COLLABORATION SPÉCIALE

Honnêtement, on a droit à des séries NBA fascinantes en 2022 jusqu’à présent.

À des fins de promotion, j’avoue que c’est le genre de phrase que j’écrirais peut-être même si ce n’était pas 100 % vrai. Mais dans ce cas, c’est vraiment vrai. Je vous le jure!

Preuves à l’appui : les Raptors qui se sont approchés d’une remontée historique, « KD » et Kyrie balayés au premier tour, Giannis dans une autre stratosphère, renaissance des Splash Brothers, implosion des Sixers et des Suns, la légende de Luka qui prend de l’ampleur, et ainsi de suite.

De plus, nous ne sommes qu’à la mi-parcours et l’intrigue est loin d’être résolue. Il est donc temps de se projeter sur le carré d’as puisque les finales d’association débutent ce soir, à South Beach, et le tout sera sur nos ondes dès 20 h 30.

Ils étaient quatre qui voulaient se battre, et RDS sera aux premières loges pour plusieurs des duels à venir. Voici les diverses observations et prédictions de votre humble serviteur.

Celtics de Boston c. Heat de Miami

Les deux clubs m’ont fortement impressionné au dernier tour pour toutes sortes de raisons. Même si les Sixers sont partiellement à blâmer pour leurs insuccès, il ne faudrait pas oublier de lancer quelques fleurs à Erik Spolestra et tout l’état-major du Heat pour ce qui se passe actuellement.

Leur jeu défensif collectif est intraitable et les stratégies sont variées et adaptables. Miami est dans une classe à part pour sa capacité à dénicher et développer des diamants bruts. En analysant leur effectif, on ne trouve pas de sélections issues du top-5 au repêchage. On y découvre surtout des choix de milieu de premier tour qui avaient été sous-estimés (Adebayo, Herro), des joueurs non repêchés (Strus, Vincent, Dedmon, Robinson, Martin) ou des vétérans bien ciblés ou discartés (Butler, Tucker, Oladipo). Sans oublier que les deux premiers tours ont essentiellement été franchis sans l’apport d’un certain Kyle Lowry.

Quant aux Celtics, ils jouaient pratiquement la finale avant la vraie finale en se frottant aux champions en titre menés par un Giannis intergalactique. Et lorsqu’ils perdaient 1-2 et 2-3 dans la série, bien des gens croyaient que leur fin était annoncée. Mais tel un pugiliste désespéré dans les câbles, ils ont déniché des ressources inespérées juste au bon moment. Jayson Tatum s’est hissé dans une nouvelle catégorie de joueurs vedettes. Jaylen Brown et Marcus Smart ont répondu plus que présent. Et le duo inusité Al Horford-Grant Williams en aura offert bien plus que le client attendait/espérait.

Le Heat et les Celtics se retrouvent donc face à face en séries pour la quatrième fois en 11 saisons. Deux modèles d’excellence dans l’Est. Mon instinct me dit que Boston doit être établi comme léger favori pour l’emporter. Les duels seront serrés, les tirs de trois points voleront sans cesse et les défenses seront à l’honneur. Bien qu’on doit attribuer un avantage à Miami côté entraîneur et expérience en séries (154 matchs pour Spoelstra contre seulement 11 pour Ime Udoka), les matchs se gagnent surtout sur le parquet et non sur les lignes de côté.

Deux aspects me font surtout pencher du côté des hommes en vert. D’abord, l’ambiance lors des matchs locaux. À Miami, c’est bien. À Boston, c’est mieux. Des partisans connaisseurs et brillants qui n’ont pas leur égal. De plus, qui a le plus de joueurs capables de marquer un gros panier, peu importe le contexte, quand la situation corsée l’exige? Miami n’a que Jimmy Butler. Boston a Brown et (surtout) Tatum. Ce dernier vient de relever avec brio les défis présentés par Kevin Durant et le « Greek Freak ». Le Heat ne peut lui opposer aucun joueur de cette trempe lors des deux prochaines semaines.

Mon choix : Boston en 6

Mavericks de Dallas c. Warriors de Golden State

Avouez qu’un tel affrontement en finale de l’Ouest ne figurait pas tant sur votre radar jusqu’à tout récemment. La planète basket toute entière avait pris pour acquis que les Suns retourneraient en finale, moi le premier. Quelle ne fut donc pas notre consternation collective quand Dallas leur a infligé une correction de proportion historique lors du match ultime, dimanche soir, en Arizona. Je ne m’en suis toujours pas remis. Oui, CP3, Booker et compagnie se sont effondrés. Mais cet effondrement est grandement attribuable au brio de la bande à Luka Doncic.

Que dire de plus sur le maestro slovène? Il est tout simplement exceptionnel et arrive enfin à le prouver en séries dans le contexte et la vitrine ultimes. La transaction qui a envoyé Kristaps Porzingis des Mavs aux Wizards en février dernier aura été tout simplement magistrale. Elle aura d’abord libéré Doncic du poids de devoir intégrer un morceau au casse-tête collectif qui n’avait tout simplement pas sa place. De plus, les joueurs obtenus en retour (Spencer Dinwiddie et Davis Bertans) auront tous les deux trouvé le rôle parfait au moment idéal. Depuis ce temps, Dallas a remporté 27 matchs sur 39, tout en permettant à Luka de repérer sa rampe de lancement. Aucun de ses coéquipiers actuels n’atteindra un jour le temple de la renommée du basket. Loin de là. Mais il mène la barque de main de maître et tout le crédit lui revient.

À Golden State, on peut parler d’une saison, disons, étrange. Le 8 février dernier, les Warriors affichaient un dossier de 41-13 et on ne savait toujours quoi penser de leur candidature en vue des séries. Pouvaient-ils aller loin avec un noyau fragile ou vieillissant? Plusieurs en doutaient. Et cette crainte s’est avérée fondée, comme en a fait foi leur fiche subséquente de 12 victoires et 16 défaites pour terminer la saison régulière. On ne parlait soudainement plus d’eux comme aspirant potentiel. Y a pas de mal à accumuler des gardes et des ailiers polyvalents capables de tirer de partout, mais ça ne garantit en rien l’équilibre crucial requis pour gagner en séries. Ont-ils soudainement trouvé la clé de l’énigme en venant à bout des Nuggets et des Grizzlies depuis un mois? Non. Ils se sont frottés à deux clubs démunis de ressources importantes et ils ont fait le nécessaire pour triompher. Rien de moins, rien de plus.

Alors comment se projeter avec exactitude sur le duel Dallas/Golden State qui nous attend? Les deux clubs misent sur les tirs du centre-ville et sur des formations plus petites et plus flexibles que la moyenne du circuit pour y arriver. Les Warriors ont des gardes plus performants (avec mention spéciale à Jordan Poole), mais ils n’ont personne dans le moule de Doncic.

Pour moi, ça se jouera beaucoup en défense. Dallas est passablement plus étanche que son rival en ce sens. Et c’est ce qui leur garantit d’être compétitif à tous les matchs. Preuve à l’appui : les Suns ont marqué 115 points par match cette saison. Lors des cinq derniers duels contre les Mavs? Une moyenne de 96. Chaque tir était âprement contesté. Mais pourquoi tenter de vous expliquer leur stratégie défensive quand des images valent mille mots.

Mon choix : Dallas en 6

Je favorise ainsi les deux clubs qui n’ont pas l’avantage du terrain, ce qui est risqué. Mais j’opte ici pour les formations qui auront nettement franchi les obstacles les plus significatifs lors des rondes 1 et 2.

Je vous reparle dans deux semaines pour déterminer si mes instincts étaient très bons, ou très mauvais...