aujourd’hui les huit duels qui nous guettent durant le premier tour. Avant de commencer, le recherchiste/statisticien qui sommeille en moi souhaitait faire appel aux tendances des dernières années avant de me plonger dans des prédictions actuelles. J’ai donc recensé les dix plus récentes séries éliminatoires, à compter de 2007, et voici les constats :

*Les équipes classées no 1 ont remporté 85 % des affrontements contre le no 8 durant cette période. Les Bulls de Chicago de 2012 avaient perdu contre les 76ers de Philadelphie. Idem pour les Spurs de San Antonio de 2011 aux dépens des Grizzlies de Memphis. Et les Warriors de Golden State de 2007 avaient causé la même surprise en battant les Mavericks de Dallas. C’est donc une surprise improbable, mais possible.

*Surprenant, mais vrai, les équipes classées no 2 ont fait encore mieux durant ce laps de temps, remportant 95 % des duels contre les clubs classés no 7. Le seul à s’être avoué vaincu a été les Spurs en 2010 face aux Mavs. Je n’ai pas d’explication magique à pour vous expliquer ça. Je peux simplement vous conseiller de ne pas miser tous vos avoirs sur les Pacers de l’Indiana et les Grizzlies cette année...

*Un no 6 qui vient à bout d’un no 3, ça s’est produit à quatre reprises depuis 10 ans. Donc 80 % du temps, la logique de ce duel sera respectée. Là où j’ai fait ma découverte la plus amusante du lot, c’est en constatant que les no 5 ont un avantage net sur les no 4 depuis une décennie :  12 fois sur 20, et au moins une fois par année depuis huit ans, cette ‘surprise’ a eu lieu. J’aurais initialement parié sur un bon vieux pile ou face dans ces situations, mais l’histoire récente nous dit que les no 5 sont avantagés malgré le désavantage du terrain. Intéressant.

Avec ces chiffres en tête, voici ce que les chocs de première ronde débutant cette semaine nous réservent. Attaquons l’Association de l’Est pour commencer :

No 1 Celtics c. no 8 Bulls

Grâce à leur solide fin de saison, les Celtics de Boston sont maintenant dotés de l’avantage du terrain dans l’Est. Avec cet avantage viendra tout de même son lot de pression. D’abord, je crois que Brad Stevens a été soulagé de voir les Bulls coiffer le Heat de Miami au 8e rang. Miami aurait probablement posé davantage de problèmes à Boston, surtout avec l’imposant Hassan Whiteside à l’intérieur. Chicago est construit différemment et n’a personne à craindre près du panier. Les deux équipes qui s’affronteront ici excellent autour du périmètre avec des gardes de premier plan. Il ne faudrait toutefois pas sous-estimer l’expérience en séries des trois vedettes de la ville des vents : Dwyane Wade (166 matchs), Jimmy Butler (32 matchs) et Rajon Rondo (94 matchs). Ce dernier voudra d’ailleurs en mettre plein la vue aux partisans qui l’ont encouragé lors des neuf premières saisons de sa carrière. Les Bulls vendront chèrement leur peau, mais les Celtics devraient avoir suffisamment de ressources pour venir à bout de leurs rivaux.

PRÉDICTION : Boston en 6.

No 2 Cavaliers c. no 7 Pacers

À la base, la fin de saison des Cavaliers s’est avérée très ardue et devrait inquiéter (un peu, du moins) les partisans de Cleveland à l’aube des séries. Alors que leurs favoris se dirigeaient allègrement vers le premier rang dans l’Est en date du 1er mars, ils auront terminé la saison régulière avec 14 défaites à leurs 24 dernières sorties, ouvrant la porte aux Celtics pour les devancer.

Battus par 28 à Miami, par 30 à Los Angeles, par 13 à Denver, par 12 à domicile contre les Wizards, par 29 à San Antonio, une certaine panique s’est installée à l’interne. LeBron était médusé et ne trouvait pas ça drôle. Puis le 9 avril à Atlanta, ils ont atteint le fond du baril. En avance par 26 points après trois quarts, les Cavs ont perdu les 12 dernières minutes 44 à 18, avant de s‘incliner en prolongation. Un dur rappel à la réalité pour la bande à Tyronn Lue.

Une troisième présence consécutive en finale n’est peut-être pas encore dans le sac. Ceci étant dit, je ne suis pas trop inquiet pour eux et je les vois quand même atteindre la ronde ultime en 2017. Lue a été en mesure de reposer son noyau avec régularité lors du dernier droit. Le King et ses acolytes savent exactement comment ménager leur énergie en saison régulière afin d’arriver en séries à leur meilleur.

De plus, les cinq équipes de James qui étaient classées no 2  ont toujours atteint la finale. Les Pacers leur offriront-ils un défi à la hauteur en première ronde? Définitivement. Lors de leur plus récent affrontement à Cleveland, le 2 avril, Indiana avait forcé la tenue de deux séances de prolongation avant de s’avouer vaincu. Paul George a marqué 43 points, répliquant à chaque jab de LeBron avec un solide uppercut.

Parlant de ce Paul George, il est en feu depuis maintenant six semaines. Il a rehaussé de façon significative ses statistiques de points (plus de 28 par soir), de pourcentage du périmètre et son efficacité à troispoints. Les Cavs devront le ralentir sinon la série pourrait être plus longue qu’escomptée.

PRÉDICTION : Cleveland en 5.

No 3 Raptors c. no 6 Bucks

Une série que les Raptors devraient remporter, mais ils devront se méfier. Les Bucks seront assurément affamés, en quête d’une première série remportée depuis 2001. Ils sont en confiance par les temps qui courent, affichant un dossier de 16-7 depuis le début de mars.

Giannis Antetokounmpo est un des joueurs les plus difficiles à défendre et je ne vois pas trop qui du côté des Raptors arrivera à le faire. En fait, peu d’athlètes dans la ligue ont les aptitudes pour le contrer. DeMarre Carroll et PJ Tucker sont les candidats les plus susceptibles de tenter leur chance, mais il leur manquera cruellement de mobilité et de taille pour y arriver. D’ailleurs, le « Greek Freak » vient de devenir le premier joueur dans l’histoire de la NBA à terminer une saison dans le top-20 de la ligue des cinq catégories suivantes : points, rebonds, aides, blocs et vols de ballons. Hallucinant!

Milwaukee n’est pas l’équipe d’un seul homme en plus. Khris Middleton est un garde polyvalent et sous-estimé, et leur profondeur générale figure en tête de leur palmarès de saison. Toronto devra donc se rabattre sur son expérience des deux dernières années en séries, sur son attaque balancée, sa défensive émergente, sur le retour récent en forme de Kyle Lowry et sur le brio d’un certain DeMar DeRozan.

PRÉDICTION : Raptors en 6.

No 4 Wizards c. no 5 Hawks

Les Hawks sont embêtants à affronter. Malgré les départs d’Al Horford, Jeff Teague et Kyle Korver, trois pièces maîtresses des succès des dernières années, ils trouvent des moyens de demeurer parmi les clubs à craindre dans l’Est. C’est tout à l’honneur de leur entraîneur-chef Mike Budenholzer, un disciple du vénérable Gregg Popovich.

Paul Millsap est une menace constante en attaque. Le meneur de jeu allemand Dennis Schroder a dépassé les attentes à sa première saison comme partant. Et on a même eu droit à un Dwight Howard ressuscité cette saison dans sa ville natale. Ceci étant dit, je vais devoir favoriser les Wizards dans cette série. Et ce, même si les statistiques des 10 dernières années dans les duels 4 c. 5 devraient me faire peur. J’ai le feeling qu’un puissant sentiment d’urgence animera les deux vedettes de la capitale américaine, John Wall et Bradley Beal. À leur 7e et 5e saison respectivement dans le circuit Silver, ils ne totalisent que deux séries remportées au mois d’avril. Pour des arrières de leur calibre, c’est insuffisant pour être admis dans le club des joueurs sélects de la NBA. Le groupe de soutien qui les entoure est solide et ils trouveront au minimum les ressources pour franchir le tour initial.

PRÉDICTION : Washington en 6.

No 1 Warriors c. no 8 Blazers

Le 28 février dernier, plusieurs doutes planaient autour des glorieux Warriors. Kevin Durant venait de se blesser au genou et il allait rater près de 20 matchs. Ils allaient alors commencer une séquence de cinq défaites en sept rencontres, une léthargie inimaginable pour ce club tant vénéré en début de saison.

Allaient-ils être en mesure de remettre le bateau à l’eau et de retrouver la synergie des années pré-Durant?

La réponse : un retentissant oui. Ils remporteront leurs 14 matchs suivants, annonçant clairement leurs couleurs en vue des séries. Durant est maintenant de retour et tout le monde paraît gonflé à bloc dans la baie californienne. Les Blazers leur donneront un sympathique test en lever de rideau, arrivant même à leur voler un match en Oregon. Je n’envisage pas de scénario leur permettant de faire mieux.

PRÉDICTION : Warriors en 5.

No 2 Spurs c. no 7 Grizzlies

Les frères Gasol! C’est la première réaction que j’ai eu en voyant la confirmation de ce duel de premier tour. Pau et Marc, maintenant âgés de 36 et 32 ans respectivement, s’affronteront en séries pour la première fois de leur carrière. Les deux auront un gros mot à dire sur l’issue de cette série. Surtout Marc, qui a connu la meilleure saison de sa carrière à plusieurs chapitres.

Si vous aimez les matchs avec des athlètes constamment en pleine course ou en plein vol, avec des tirs tentés toutes les huit secondes et bien cette série n’est pas pour vous. Les Grizzlies voudront ralentir le tempo et établir leur présence à l’intérieur avec le jeune Gasol et Zach Randolph. Les Spurs voudront accélérer le tempo un peu, mais pas trop. Je m’attends à une vraie guerre de tranchées, opposant une panoplie de gladiateurs aguerris et habitués des séries. Au final, l’électrisant Kawhi Leonard sera difficile à arrêter et fera le nécessaire pour soulever les siens. Mais ça tiendra à peu de choses.

PRÉDICTION : San Antonio en 7.

No 3 Rockets c. no 6 Thunder

Un des duels de premier tour qui promet le plus! Celui mettant aux prises les deux bonshommes qui finiront 1 et 2 au scrutin du joueur le plus utile cette saison. James Harden c. Russell Westbrook.

J’ai d’ailleurs changé mon fusil d’épaule récemment. Je voterais maintenant pour Westbrook comme MVP si on me posait la question. Quelle campagne tout simplement phénoménale! Et il n’aura jamais ralenti sa cadence qui semblait pourtant insoutenable. Les deux sont de bons amis ayant évolué ensemble pendant trois saisons à Oklahoma City.

Harden, quant à lui retournera à ses racines, dans la ville qu’il regrette encore d’avoir eu à quitter en 2012. Je suis presque certain que ce duel se rendra à la limite, car j’entrevois difficilement comment les Rockets ralentiront la bête et comment Russell ne trouvera pas le moyen de remporter au moins trois matchs à lui seul. Au final, je vais offrir un avantage léger aux Texans en raison des acteurs de soutien de plus grande qualité. Si Harden connaît un match plus moche du périmètre, Eric Gordon, Lou Williams et Ryan Anderson peuvent prendre la relève. Si Westbrook manque de compas dans l’œil, il ne reste que Victor Oladipo. Et ce dernier en sera à ses premiers pas en séries d’après-saison.

PRÉDICTION : Houston en 7.

No 4 Clippers c. no 5 Jazz

Affrontement classique 4 c. 5 au premier tour. Deux équipes très équilibrées qui devront se tuer à l’ouvrage pour venir à bout de leur opposant. Le Jazz est de retour en séries pour la première fois depuis 2012 et tentera de remporter un premier duel au mois d’avril depuis 2010.

Gordon Hayward est un marqueur sous-estimé que les Clippers peineront à ralentir. Et le géant français Rudy Gobert est maintenant bien ancré en tant que menace constante autour du panier dans la NBA. Son face à face avec DeAndre Jordan s’annonce fantastique.

J’aurais tendance à favoriser les Clippers en raison de leur expérience en séries et de leur attitude, disons, affamée. L’excellent Chris Paul dispute actuellement sa 12e saison chez les pros. Non seulement n’a-t-il jamais atteint la grande finale, mais il n’a jamais même atteint une finale d’association. Il l’affirme ouvertement depuis quelques mois maintenant : c’est un fait qui doit changer s’il veut tailler sa place parmi les grands. Il trouvera une façon, coûte que coûte, de mettre fin à la saison du Jazz.

PRÉDICTION : Clippers en 7.

En espérant que ces choix et ces belles paroles tiendront la route, on se reparle après le premier tour!