Le combat de championnat entre Vasyl Lomachenko et Luke Campbell sera présenté à RDS2 et RDS Direct samedi dès 16 h.

 

Luke Campbell (20-2-0, 16 K.-O.) est peut-être un bon boxeur aux yeux des Britanniques, mais lorsqu’on jette un coup d’œil à sa feuille de route, il est difficile de le comparer à celui qui est catalogué comme le meilleur pugiliste au monde, livre pour livre.

 

Pour le site BoxRec, Campbell vient au cinquième rang des meilleurs poids légers derrière le champion Vasyl Lomachenko, Mikey Garcia, Richard Commey et Jose Pedraza.

 

Campbell n’a jamais affronté un boxeur comme Lomachenko. Le WBC l’a placé au premier rang des aspirants devant Davin Haney et Teofimo Lopez, et pourtant, il n’a jamais battu un rival de marque. Sa meilleure performance a peut-être été contre Jorge Linares, en septembre 2017.

 

Il a perdu ce duel par décision partagée. Deux juges avaient opté pour une victoire par 115-112 et 114-113 pour Linares, mais le troisième officiel, Victor Loughlin, avait donné son vote 115-113 en faveur de son compatriote. Et attention, ce même juge sera l’arbitre pour le combat de championnat samedi soir, à l’Arena 02 de Greenwich, à Londres (présenté dès 16 h sur les ondes de RDS2).

 

Loughlin doit bien connaitre Campbell puisqu’il a été impliqué dans neuf de ses 22 combats jusqu’ici. Quatre fois comme arbitre et cinq fois comme juge. Mais il n’a jamais officié dans un combat impliquant Lomachenko.

 

Heureusement, cette fois, il n’aura pas à juger la performance des deux pugilistes. Cette tâche reviendra au Québécois Benoit Roussel, Omar Mintum, du Mexique, et Jean Robert Laine, de Monaco.

 

Campbell est peut-être très populaire en Grande-Bretagne et pourtant, lors du point de presse de mercredi dernier à Londres, Loma a été applaudi plus chaudement que le petit gars de la place.

 

Dommage que Lomachenko n’ait pas suivi sa première intuition. Celle de jouer au hockey. Qui sait, peut-être, qu’aujourd’hui il pourrait  faire les délices des amateurs du Canadien. 

 

Préadolescent, il ne songeait même pas à la boxe.

 

Avant de faire ses premiers pas dans un gymnase et talocher un sac de sable, il suivait des cours de danse ukrainienne, au grand plaisir de son père.
 

Une autre exigence de son paternel, Anthony, fut de se perfectionner en gymnastique. Aujourd’hui, il récolte les fruits de son labeur. Il anticipe demeurer champion et ensuite de se dévouer entièrement à la pêche et la chasse avant l’âge de 40 ans.

 

À 31 ans, Loma commence à montrer certains signes d’usure. Au cours des derniers mois, il a dû soigner des blessures à une épaule, puis à une main. Mais il a continué à impressionner tout le monde malgré ses malaises.

 

Amoché dans ses trois derniers combats

 

Il a gagné ses trois derniers combats, mais a été amoché chaque fois. En mai 2015, Loma s’est blessé à une épaule durant son duel contre Linares. Malgré cette blessure, il est parvenu à vaincre Linares par K.-O. au 10e round, mais non sans peine. Il a même visité le tapis au sixième engagement. Une simple chute éclaire.

 

Contre Jose Pedraza, en décembre dernier, il a remporté la victoire, mais c’était la première fois qu’on voyait son visage aussi amoché. On aurait dit que c’était lui qui était le perdant.

 

Enfin, à son dernier combat, en avril dernier, le magicien d’Ukraine s’est fracturé une jointure contre Anthony Crolla, mais ceci ne l’a pas empêché de passer le K.-O. au 4e round à son rival.

 

Après 411 combats (397 chez les amateurs et 14 dans le monde professionnel).  Loma montre-t-il des signes d’usure ou de vieillissement? Assez pour donner une chance de succès à son rival de samedi, Luke Campbell, le premier aspirant à la couronne vacante du WBC?

 

J’en doute...

 

Lomachenko est déjà champion de la WBA et de la WBO. Celle de l’IBF appartient à Richard Commey.

 

Il veut toutes les couronnes

 

Le double médaillé d’or olympique veut toutes les couronnes chez les légers, et en plus, il a maintenant un œil sur celle de Gervonta Davis, chez les super-plumes.

 

Depuis sa seule défaite contre Orlando Solido, à son deuxième combat pro en mars 2014, Lomachenko a été victorieux neuf fois par K.-O. et trois fois par décision.  Toutefois, il n’est pas intouchable. En mai 2018, Linares l’a envoyé au tapis au sixième round de leur affrontement. Inutile de dire que Loma a été insulté par cette chute et il a redoublé d’ardeur par la suite pour finalement gagner par K.-O. au dixième round.

 

Campbell est de deux pouces plus grand que Lomachenko.  Il fait 5 pi 9 po contre 5 pi 7 po pour l’Ukrainien. Le Britannique est aussi un médaillé d’or olympique, mais je demeure convaincu que son talent ne se compare pas à celui de Lomachenko.

 

Au cours des dernières décennies, la boxe a connu des surdoués.  Il y a eu, entre autres, Joe Louis, Muhammad Ali, Roy Jones, Roberto Duran, Sugar Ray Leonard et aujourd’hui, Lomachenko est fait du même moule.

 

Comme un appareil de précision

 

Timoty Bradley, l’ex-champion mondial des super-légers et des mi-moyens, compare Lomachenko à un appareil de précision bien calibré.  « On dirait une vraie machine, d’expliquer Bradley, maintenant analyste pour le réseau ESPN. On appuie sur un bouton et il se met immédiatement en marche. »

 

Lomachenko est plus rapide, plus énergique, a un meilleur jeu de pied que Campbell. Il adore combattre à l’intérieur et se concentrer surtout au corps de ses adversaires.

 

Entre novembre 2016 et décembre 2017, il a obligé Nicholas Walters (26-0-1), Jason Sosa (20-1-4) Miguel Mariagga (25-2-0) et Guillermo Rigondeaux (17-0-0) à sa retirer après avoir dépensé toutes leurs énergies.

 

Lomachenko n’est pas le plus puissant des cogneurs, mais il use ses rivaux à la corde en les frappant à répétition, surtout au corps. Les meilleurs ont compris et se sont retirés avant la fin de leurs combats avant d’être blessés sérieusement. Les autres ont tout simplement été assommés.

 

Rapide et bon danseur

 

Un autre talent de Lomachenko est son jeu de pieds. Il est très rapide avec une mobilité d’exécution qui lui permet de vous frapper de tous les angles. Tantôt, il est devant vous et une fraction de seconde plus tard, il est sur  votre gauche ou bien derrière vous.

 

Si Campbell peut le tenir à distance, il a des chances de le vaincre par décision. Il a une bonne force de frappe et une plus longue portée.

 

Les deux boxeurs sont des gauchers. Lomachenko a fait  subir sa première défaite en carrière à Gary Russell, un gaucher qui trône toujours sur le titre WBC des plumes. Et pourtant, Loma n’en était qu’à son troisième combat chez les pros.

 

Deux gauchers

 

Il a fait subir le même sort à un autre gaucher qui n’avait jamais perdu avant de l’affronter. Il s’agit du Cubain Guillermo Rigondeaux. Voyant qu’il était totalement déclassé, Rigondeaux a décidé d’abandonner la lutte au sixième engagement en se retirant dans son coin.

 

Lomachenko est grand favori pour remporter le titre vacant du WBC des poids légers. Il est déjà détenteur des ceintures de la WBA et de la WBO. Il reste donc celui de l’IBF où Richard Commey est le porte-étendard.

 

On sait que Lomachenko veut tous les titres chez les légers, mais il n’a pas l’intention d’imiter Manny Pacquiao et se battre après l’âge de 40 ans. On peut donc s’attendre à ce qu’il  commence par éclipser Commey. Ensuite, il visera le titre de Gervonta Davis, chez les super plumes.

 

Jusqu’où se rendra ce phénomène? Je l’ignore, mais je sais que déjà, il a un pied dans Temple de la renommée de la boxe.

 

Deux médailles d’or olympiques, le trophée Val-Barker, décerné au meilleur pugiliste lors des Jeux olympiques, une fiche de 12-1-0, 9 K.-O. en combats de championnat contre neuf champions ou ex-champions.  Enfin, titulaire mondial dans trois catégories de poids, tout cela après seulement 12 combats en carrière professionnelle.

 

Faut le faire...

 

PRÉDICTION :  Lomachenko par K.-O. avant le 8e engagement.

 

Bonne boxe.