Que faites-vous quand vous devez affronter un rival de 6 pieds 6 pouces, qui est champion depuis des lunes et qui est favori par 14/1 pour vous défoncer le visage?

Vous partez à courir et vous allez vous cacher quelque part ou bien vous faites face à la musique et affrontez ce géant.

C’est exactement ce qu’a décidé de faire l’Américain Bryant Jennings. Il avait une chance unique devant lui et il ne l’a pas ratée. Il n’a pas gagné, mais dans la défaite, il s’est tout de même couvert de gloire. Aujourd’hui, l’ex-joueur de football peut marcher la tête haute. Il est resté debout devant le meilleur poids lourd de la planète. Mieux que cela, il n’a même pas été ébranlé une seule fois au cours du combat.

Deux types m’ont vraiment épaté au cours de ce duel chez l’Oncle Sam. Ce sont le boxeur Bryant Jennings et l’arbitre Michael Griffin, pas nécessairement dans cet ordre-là.

Je ne croyais pas que Jennings, qui n’avait que 19 combats derrière lui, aurait tenu tête à Wladimir Klitschko pendant douze rounds. Et je n’aurais jamais cru que j’admirerais autant le travail d’un arbitre comme ce fut le cas pour la performance de Michael Griffin. Et croyez-moi, vous allez le voir de plus en plus un peu partout dans le monde à travailler dans les matchs les plus importants.

Pourtant, Griffin, un gars de Montréal, n’a fait que son travail. Il a fait respecter à la lettre les règlements de la boxe, si souvent ignorés par d’autres officiels de combats.

Après une absence de sept ans

Après une absence de sept ans en sol américain, Wladimir Klitschko est toujours le triple champion de la WBA, WBO et IBF. Mais cette fois, il a été obligé de se rendre à la limite de douze rounds pour conserver ses trésors.

Bryant Jennings a beaucoup mieux fait qu’anticipé devant une foule de 17 056 personnes réunies dans le temple de la boxe, le Madison Square Garden de New York, là où Joe Louis, le recordman de tous les temps, s’est battu à douze occasions au cours de son illustre carrière qui s’est terminée justement à New York le 26 octobre 1951, assommé au huitième engagement par le monarque du temps, Rocky Marciano.

C’est vrai que Jennings a été défait par des pointages de 116-111, 116-111 et 118-109, mais en aucun temps, contrairement aux 53 autres avant lui, il n’a été en péril.

Après la rencontre, il croyait même avoir réussi pratiquement l’impossible en battant le champion.

Si le combat s’est rendu à la limite, c’est un peu grâce à l’arbitre canadien Michael Griffin qui a fait un travail de vrai pro. Griffin a géré strictement chaque moment du combat, ne laissant rien passer, surtout cette façon qu’a Klitschko d’accrocher en mettant tout son poids sur les épaules de ses rivaux, histoire de les fatiguer.

Griffin a menacé plusieurs fois le triple champion de lui enlever un point s’il continuait à accrocher son rival. Au dixième engagement, Griffin a donné suite à ses menaces en enlevant un point au champion.

Aucun coup d’assommoir

Le monarque n’a pratiquement jamais cogné le visage de son rival avec sa main droite. Max Kellerman, l’analyste de HBO, lui a même demandé pourquoi. Sa main était-elle blessée? Le champion a répondu que sa main était très bien, mais que Jennings hochait la tête tantôt à droite tantôt à gauche, si bien qu’il n’avait pas de cible à atteindre.

Dans l’ensemble, ce fut un assez bon combat. Il ne passera pas à l’histoire, mais il aura permis de connaître un peu mieux Bryant Jennings et l’arbitre Michael Griffin. Quant à Klitschko, il a prouvé qu’à 39 ans il était toujours en superbe forme physique et qu’il avait l’intention de revenir se battre en sol américain.

Il a remporté sa 64e victoire en carrière, et pour une 18e fois de suite, il défendait une de ses couronnes mondiales.

C’est bien beau d’avoir trois ceintures au tour de la taille, mais cela implique des obligations. Et c’est exactement ce qui se passe avec Klitschko. D’ailleurs, le grand patron de WBO, Francisco Valcarcel, n’a pas manqué de souligner que Klitschko avait 180 jours pour affronter son premier aspirant logique à sa couronne et il croyait que le monarque tiendrait parole.

Ce premier aspirant de la WBO n’est nul autre que le Britannique Tyson Fury, un géant de 6 pieds 9 pouces qui est toujours invaincu après 24 combats, dont 18 se sont soldés par des K.-O.

Sa dernière victime a été Christian Hammer qu’il a battu par retrait au huitième engagement.

Un ménage à trois

Il y a longtemps que Fury exige un combat contre Klitschko, mais il n’est pas le seul. Aux États-Unis, Bryant Jennings voudrait bien une revanche. Et le champion de la WBC, Deontay Wilder, est lui aussi en lice pour un affrontement contre le triple champion, à qui il ne manque que cette ceinture de la WBC pour être le maître absolu des poids lourds.

Maintenant que Jennings a prouvé qu’il pouvait tenir son bout contre le meilleur, je verrais d’un bon œil un combat entre lui et Deontay Wilder. Klitschko pourrait donc se mesurer à Fury et le gagnant reviendrait ensuite aux États-Unis pour affronter le vainqueur du duel entre Jennings et Wilder.

C’est certain que Wilder voudrait bien se mesurer à Klitshcko le plus vite possible, mais quand on connaît le champion, on sait qu’il suit pratiquement toujours la consigne de l’aspirant obligatoire. Et c’est Tyson Fury qui a le premier choix. D’ailleurs, au moment où vous lisez ces lignes, les pourparlers entre le Britannique et le champion sont déjà en cours.

Bravo à Bryant Jennings pour avoir si bien fait. Mais aussi bravo et félicitations à Michael Griffin pour son superbe travail. Peut-être n’est-il pas le seul parmi les officiels, mais il a prouvé hors de tout doute que sur le ring, c’était lui qui faisait respecter le règlement.

Enfin… un arbitre qui a du cran!

Bonne boxe.