Beaucoup d’appelés, peu d’élus. Ce n’est pas demain que le successeur du meilleur boxeur de la planète sera connu. Et je ne suis pas certain que celui qui va prendre sa relève est déjà né.

Cela fait à peine un mois que Floyd Mayweather a supposément livré son dernier combat, ou si vous aimez mieux, sa dernière farce, contre Andre Berto. Dois-je vous en dire plus?

Je me dis qu’il reviendra sur sa décision et livrera un 50e combat, histoire d’éclipser la marque de l’ex-monarque des poids lourd, Rocky Marciano. Reste à savoir contre qui il se battra si jamais il revient sur sa décision. Votre choix est aussi bon que le mien.

Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est trouver un successeur digne du titre de boxeur par excellence de toute la planète. Avant d’aller plus loin, demandons-nous ce qu’il faut pour prendre la relève de Money.

Tout d’abord, l’heureux élu doit être un boxeur hors pair, être Américain, se battre en territoire américain. Il doit être arrogant, imbu de lui-même, avoir eu maille avec la justice, avoir la langue bien pendue, adorer l’argent, les femmes, les voitures de collection, les protecteurs buccaux sertis de diamants, brûler des billets de 100 dollars, aimer le basketball, être un parieur invétéré, être un pugiliste super intelligent, choisir lui-même ses rivaux, détester les journalistes et bien d’autres choses dont je ne suis pas au courant.

Les noms de ceux qui pourraient s’élever au rang de la plus grande vedette de la boxe sur la planète que j’ai retenus sont : Gennady Golovkin, Andre Ward, Terence Crawford, Roman Gonzalez, Canelo Alvarez, Sergey Kovalev, Deontay Wilder, Wladimir Klitschko. Tous sont des aspirants logiques, mais je doute qu’un d’entre eux puisse prendre la relève de Money.

Le choix n’est pas facile. Les Américains adorent les mauvais garnements.

À la boxe, le nom de Mike Tyson est encore très populaire de nos jours. Pourtant, sa fin de carrière n’a certes pas été à la hauteur de son talent. Mais c’était un rebelle qui trouvait toujours le moyen de voir son nom écrit en grosses lettres dans les journaux et à la télévision. Et jusqu’à ce fameux soir de février 1990, au Tokyo Dome du Japon, il était reconnu comme un des plus puissants pugilistes de la planète.

Il avait tout pour lui. Un coup de poing capable d’assommer un bœuf et une vie de grande vedette. On le voyait en compagnie d’étoiles du cinéma et de la télévision et il s’était même payé le luxe de marier une de ces starlettes de la télé. Pour nous, il était le champion des champions, mais pour la justice, il n’était qu’un autre individu qu’il fallait ramener à l’ordre.

Avant de vous lancer dans le choix du meilleur boxeur livre pour livre sur cette basse terre, dites-vous que des boxeurs comme Floyd Mayweather, on ne les trouve pas à la tonne.

Prenez le cas du Prince de Galles, Joe Calzaghe. Il a été victorieux dans chacun de ses 40 combats, dont 32 se sont soldés par des mises hors de combat. Il n’a jamais choisi ses rivaux, comme ce fut le cas pour Money. Le Prince a battu des boxeurs tels Roy Jones, Bernard Hopkins et Mikkel Kessler, pour ne nommer que ceux-là.

Pas moins de 22 fois, il a été victorieux en matchs de championnat. Où est-il aujourd’hui? Bien installé dans l’Empire britannique. Quelques fois, on le voit à la télévision à Londres, mais pratiquement jamais on ne parle de ses exploits. D’ailleurs, en dépit de son imposant palmarès, il n’a jamais été considéré comme un des plus grands de la boxe. Pourquoi? Parce qu’il n’était pas Américain et était pratiquement inconnu des arènes de l’Oncle Sam. Car c’est là en terre d’Amérique que l’on couronne les champions, les grandes stars de ce monde.

Jouons donc le jeu. Trouvons le prochain boxeur par excellence livre pour livre sur la planète.

Gennady Golovkin

Gennady GolovkinIl n’est pas Américain, bien qu’il vive en permanence à Los Angeles avec sa famille depuis quelque temps.

C’est un superbe boxeur, offensif et défensif. Il a un sourire américain, mais son mauvais anglais prouve aux fils de l’Oncle Sam qu’il n’a pas été made in USA, Il mène une vie très rangée en compagnie de sa famille. Il ne joue pas au basketball, et n’a pas l’intention de se porter acquéreur d’une concession dans ce sport typiquement américain.

Sur le plan boxe, il est sans pitié pour ses rivaux qu’il veut expédier aux pays des rêves dès qu’il en a la chance.

Conclusion : Golovkin une vie trop rangée pour être considéré. Mais c’est un superbe boxeur. Il lui faudra éventuellement affronter un boxeur de grande classe pour vraiment espérer remplacer Money. Et n’oublions pas que GGG est âgé de 33 ans. Le temps presse.

Andre Ward

Il est Américain et présente une fiche totalement vierge. Il s’exprime très bien, mais toujours dans la légalité, sans jamais insulter personne. Malheureusement, il est respectueux des lois.

Son style de boxeur est peut-être celui qui ressemble le plus à Mayweather, surtout défensivement.

Tout comme Money, c’est un vrai calvaire de négocier avec lui et ses avocats. Mais au moins, il est riche, peut-être pas comme Floyd, mais disons qu’il est plein.

Conclusion : Loin des réflecteurs sur le ring, il compense par son travail à la télévision sur les ondes de HBO. Superbe boxeur, peut-être même supérieur à Money, mais trop « straight ». Pas assez arrogant. Et il ne boxe pas assez souvent, seulement trois combats au cours des quatre dernières années.

Terence Crawford

Il a la bonne nationalité. Pas aussi arrogant que Floyd Mayweather, mais il sait se faire remarquer. A déjà eu maille à partir avec la justice après avoir été atteint à la tête par une balle de revolver (juste une éraflure) à l’issue d’une partie de dés avec des amis. Il n’a que 26 ans, un peu trop jeune pour prédire s'il saura ou non imiter les exploits de Money, mais il a tous les atouts.

Un fait demeure, il s’améliore de match en match. D’ailleurs, il a gagné trois de ses quatre derniers combats par K.-O.

Conclusion : Trop tôt pour le classer parmi les plus grands. Superbe boxeur, mais pas assez arrogant. Un triomphe contre l’Ukrainien Viktor Postol le placerait parmi les trois premiers aspirants au titre de Mayweather.

Wladimir Klitschko

Si Klitschko était Américain, il serait porté aux nues et aurait des chances de prendre la relève de Mayweather. Malheureusement, c’est un type très rangé, avec une belle famille. Monétairement, il peut rivaliser avec Money car il est archimillionnaire. Il présente une fiche de 25-2 en championnat du monde et n’a pas subi la défaite depuis 2004, soit depuis 11 ans.

Conclusion : Ses meilleurs jours sont derrière lui. D’ailleurs, il n’a jamais attiré des foules impressionnantes lors de ses sorties aux États-Unis. Certes le meilleur poids lourds au monde, mais sans trop d’attraction envers les Américains. De plus, il mène une vie trop rangée.

Roman Gonzalez

Chocolatito est un superbe boxeur de 28 ans dont la fiche est impeccable. Quarante-quatre victoires, aucune défaite et trente-huit K.-O. Mais il n’est pas Américain. Il est natif de Managua, au Nicaragua. Il présente une fiche de 88 victoires contre aucun revers chez les amateurs et il a un dossier de 13-0 en matchs de championnat du monde. Mais à 5 pieds 3 pouces sur 111 livres, ce n’est pas exactement le look de l'American boy. De plus, il est gentil et souriant avec les chroniqueurs de boxe. Disons... le contraire de Floyd Mayweather.

Conclusion : Gonzalez est un boxeur extraordinaire, mais il est pratiquement inconnu aux États-Unis. De plus, les Américains ne sont pas tellement friands des boxeurs de petites statures.

Canelo Alvarez

Malgré une défaite aux poings contre Floyd Mayweather, Canelo Alvarez demeure un boxeur très populaire. Mexicain d’origine, la plupart de ses combats ont été disputés aux États-Unis.

Canelo AlvarezÀ première vue, il a l’air d’un ange, mais il a ce petit côté « méchant garnement ». Il ne se laisse pas piler sur les pieds et il lève les poings s’il le faut sur le coin de la rue.

Il sait boxer, mais n’est pas le surhomme qu’était Money. C’est vrai qu’il est riche, mais il n’est pas dans la classe de Mayweather. Il jouit d’une bonne popularité aux États-Unis, mais il parle difficilement l’anglais.

Selon Oscar De La Hoya, Canelo pourrait éventuellement effacer les exploits de Money, mais souvenez-vous, il y a quelques semaines à peine, il vantait les talents de David Lemieux et prédisait un K.-O. sur Golovkin au troisième engagement.

Certes, De La Hoya tentera de le vendre par tous les moyens à sa disposition, car Canelo est celui qui mène le peloton de l’écurie du Golden Boy.

Conclusion : Il se bat comme un Américain. Il boxe en terre américaine. Il a un sourire dévastateur comme une vedette d’Hollywood. Mais il n’est pas dans les nouvelles comme savait si bien le faire Pretty Boy Floyd.

Sergey Kovalev

Détenteur de la triple couronne chez les mi-lourds. Il cogne comme une mule, et n’a pas de cœur pour personne. Il parle à peine l’anglais et sa phrase célèbre quand il parle d’un rival est « piece of shit ». C’est du moins ce qu’il se plaît à appeler Adonis Stevenson et Jean Pascal.

Sur le plan boxe, il est pratiquement imbattable. Sur le plan popularité, c’est autre chose. Natif de la Russie, il vit maintenant aux États-Unis, à Los Angeles, mais il n’a pratiquement rien d’un Américain, surtout qu’il ne parle presque pas la langue du pays.

Lorsque confronté à la mort d’un rival, Roman Simakov, qu’il avait gravement blessé durant un combat, il a répondu à ceux qui lui demandaient ce qu’il ressentait : « Je ne peux pas me sentir concerné dans un tel cas. Je suis un boxeur professionnel. Cela fait partie des risques du métier ».

Conclusion : Jusqu’ici, Kovalev a été invaincu en 29 combats. C’est un surdoué doté d’une force de frappe qui sort de l’ordinaire, mais il ne parvient pas à amener les Américains au bord de la frénésie durant un combat. C’est un homme tranquille qui vit avec sa famille à Los Angeles. Il n’a pas le glamour nécessaire pour prendre la relève de Mayweather. Par contre, sa popularité augmente de combat en combat et HBO ne s’en plaint pas.

Deontay Wilder

Deontay WilderC’est un Américain pure laine, très populaire dans la région de Tuscaloosa, en Alabama, d’où il est natif. Il présente une fiche vierge de 34-0 (33 K.-O.), mais plusieurs de ses victoires ont été acquises contre des pieds de céleri. Une victoire sur un poids lourds de renommée pourrait changer la donne.

Il boxe bien, a la langue bien pendue et avec ses 6 pieds 7 pouces, il est facile à reconnaître dans une foule. Mais jusqu’ici, il n’a pas montré le vedettariat nécessaire pour succéder à Money.

Conclusion : Wilder n’a que 30 ans. Il est temps qu’il se mesure aux meilleurs poids lourds du monde entier. Quelques victoires et il pourrait devenir un boxeur très populaire. Mais je doute qu’il puisse devenir un second Floyd Mayweather ou un Mike Tyson.

Le remplaçant a échoué

À l’âge de 24 ans, Adrian Broner avait déjà trois ceintures de champion autour de la taille. On disait de lui à ce moment qu’il était pratiquement assuré de prendre la relève de Floyd Mayweather quand ce dernier décidera de se retirer de la compétition.

Deux ans plus tard, Broner n’est même plus parmi les aspirants logiques à la succession du meilleur boxeur au monde. À l’extérieur du ring, il en est peut-être une vulgaire copie, mais sur le tapis, il montre qu’il n’a pas le talent nécessaire, tout simplement parce qu’il n’a pas de tête.

Il est un vrai moulin à paroles. Il aime parier et chaque fois qu’il gagne, c’est la fête au village, notamment à Las Vegas. Il est bruyant, extroverti et tout comme Money, il a eu des troubles avec la justice, surtout à cause de son accoutrement lorsqu’il s’est présenté dans un casino de Las Vegas. Après s’être obstiné avec un agent de sécurité, il a été menotté et escorté hors de l’hôtel par la police locale et s’est alors comporté comme une émule de Money en criant : « On m’arrête parce que je suis riche! ».

Fort d’une carrière amateur impressionnante de 300 victoires contre seulement 19 revers, Broner a été invaincu chez les pros de 2008 à 2013.
Ses problèmes ont commencé le 14 décembre 2013 à l’Alamodome de San Antonio, au Texas.

Ce soir-là, il était favori à 5 contre 1 pour vaincre Marcos Rene Maidana. Le titre WBA des mi-moyens était à l’enjeu.

À la surprise de tous, il a connu sa première défaire en carrière.. Deux fois il a visité le tapis, aux deuxième et huitième engagements. Pour lui, c’était une nouvelle expérience. Jamais jusque-là il n’avait visité le tapis et jamais il n’avait connu l’amertume de la défaite chez les pros.

Lors de son dernier combat contre Khabib Allakhverdiev, qu’il a vaincu par décision unanime, il a refusé de faire la publicité de cet affrontement. Il a même refusé de donner ses impressions d’avant-combat aux journalistes.

Il se croit l’émule de Floyd Mayweather, mais Money n’aurait jamais fait cela. Il aurait trouvé le moyen de placer son grain de sel. Dans le fond, la question qu’il faut se poser est la suivante : celui qui va remplacer Floyd Mayweather est-il né?

Bonne boxe!